Culture et religion
« Mais quand le Fils de l’homme viendra, trouvera-t-il la foi sur terre ? » (Luc 18.8)
Nous pouvons trouver la réponse à cette question de Jésus dans ce qui suit. En décembre 1976, l’écrivain judéo-américain Saul Bellow donna une conférence à l’Académie Sueca, avant d’être récompensé du Prix Nobel de Littérature. Un journaliste relate les faits comme suit : « Bellow eut une prise de bec avec le thème l’Écrivain et la Société et comme un prophète biblique il accusa : “Les écrivains actuels que nous sommes trahissent l’humanité. Dans les turbulences du XXème siècle, le romancier moderne s’est éloigné du fondamental, de l’essentiel, du durable. Durant presque un siècle, la littérature a fait usage des mêmes idées, mythes, stratégies. Essai après essai, livre après livre, elle nous offre les mêmes pensées de Baudelaire, Nietzche, Marx, Feud, qui nous représentent à peine. Ils sont comme les vieux monstres d’un musée de paléontologie. La lutte de l’écrivain devrait être de montrer ces immenses angoisses communes pour définir de façon plus complète, cohérente et clarté de ce qu’est l’être humain, qui nous sommes et à quoi sert la vie”. » (José María Carrascal, El País, 15.12.1976, p. 33)
Aujourd’hui les œuvres de beaucoup d’écrivains connus approchent des tirages qui peuvent atteindre des millions d’exemplaires. Traduits dans les principales langues modernes, on les lit aux quatre coins du monde et ils exercent une influence culturelle lente mais profonde sur la société. Beaucoup d’entre eux se déclarent athées dogmatiques ou, dans le meilleur des cas, agnostiques et indépendants ; tous ont marqué idéologiquement nos contemporains.
Être athée ne signifie pas être plus sage ou plus intelligent. Pour cela, Mario Vargas Llosa* confesse dans un article d’opinion : « La culture n’a pas pu remplacer la religion parce que, à notre époque, la culture a cessé d’être une réponse sérieuse et profonde aux grandes questions de l’être humain sur la vie, la mort, le destin et l’histoire. Bien que certains brillants intellectuels tentent de nous convaincre que l’athéisme est l’unique conséquence logique et rationnelle de la connaissance, l’être humain commun et ordinaire continue de trouver en la foi cette espérance d’une survie au-delà de la mort à laquelle il n’a jamais pu renoncer. La religion n’est pas seulement licite, mais indispensable à une société démocratique. » (El País, 28.08.2011)
La foi reste nécessaire aujourd’hui.
* Mario Vargas Llosa (1936-) est un écrivain péruvien de langue espagnole, auteur d’essais politiques et de romans. Prix Nobel de Littérature 2010.
(« Mais il y a un Dieu dans les cieux » Carlos Puyol Buil. Ed: Safeliz)