Réveil et Reforme

Blog « Réveil et Réforme » de l'Église Adventiste du Septième Jour de l'île de La Réunion

Explication en profondeur sur le Sanctuaire

9 juin 2016

LE SANCTUAIRE CÉLESTE DANS LA PROPHÉTIE

L’ONCTION DU SANCTUAIRE CÉLESTE.
La prophétie des 70 semaines de Daniel 9 mettait en évidence l’inauguration du sacerdoce du Christ dans le sanctuaire céleste. L’un des derniers événements qui prennent place au cours des 490 années fut l’onction du « Saint des Saints » (Daniel 9 : 24 ; voir le chapitre 4 de ce livre). L’expression hébraïque « qodesh qodeshim » se traduit par « Saint des Saints », c’est-à-dire « le sanctuaire ».

Si à l’occasion de son inauguration le sanctuaire terrestre était oint d’une huile sainte destinée à le consacrer à ses fonctions, on peut dire que pendant son inauguration le sanctuaire céleste était oint pour sa consécration au ministère d’intercession du Christ. Par son ascension peu après sa mort (Daniel 9 : 27), le Christ commença son ministère en qualité de grand prêtre et d’intercesseur.

LA PURIFICATION DU SANCTUAIRE CÉLESTE.
En parlant de la purification du sanctuaire céleste, l’épître aux Hébreux déclare : « Et presque tout, d’après la loi, est purifié avec du sang, et sans effusion de sang il n’y a pas de pardon. Il était donc nécessaire, puisque les images des choses qui sont dans les cieux (le sanctuaire terrestre) devaient être purifiées de cette manière (le sang des animaux), que les choses célestes elles-mêmes (le sanctuaire céleste) le fussent par des sacrifices plus excellents que ceux-là » — le sang précieux du Christ. (Hébreux 9 : 22, 23).

Des commentateurs de tendances diverses ont adopté cette lecture du texte biblique. Henri Alford remarquait que « le ciel lui-même attendait et obtint la purification grâce au sang rédempteur du Christ ». B. F. Wescott nous livre le commentaire suivant : « On peut dire que les choses célestes elles-mêmes, pour autant qu’elles concernent la vie future de l’individu, ont été touchées par la chute, ce qui a rendu nécessaire leur purification. » C’est le sang du Christ, dit-il, qui fut offert « pour la purification du modèle céleste du sanctuaire terrestre. »

De même que les péchés du peuple de Dieu étaient transférés par la foi sur l’animal sacrifié et ainsi transférés symboliquement sur le sanctuaire terrestre, ainsi sous la nouvelle alliance le pécheur repentant confesse ses péchés, ceux-ci étant transférés sur le Christ par la foi [28].

Et comme le jour du grand pardon correspondait à la purification du sanctuaire terrestre par laquelle s’effaçaient les péchés qui s’y étaient accumulés, de même le sanctuaire céleste est purifié par l’effacement final des péchés des livres célestes. Mais avant que cette œuvre puisse être menée à bien, les registres vont être examinés afin de déterminer qui peut, par la repentance et la foi en Christ, entrer dans son royaume éternel. La purification du sanctuaire céleste implique donc une procédure d’instruction ou un jugement [29] qui reflète pleinement la nature du jour des expiations en tant que jour du jugement [30]. Ce jugement, qui ratifie la décision permettant de savoir qui est sauvé et qui est perdu, doit se dérouler avant la seconde venue du Christ, car il revient alors avec sa rétribution « pour rendre à chacun selon ce qu’est son œuvre ». (Apocalypse 22 : 12). Les accusations de Satan recevront alors une réponse (cf. Apocalypse 12 : 10).

Tous ceux qui se sont sincèrement repentis et qui se sont réclamés du sacrifice rédempteur du Christ ont reçu le pardon. Quand leurs noms viennent en jugement et s’ils sont trouvés revêtus de la robe de la justice du Christ, leurs péchés sont effacés et ils sont considérés comme étant dignes de la vie éternelle (Luc 20 : 35). « Celui qui vaincra, dit Jésus, sera revêtu ainsi de vêtements blancs ; je n’effacerai pas son nom du livre de vie, et je confesserai son nom devant mon Père et devant ses anges. » (Apocalypse 3 : 5).

