Réveil et Reforme

Blog « Réveil et Réforme » de l'Église Adventiste du Septième Jour de l'île de La Réunion

Juges 19

25 février 2016

[audio:http://adventiste.re/files/audio-bible/at/07_juges/juges_19.mp3]

1 Dans ce temps où il n’y avait point de roi en Israël, un Lévite, qui séjournait à l’extrémité de la montagne d’Ephraïm, prit pour sa concubine une femme de Bethléhem de Juda.

2 Sa concubine lui fit infidélité, et elle le quitta pour aller dans la maison de son père à Bethléhem de Juda, où elle resta l’espace de quatre mois.

3 Son mari se leva et alla vers elle, pour parler à son coeur et la ramener. Il avait avec lui son serviteur et deux ânes. Elle le fit entrer dans la maison de son père; et quand le père de la jeune femme le vit, il le reçut avec joie.

4 Son beau-père, le père de la jeune femme, le retint trois jours chez lui. Ils mangèrent et burent, et ils y passèrent la nuit.

5 Le quatrième jour, ils se levèrent de bon matin, et le Lévite se disposait à partir. Mais le père de la jeune femme dit à son gendre: Prends un morceau de pain pour fortifier ton coeur; vous partirez ensuite.

6 Et ils s’assirent, et ils mangèrent et burent eux deux ensemble. Puis le père de la jeune femme dit au mari: Décide-toi donc à passer la nuit, et que ton coeur se réjouisse.

7 Le mari se levait pour s’en aller; mais, sur les instances de son beau-père, il passa encore la nuit.

8 Le cinquième jour, il se leva de bon matin pour partir. Alors le père de la jeune femme dit: Fortifie ton coeur, je te prie; et restez jusqu’au déclin du jour. Et ils mangèrent eux deux.

9 Le mari se levait pour s’en aller, avec sa concubine et son serviteur; mais son beau-père, le père de la jeune femme, lui dit: Voici, le jour baisse, il se fait tard, passez donc la nuit; voici, le jour est sur son déclin, passe ici la nuit, et que ton coeur se réjouisse; demain vous vous lèverez de bon matin pour vous mettre en route, et tu t’en iras à ta tente.

10 Le mari ne voulut point passer la nuit, il se leva et partit. Il arriva jusque devant Jebus, qui est Jérusalem, avec les deux ânes bâtés et avec sa concubine.

11 Lorsqu’ils furent près de Jebus, le jour avait beaucoup baissé. Le serviteur dit alors à son maître: Allons, dirigeons-nous vers cette ville des Jébusiens, et nous y passerons la nuit.

12 Son maître lui répondit: Nous n’entrerons pas dans une ville d’étrangers, où il n’y a point d’enfants d’Israël, nous irons jusqu’à Guibea.

13 Il dit encore à son serviteur: Allons, approchons-nous de l’un de ces lieux, Guibea ou Rama, et nous y passerons la nuit.

14 Ils continuèrent à marcher, et le soleil se coucha quand ils furent près de Guibea, qui appartient à Benjamin.

15 Ils se dirigèrent de ce côté pour aller passer la nuit à Guibea. Le Lévite entra, et il s’arrêta sur la place de la ville. Il n’y eut personne qui les reçût dans sa maison pour qu’ils y passassent la nuit.

16 Et voici, un vieillard revenait le soir de travailler aux champs; cet homme était de la montagne d’Ephraïm, il séjournait à Guibea, et les gens du lieu étaient Benjamites.

17 Il leva les yeux, et vit le voyageur sur la place de la ville. Et le vieillard lui dit: Où vas-tu, et d’où viens-tu?

18 Il lui répondit: Nous allons de Bethléhem de Juda jusqu’à l’extrémité de la montagne d’Ephraïm, d’où je suis. J’étais allé à Bethléhem de Juda, et je me rends à la maison de l’Eternel. Mais il n’y a personne qui me reçoive dans sa demeure.

19 Nous avons cependant de la paille et du fourrage pour nos ânes; nous avons aussi du pain et du vin pour moi, pour ta servante, et pour le garçon qui est avec tes serviteurs. Il ne nous manque rien.

20 Le vieillard dit: Que la paix soit avec toi! Je me charge de tous tes besoins, tu ne passeras pas la nuit sur la place.

21 Il les fit entrer dans sa maison, et il donna du fourrage aux ânes. Les voyageurs se lavèrent les pieds; puis ils mangèrent et burent.

22 Pendant qu’ils étaient à se réjouir, voici, les hommes de la ville, gens pervers, entourèrent la maison, frappèrent à la porte, et dirent au vieillard, maître de la maison: Fais sortir l’homme qui est entré chez toi, pour que nous le connaissions.

23 Le maître de la maison, se présentant à eux, leur dit: Non, mes frères, ne faites pas le mal, je vous prie; puisque cet homme est entré dans ma maison, ne commettez pas cette infamie.

