Réveil et Reforme

Blog « Réveil et Réforme » de l'Église Adventiste du Septième Jour de l'île de La Réunion

Avoir faim de la Parole

19 mars 2016

De merveilleuses expériences de foi finissent par flétrir. Mais la Parole de Dieu, elle, demeure éternellement.

J’aime beaucoup lire. Depuis le jour où j’ai compris que les petits caractères noirs sur du papier blanc racontent de merveilleuses histoires, je suis devenue passionnée de tout ce qui est imprimé. Je me suis mise à lire tout ce qui me tombait sous les yeux : annonces, étiquettes de produits alimentaires, boîtes de céréales, revues, livres – même les manuels d’instructions !

À mon 7e anniversaire, j’ai reçu ma première Bible. J’aimais ce petit livre. Désormais, je ne dépendais plus d’un adulte pour découvrir si Daniel avait survécu ou non à la fosse aux lions, ou pour savoir comment David avait terrassé Goliath ! Je pouvais lire ces histoires moi-même. Ruth et Esther, Joseph et David étaient les « stars » de mon enfance. Ils faisaient tellement partie de « la famille » que si Moïse avait franchi la porte de la cuisine, je n’aurais pas sourcillé. J’aurais tout bonnement ajouté un couvert !

Plus qu’un recueil d’histoires

Plus tard, j’en suis venue à comprendre que la Bible, c’est bien plus qu’un recueil d’histoires palpitantes. Ce livre inspiré nous conseille, nous encourage et met le doigt sur ce qui cloche. Il m’a montré la route à suivre quand tout n’était que brouillard (2 Tm 3.16). Par-dessus tout, j’y ai rencontré Jésus-Christ, et lui, il m’a présenté mon Père céleste (Jn 5.39 ; 14.6,9).

À travers la Bible, Dieu nous fait part de ses plans, de sa volonté, de sa façon de travailler. Les sentiments pieux sont aussi peu sûrs qu’une couche de glace en train de fondre. De merveilleuses expériences de foi finissent par flétrir comme les roses du dernier bouquet d’anniversaire. Mais la Parole de Dieu, elle, demeure éternellement.

La Bible jette un pont sur le commencement de l’histoire humaine jusqu’à nous, postmodernes (Gn 1.27 ; 2.18 ; Mt 19.4-6 ; Ap 19.6-9). Elle nous révèle le plan du salut de Dieu, tissé à même notre vie. Les Écritures nous font découvrir les pensées de Dieu, son style, ses désirs (2 P 3.9). La lecture des histoires bibliques nous plonge dans l’époque éloignée de gens qui ont aimé, souffert, triché, qui ont éprouvé de la joie, qui se sont vengés, qui ont pardonné, et nous permet de nous familiariser avec des cultures étrangères.

À travers leurs victoires et leurs erreurs, ces personnages bibliques nous apprennent à analyser les choses et à en tirer des leçons. Nous pouvons examiner leurs buts, leurs valeurs, et peut-être les incorporer à notre vie. À coup sûr, un contact quotidien avec les Écritures nous transforme (Ps 1.1,2 ; 119.1-11).

Un miroir qui ne ment pas

Dans le miroir de la réalité biblique, nous apercevons de nombreuses idées pour ce qu’elles sont – des mensonges qui s’effritent (He 4.12). En voici quelques-unes : « Tout le monde doit m’aimer », « Je dois rendre tout le monde heureux », « Je n’ai aucune valeur », « J’ai toujours raison », « Je suis meilleur que toi ». Beaucoup parmi nous mènent une vie misérable parce qu’ils sont victimes des règles et des conventions de leurs semblables. Cependant, en découvrant dans la Bible ce qu’est vraiment la volonté de Dieu, les chaînes qui retenaient nos pensées captives tombent. Nous sommes affranchis ! Nous sommes sauvés ! « Vous connaîtrez la vérité, et la vérité vous affranchira », a dit Jésus (Jn 8.32, LSG). Parole d’honneur !