Le prophète Daniel révèle la nature de ce jugement investigatif. Alors qu’un pouvoir apostat, représenté par la petite corne, profère des blasphèmes et persécute le peuple de Dieu sur la terre (Daniel 7 : 8, 20, 21, 25), des trônes sont placés et Dieu ouvre la séance du jugement final. Ce jugement se déroule dans la salle du trône du sanctuaire céleste et une multitude de témoins célestes y assistent. Quand la cour a pris place, les livres sont ouverts, signalant ainsi le commencement de la procédure de l’instruction (Daniel 7 : 9, 10). C’est après ce jugement seulement que la puissance apostate est détruite (Daniel 7 : 11) [31].

L’ÉPOQUE DU JUGEMENT.
Le Christ et son Père participent à ce jugement. Avant son retour sur la terre sur les nuées des cieux, le Christ, en sa qualité de Fils de l’homme vient « vers l’Ancien des jours », Dieu le Père, et se tient devant lui (Daniel 7 : 13). Depuis son ascension, le Christ a rempli la fonction de souverain sacrificateur, d’intercesseur auprès de Dieu (Hébreux 7 : 25). Mais alors, il vient pour recevoir le royaume (Daniel 7 : 14).

1. UNE ÉCLIPSE DANS LE SACERDOCE DU CHRIST.
Daniel 8 nous parle de la controverse qui oppose le bien et le mal. Ce chapitre envisage aussi le triomphe final de Dieu. Il montre qu’entre l’inauguration du sacerdoce du Christ et la purification du sanctuaire céleste une puissance terrestre obscurcirait le ministère du Christ.

Le bélier de la vision représentait l’Empire mélo perse (Daniel 8 : 2) — les deux cornes, la plus haute survenant après l’autre, décrivant clairement ses deux phases, l’élément perse du royaume apparaissant plus tard. Comme le prédisait Daniel, ce royaume oriental étendit sa domination « à l’occident, au septentrion et au midi ». Il devint « puissant » (Daniel 8 : 4).

Le bouc venant de l’occident symbolisait la Grèce. La grande corne, son « premier roi », représentait Alexandre le Grand (Daniel 8 : 21). Venant de l’occident, Alexandre renversa rapidement la Perse. Quelques années après sa mort, son empire fut divisé en « quatre royaumes » (Daniel 8 : 8, 22) — les royaumes de Cassandre, Lysimaque, Séleucus et Ptolémée.

« À la fin de leur domination » (Daniel 8 : 23), ou en d’autres termes à la fin de l’hégémonie de l’Empire grec divisé, « une petite corne » se lèverait (Daniel 8 : 9). Certains considèrent qu’Antiochus Épiphane accomplit en partie cette prophétie. Il s’agissait d’un roi syrien qui régna sur la Palestine au deuxième siècle avant Jésus-Christ. D’autres, parmi lesquels il faut citer plusieurs réformateurs, ont reconnu dans cette petite corne Rome dans ses phases païenne et papale. Cette dernière interprétation correspond exactement aux détails que fournit Daniel, ce qui n’est pas le cas de l’autre interprétation [32]. Notons les points suivants :

a) La puissance de la petite corne s’étend depuis la chute de l’Empire grec jusqu’au « temps de la fin » (Daniel 8 : 17). Seule Rome, dans ses phases païenne et papale, est à même de remplir ces conditions chronologiques.

b) Les prophéties de Daniel 2, 7 et 8 sont parallèles (voir le diagramme prophétique, page… de ce livre). Les quatre métaux de la statue de Daniel 2 et les quatre animaux de Daniel 7 représentent les mêmes empires universels : Babylone, la Perse, la Grèce et Rome. Les pieds de fer et d’argile ainsi que les dix cornes du quatrième animal représentent les divisions de Rome ; ces États divisés devaient subsister jusqu’au retour du Christ. Il faut noter que ces deux prophéties désignent Rome comme l’empire qui succède à la Grèce et qui subsiste jusqu’au retour du Christ et jusqu’au jugement final. La petite corne de Daniel 8 s’ajuste à ce schéma ; elle succède à la Grèce et subit une destruction surnaturelle ou est « brisée sans le secours d’aucune main » (Daniel 8 : 25 ; cf. Daniel 2 : 34) [33].

c) L’Empire perse est appelé « puissant ». La Grèce est appelée un royaume « très puissant » et la petite corne passe pour être excessivement puissante (Daniel 8 : 4, 8, 9). Rome, l’un des plus grands empires terrestres, cadre parfaitement avec la description de cette corne.

