« Il revint, et les trouva encore endormis; car leurs yeux étaient appesantis. Il les quitta, et, s’éloignant, il pria pour la troisième fois, répétant les mêmes paroles. » Matthieu 26.43-44
S’étant levé péniblement, il vint, en chancelant, à l’endroit où il avait laissé ses compagnons. Mais il « les trouva endormis ». S’il les avait vus en prière, cherchant leur refuge en Dieu pour échapper aux influences de Satan, il eût éprouvé un soulagement; la fermeté de leur foi l’eût réconforté. Mais ils n’avaient pas tenu compte de l’avertissement réitéré: « Veillez et priez. » Tout d’abord, fort troublés en voyant leur Maître, d’habitude si calme et si digne, en proie à une douleur incompréhensible, ils avaient prié tandis que leurs oreilles étaient frappées par les cris de l’homme de douleur. Ils n’avaient pas l’intention d’abandonner leur Maître, mais ils semblaient paralysés par une sorte de torpeur qu’ils auraient pu secouer s’ils avaient continué de plaider auprès de Dieu. Ils ne comprirent pas la nécessité de veiller et de prier avec ferveur afin de pouvoir résister à la tentation. Immédiatement avant de se diriger vers le jardin, Jésus avait dit aux disciples: « Vous trouverez tous une occasion de chute. » Ils avaient assuré avec la dernière énergie, qu’ils étaient prêts à l’accompagner en prison et à la mort. Ce pauvre Pierre, toujours plein de lui-même, avait ajouté: « Quand tous trouveraient une occasion de chute, moi pas. » 3 mais les disciples se fiaient à eux-mêmes; malgré les conseils du Christ, ils ne regardaient pas vers leur puissant soutien. C’est ainsi qu’ils se trouvèrent endormis au moment où le Sauveur avait le plus grand besoin de leur tendresse et de leurs prières. Pierre lui-même dormait! {JC 690.3}
Jean, le disciple bien-aimé, qui s’était appuyé sur le sein de Jésus, dormait, lui aussi! L’amour que Jean avait pour son Maître aurait dû, pourtant, le tenir éveillé! À cette heure de douleur suprême, il aurait dû joindre ses ferventes prières à celles de son cher Sauveur. Le Rédempteur avait passé des nuits entières en prière pour que la foi de ses disciples n’eût pas à défaillir. Si Jésus avait maintenant posé cette question à Jacques et à Jean: « Pouvez-vous boire la coupe que je vais boire? » ils n’auraient pas osé répondre: « Nous le pouvons. » 4 {JC 691.1}
Les disciples se réveillèrent en entendant la voix de Jésus, mais c’est à peine s’ils purent le reconnaître, tant l’angoisse altérait son visage. S’adressant à Pierre, Jésus dit: “Simon, tu dors! Tu n’as pas été capable de veiller seulement une heure! Veillez et priez, afin de ne pas entrer en tentation; l’esprit est bien disposé, mais la chair est faible.” La faiblesse des disciples éveillait la compassion de Jésus. Il craignait qu’ils ne fussent pas capables de supporter l’épreuve de la trahison, et sa mort. Sans leur faire de reproche, il leur dit: “Veillez et priez, afin de ne pas entrer en tentation.” Même dans cette grande agonie, il cherchait une excuse à leur faiblesse. “L’esprit est bien disposé, dit-il, mais la chair est faible.” Le Fils de Dieu fut ressaisi par l’agonie et, défaillant, épuisé, il retourna, en chancelant, au point qu’il venait de quitter. Sa souffrance était encore plus intense. Son angoisse était telle que “sa sueur devint comme des grumeaux de sang, qui tombaient à terre”. Les cyprès et les palmiers étaient les témoins silencieux de son angoisse. Leur feuillage laissait tomber une épaisse rosée sur son corps exténué comme si la nature pleurait sur son Auteur, se débattant seul contre la puissance des ténèbres. {JC 691.2}