Récemment, j’ai rencontré un homme d’affaires déterminé qui s’est rendu compte, grâce à son étude de la Bible, que sa valeur ne dépendait pas de ses exploits. Voici ce qu’il a écrit : « Depuis cette découverte, je me sens tellement plus en paix. Je n’ai plus à prouver à qui que ce soit à quel point je suis bon. Je peux aussi supporter l’échec. Après tout, rien ne me garantit que tout marchera comme sur des roulettes dans ma vie. Les grands de la Bible ont eu leur part de malheurs, eux aussi. Ont-ils tout lâché sur-le-champ ? Ont-ils douté de l’amour de Dieu ? La Bible m’apprend tant de choses. Je ne sacrifierai mon temps avec elle pour rien au monde. Depuis que j’ai commencé à la lire, mon courage se renouvelle. Il m’est arrivé souvent de penser au suicide. Mais aujourd’hui, je crois que j’ai reçu une deuxième chance. La Bible est devenue si précieuse à mes yeux que je suis prêt à tout sacrifier pour elle. »

L’histoire de cet homme m’impressionne. Son expérience est-elle aussi la mienne ? Sans aucun doute, la Bible m’est aussi précieuse ; après tout, j’ai grandi avec elle, avec ses merveilleuses promesses. Mais suis-je vraiment prête à risquer ma vie pour elle, comme les Vaudois du Piémont ? Le temps que je lui consacre est-il le « fait saillant » de ma journée ? Ou ai-je à combattre le syndrome du « je sais déjà tout ça » ?

À la lecture de la Bible, une partie de mon être s’enthousiasme, comme quelqu’un qui découvre une caverne recélant un trésor… Cependant, l’autre partie veut allumer l’ordinateur dès mon réveil pour aller voir mes courriels ! Contradiction étrange, vraiment… Souvent, la matinée s’écoule à moitié avant de me rendre compte que je n’ai pas encore pris le temps d’ouvrir ma Bible et de la lire sans interruption. Je sais pourtant qu’il y a tellement plus que de murmurer une prière à demi-réveillée le matin, tellement plus que d’en marmonner rapidement une autre avant le déjeuner ! J’ai honte de l’admettre, mais parfois, je dois me faire violence pour lire ma Bible.

La Bible et moi – et vous

Suis-je suralimentée ? Ai-je absorbé beaucoup trop de théories et mis la pratique de côté ? Peut-être qu’un seul verset qui me parle vaut mieux que mille mots que je récite de mémoire avec éloquence. Mes plans rebelles créent-ils un bruit de fond qui m’empêche d’écouter vraiment la Parole de Dieu ? Voyons, qu’est-ce qui m’empêche de me concentrer ? Peut-être le souvenir coupable d’un échange plutôt dur que j’ai eu avec quelqu’un hier. Bien entendu, il y a toujours le murmure doux et léger du Saint-Esprit qui cherche à me parler à travers les pages du saint livre et qui peut s’opposer à mon ordre du jour de lecture égoïste. Par ailleurs, le souvenir douloureux d’une injustice à mon endroit peut très bien surgir et tout flanquer par terre. À moins qu’il ne s’agisse de mes craintes : que réserve l’avenir à mes enfants ? Notre Église arrivera-t-elle à régler ses tensions internes ? Comment nous débrouillerons-nous financièrement à la retraite ? Toutes ces choses sont des murs pouvant bloquer la Parole. Je lis mais n’assimile pas un traître mot. Je prie, mais mes prières, ce me semble, ne montent pas plus haut que le plafond.

Heureusement, notre Père céleste voit tout, comprend tout. Il veut nous aider à renverser ces murs. Il désire nous combler de nouveaux dons de sa Parole chaque jour. Ce n’est que lorsque nous mangerons avidement ce pain quotidien, que nous nous en nourrirons d’un cœur reconnaissant et que nous le « mastiquerons » bien que notre vide sera comblé. La Parole de Dieu ne peut atteindre le but quand on la traite comme une théorie au lieu de la laisser nous transformer de l’intérieur, quand on bourre sa mémoire au maximum, ou qu’on l’empêche de passer de la tête au cœur et aux mains. Sans doute, le sentier le plus sûr menant à la joie des Écritures passe par cette prière : « Seigneur, crée en moi une faim pour ta Parole. Enracine-la en moi. Aide-moi à mettre en pratique ce que je sais ; accorde-moi de te ressembler de plus en plus. »

Cet article a d’abord paru dans l’AdventEcho (maintenant l’Adventisten heute) en octobre 2006.

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