d) Seule Rome étendit sa puissance vers le sud (Égypte), vers l’est (Macédoine et Asie Mineure) et vers « le plus beau des pays » (Palestine), exactement comme la prophétie l’avait annoncé (Daniel 8 : 9).

e) Rome s’est élevée contre « le chef de l’armée », « le chef des chefs » (Daniel 8 : 11, 25), qui n’est autre que Jésus-Christ. « Contre lui et son peuple, et contre son sanctuaire, la puissance de Rome déclara une guerre féroce. La description couvre les phases païenne et papale de Rome. Alors que la Rome païenne résistait au Christ et rasait le temple de Jérusalem, la Rome papale occultait le sacerdoce médiateur du Christ en faveur des pécheurs dans le sanctuaire céleste (cf. Hébreux 8 : 1, 2) en lui substituant une prêtrise qui prétend offrir le pardon à travers la médiation des hommes » [34] (voir le chapitre 12 de ce livre.) Ce pouvoir apostat connaîtrait le succès, parce qu’il « jeta la vérité par terre et réussit dans ses entreprises » (Daniel 8 : 12).

2. LE TEMPS DE LA RESTAURATION, DE LA PURIFICATION ET DU JUGEMENT.
Dieu ne permit pas que l’éclipse qui voila le sacerdoce du Christ durât indéfiniment. Au travers d’hommes et de femmes fidèles et craignant Dieu, il raviva la flamme de sa cause. La redécouverte partielle du rôle du Christ en qualité de médiateur provoqua un grand réveil au sein de la chrétienté. Cependant, bien des vérités restaient encore à découvrir au sujet du ministère céleste du Christ.

La vision de Daniel indiquait que le rôle du Christ en tant que grand prêtre prendrait une signification déterminante au « temps de la fin » (Daniel 8 : 17), quand il commencerait son œuvre de purification et de jugement en plus de l’œuvre d’intercession qu’il inaugura à son ascension (Hébreux 7 : 25) [35]. La vision précise le moment auquel le Christ inaugurerait ce ministère — l’instruction du jugement (Daniel 7) et la purification du sanctuaire. « Deux mille trois cents soirs et matins ; puis le sanctuaire sera purifié. » (Daniel 8 : 14) [36]. Parce que cette vision concerne le temps de la fin, le sanctuaire dont il est question ne peut être le sanctuaire terrestre, ce dernier ayant été détruit en l’an 70. La prophétie se réfère donc obligatoirement au sanctuaire de la nouvelle alliance situé dans le ciel — là où le Christ officie pour notre salut.

Que représentent les 2 300 jours ou « 2 300 soirs et matins », comme l’indique le texte hébreu ? [37] Selon le premier chapitre de la Genèse, « un soir et un matin » représentent un jour. Comme nous l’avons vu dans les chapitres 4 et 12 de ce livre, un temps dont parle une prophétie symbolique est également symbolique : un jour prophétique représente une année. Ainsi, de nombreux chrétiens ont cru au cours des siècles que les 2 300 jours de Daniel 8 signifiaient 2 300 années littérales [38].

A) DANIEL 9 FOURNIT LA CLEF QUI DONNE ACCÈS A DANIEL 8.
Dieu confia à l’ange Gabriel le soin de faire comprendre la vision à Daniel (Daniel 8 : 16). Mais son impact a tellement bouleversé le prophète que Daniel en tomba malade. Gabriel dut en reporter l’explication. À la fin du chapitre, Daniel déclare : « J’étais étonné de la vision, et personne n’en eut connaissance. » (Daniel 8 : 27).

À cause de cette interruption, Gabriel crut bon de reporter son explication relative à ce temps — le seul aspect de la vision qui restait encore inexpliqué. Daniel 9 décrit le retour de l’archange et son intention d’assumer le mandat qui lui a été confié. Daniel 8 et 9 est donc en étroite relation, le chapitre 9 étant la clef qui permet le décodage du mystère des 2 300 jours [39]. Quand Gabriel apparut, il dit à Daniel : « Je viens pour te l’annoncer (la parole). (…) Sois attentif à la parole et comprends la vision. » (Daniel 9 : 23). Il fait allusion à la vision des 2 300 jours. Son désir d’éclaircir les éléments chronologiques de la vision de Daniel 8 rend manifeste la raison pour laquelle il introduit son explication par la prophétie des 70 semaines.