24 Voici, j’ai une fille vierge, et cet homme a une concubine; je vous les amènerai dehors; vous les déshonorerez, et vous leur ferez ce qu’il vous plaira. Mais ne commettez pas sur cet homme une action aussi infâme.

25 Ces gens ne voulurent point l’écouter. Alors l’homme prit sa concubine, et la leur amena dehors. Ils la connurent, et ils abusèrent d’elle toute la nuit jusqu’au matin; puis ils la renvoyèrent au lever de l’aurore.

26 Vers le matin, cette femme alla tomber à l’entrée de la maison de l’homme chez qui était son mari, et elle resta là jusqu’au jour.

27 Et le matin, son mari se leva, ouvrit la porte de la maison, et sortit pour continuer son chemin. Mais voici, la femme, sa concubine, était étendue à l’entrée de la maison, les mains sur le seuil.

28 Il lui dit: Lève-toi, et allons-nous-en. Elle ne répondit pas. Alors le mari la mit sur un âne, et partit pour aller dans sa demeure.

29 Arrivé chez lui, il prit un couteau, saisit sa concubine, et la coupa membre par membre en douze morceaux, qu’il envoya dans tout le territoire d’Israël.

30 Tous ceux qui virent cela dirent: Jamais rien de pareil n’est arrivé et ne s’est vu depuis que les enfants d’Israël sont montés du pays d’Egypte jusqu’à ce jour; prenez la chose à coeur, consultez-vous, et parlez!

COMMENTAIRE

Ce récit constitue le plus sombre chapitre de l’histoire d’Israël pendant la période des Juges. De toutes les atrocités morales commises par les Israélites jusqu’à présent dans le livre, c’est de loin la plus effroyable. Les similitudes entre cette histoire et celle de la dépravation de Sodome (Gn 19) sont trop nombreuses pour être une coïncidence. L’auteur a délibérément formulé cette histoire pour comparer la dépravation morale d’Israël à celle des habitants de Sodome. Les paroles du Lévite résument la finalité de l’histoire : « Jamais rien de pareil n’est arrivé et ne s’est vu depuis que les enfants d’Isarël sont montés du pays d’Égypte jusqu’à ce jour. »

Il est important de noter que le narrateur ne porte aucun jugement de valeur sur les actions des personnages. Nous ne devrions pas supposer que l’hôte du Lévite a eu raison de préférer le viol hétérosexuel au viol homosexuel. Il l’a fait parce qu’il pensait faire ce qui est juste à ses propres yeux. De même, le manque d’hospitalité n’est pas le vrai problème ici, comme certains commentateurs l’ont suggéré. Les actes de violence commis par ces hommes ne découlent pas de leur caractère inhospitalier, ils proviennent de leurs cœurs méchants et dépravés. Le récit indique clairement que le crime est ici le viol et le meurtre, commis par les hommes de Guibea.

Aussi horribles que ces actes puissent être, ce qui est vraiment consternant, c’est que ce sont les enfants d’Israël qui les perpétuent. Le viol et le meurtre n’étaient pas moins courants dans l’ancien Proche-Orient qu’ils ne le sont aujourd’hui. Mais de toutes les nations, de telles atrocités ne devraient pas avoir lieu parmi le peuple élu de Dieu. Même à une époque où « il n’y avait pas de roi en Israël », ils devaient vivre selon une norme plus élevée que les nations avoisinantes. Le simple fait que le Lévite insiste pour aller dans une ville israélite au lieu d’une ville étrangère (19 : 12) souligne ce point : les Israélites étaient censés être un peuple meilleur.

La décadence morale de la société israélite était le résultat d’une vie comme s’il n’y avait pas de roi, et que Dieu n’était pas là. Nous vivons précisément dans ce genre de monde aujourd’hui. La crainte de Dieu apparaît comme une notion désuète et étrangère pour la plupart des gens dans notre société. Les disciples de Jésus, le peuple élu de Dieu, doivent être une exception, une lumière brillante dans l’obscurité. La plupart d’entre nous ne seront probablement jamais impliqués dans quoi que ce soit d’aussi horrible que les événements décrits ici (Loué soit le Seigneur !). Mais chaque fois que nous adoptons une approche intéressée au péché, nous jouons le rôle de l’hôte du Lévite. Le philosophe irlandais Edmund Burke écrivait : « tout ce qui est nécessaire pour que le mal triomphe, c’est que les hommes de bien ne fassent rien. » Si nous laissons l’opportunisme et la complaisance nous commander quand on devrait défendre le bien, nous allons manquer beaucoup d’occasions d’aider ceux qui ont été blessés par le péché.

Justo E. Morales
Southern Adventist University

 Traduction Héry DAUNÈS

Your email address will not be published. Required fields are marked *

*