Haut-parleurs pour les fous

 « Nous n’oserions pas nous égaler ou nous comparer à quelques-uns de ceux qui se recommandent eux-mêmes. D’ailleurs, en se mesurant à leur propre mesure et en se comparant à eux-mêmes, ceux-là manquent d’intelligence. ». (2 Corinthiens 10.12)

On attribue notre titre au philosophe danois Soren Kierkegaard (1813-1855), comme une prémonition de notre époque actuelle. Une époque où le relativisme est parvenu au triomphe de la mascarade sur la vérité, un micro-monde où les super informations exaltent la superficialité, l’extravagance et le farfelu. On a transformé ce monde contemporain en une grande farce, à laquelle contribuent en définitive la presse du cœur, les programmes de télé réalité et beaucoup d’émissions télévisées. En opposition à cela, une autre phrase célèbre, attribuée à Shakespeare ! « L’herbe croît la nuit ». C’est-à-dire qu’elle croît en silence, comme toutes les choses grandes et importantes, sans que personne n’y prête attention, sans éclat ni fracas. En raison d’une publicité démesurée, nous sommes aujourd’hui condamnés à voir la réalité au travers de miroirs déformants.

Mais je ne voudrais pas m’arrêter à cette critique de l’information sur notre temps sans me référer à l’attitude équivoque de ceux qui, comme dit Jésus, aiment figurer aux premiers rangs ; ceux qui donnent l’aumône ou qui prient pour être vus et entendus ; ceux qui, comme le raconte Paul, vont à l’église en se couvrant d’éloges, se mesurant à leur propre mesure et se comparant à eux-mêmes. L’usage que nous faisons parfois des statistiques et des informations, l’afiichage ostentatoire de ressources, l’orgueil spirituel face à ceux qui sont en désaccord, la discrimination inconsciente entre pauvres et riches (Jc 2.2-3), peuvent se convertir en actes ou gestes de fierté ou de sublimation personnelle.

Discrétion, modestie, silence, simplicité, attitude réservée, « que ta main gauche ne sache pas ce que fait ta main droite », reconnaissance des autres en leur attribuant les mérites qui sont les leurs et qui font « tout en rendant grâce […] à Dieu » (1 P 4.11 ; Col 3.17) telle devrait être l’attitude de ceux qui représentent son nom. Ils disparaissent derrière l’œuvre réalisée, restent dans l’ombre, comme Jean-Baptiste : « Il faut que lui croisse, et que moi je diminue » (Jn 3.30), cherchent l’acceptation et les éloges de Dieu plus que ceux de la « galerie », parce qu’ils ne servent pas pour être vus comme ceux qui sympathisent avec les êtres humains (Ép 6.6). Ce n’est que comme cela que l’ombre omnipotente nous couvrira, nous recevrons les félicitations de Dieu et sa parole s’accomplira : « Car quiconque s’élève sera abaissé, mais celui qui s’abaisse sera élevé. » (Lc 18.14).

Que le Seigneur vous aide à être discret et prudent.

(« Mais il y a un Dieu dans les cieux » Carlos Puyol Buil. Ed: Safeliz)