Les 70 semaines, ou 490 années ont été « fixées » ou « décrétées » pour les Juifs et pour Jérusalem (Daniel 9 : 24). Le verbe hébreu qui sous-tend le mot est « chathak ». Bien que ce verbe ne soit utilisé qu’une seule fois dans la Bible, on peut néanmoins en percevoir le sens à partir d’autres sources hébraïques [40]. Le dictionnaire hébreu-anglais de Gésénius lui donne le sens de « couper » ou de « retrancher ». [41]

Grâce à cet arrière-plan, les commentaires de Gabriel deviennent révélateurs. Il explique à Daniel que les 490 années devaient être détachées de la période plus longue de 2 300 ans. Comme point de départ de cette période de 490 ans, Gabriel donne « le moment où la parole a annoncé que Jérusalem sera rebâtie » (Daniel 9 : 25), qui se situe en 457 avant J.-C., la septième année d’Artaxerxès (voir le chapitre 4 de ce livre) [42].

Les 490 années prennent fin en 34 de notre ère. Si nous retranchons 490 ans des 2 300 ans, il nous reste 1 810 ans. Puisque les 2 300 ans devaient s’étendre 1 810 ans après l’an 34, cela nous amène en 1844 [43].

B) VERS UNE PLUS COMPLÈTE COMPRÉHENSION DU MINISTÈRE DU CHRIST.
Pendant la première moitié du dix-neuvième siècle, de nombreux chrétiens — parmi lesquels des baptistes, des anglicans, des méthodistes, des luthériens, des congrégationalistes — s’appliquèrent avec sérieux à l’étude de la prophétie de Daniel 8 [44]. Tous ces étudiants de la Bible s’attendaient à voir se réaliser des événements marquants à la fin de cette période de 2 300 ans. Dépendant de leur interprétation du pouvoir de la petite corne et du sanctuaire, ils crurent que la purification du sanctuaire était en fait celle de l’Église et qu’à ce moment prophétique correspondait la libération de la Palestine et de Jérusalem, le retour des Juifs, la chute de l’Empire turc, la fin de la papauté, la restauration du vrai culte à Dieu, le  commencement du millénium sur la terre, le jour du jugement, la purification de la terre par le feu ou le retour du Christ [45].

Aucune de ces prédictions ne se réalisa et tous ceux qui y crurent en furent désappointés. Cependant, la gravité de leur déception était à la mesure de l’événement prédit. Il était évident que la déception de ceux qui attendaient le retour du Christ pour 1844 les perturba davantage que ceux qui espéraient le retour des Juifs en Palestine [46].

À cause de leur désappointement, beaucoup abandonnèrent l’étude de la prophétie ou se détournèrent de l’interprétation historique de la prophétie qui les avait conduits à de telles conclusions [47]. Quelques-uns, cependant, poursuivirent l’étude de cette prophétie et du sanctuaire au prix d’une intense vie de prière, sans perdre de vue la perspective du ministère du Christ en leur faveur dans le sanctuaire céleste. Une nouvelle compréhension de ce ministère vint récompenser leurs efforts. Ils découvrirent que la foi prophétique historique de l’Église primitive et celle de la Réforme n’avaient pas perdu leur sens. Leurs calculs relatifs au temps prophétique étaient pourtant exacts. Les 2 300 années avaient pris fin en 1844. Leur erreur — et celle de tous les chrétiens de cette époque — résidait dans leur perception de la nature de l’événement qui devait avoir lieu à la fin de cette période prophétique. De nouvelles lumières concernant le ministère du Christ dans le sanctuaire transformèrent leur déception en espoir et en joie [48].

Leur étude des enseignements de la Bible relatifs au sanctuaire révéla qu’en 1844 le Christ se présenta devant l’Ancien des jours et inaugura la phase finale de son sacerdoce dans le sanctuaire céleste. Ce ministère représentait  l’accomplissement de la purification du sanctuaire au jour du grand pardon que Daniel décrit comme étant l’instruction du jugement qui précède le retour du Christ.

Cette nouvelle perception du ministère céleste du Christ « ne rompt pas avec la foi chrétienne historique. Elle est, au contraire, le complément logique et l’inévitable accomplissement de cette foi. Elle est simplement la manifestation eschatologique et l’accomplissement du déroulement prophétique qui caractérisent l’Évangile éternel (…) dans l’acte final de son témoignage dans le monde. » [49]

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