Une nouvelle créature face au divorce
Jeffrey O. Brown
« Si quelqu’un est en Christ, il est une nouvelle créature. Les choses anciennes sont passées; voici, toutes choses sont devenues nouvelles. » 2 Corinthiens 5:17
« Londres est un mauvais endroit pour avoir une femme », a déclaré un journaliste dans un article intitulé « Jusqu’à ce que Londres nous sépare » (Djan 1995:34). Déclarant qu’au moins 45 % des mariages britanniques se terminent par un divorce, chiffre le plus élevé de tous les pays de l’Union européenne, Djan affirme que cette tendance affecte inévitablement les chrétiens d’ascendance africaine en Occident. « Auparavant, on disait que le mariage c’était pour la vie. Plus maintenant. Plus les Africains qui vivent à l’étranger absorbent les idées occidentales, plus leurs mariages se brisent. De l’Allemagne à l’Amérique, l’histoire est la même. En Grande-Bretagne, la communauté africaine est pratiquement en crise alors que, dans toutes les directions, leurs mariages se brisent » (voir aussi Rucibwa 1994).
L’impact du divorce a touché la culture comme l’église, et l’église adventiste du septième jour n’en est pas sortie indemne. Tina Turner avait posé la question « Qu’est-ce que l’amour a à y voir ? » (Brady 1995), mais je pose la question: Qu’est-ce que la nouveauté a à y voir ? Il y a un texte de l’Écriture qui dit : « Si quelqu’un est en Christ, il est une nouvelle créature. Les choses anciennes sont passées ; voici, toutes choses sont devenues nouvelles » (2 Cor. 5:17). Et alors ?
À quel genre de comportement les gens peuvent-ils s’attendre lorsque des chrétiens se marient – et que se passe-t-il quand ils se séparent ? Quels idéaux de relation les chrétiens revendiquent-ils et que se passe-t-il quand ils les brisent ?
Les normes de moralité les plus élevées
Le Nouveau Testament présente les normes de moralité les plus élevées qui soient, une réalité dans laquelle le divorce n’est pas normatif. Ellen White déclare : « L’idéal offert par Dieu à ses enfants est plus élevé que la plus noble des pensées humaines. Le Dieu vivant a transcrit son caractère dans sa loi sainte. Jésus-Christ est le plus grand Éducateur que le monde ait jamais connu ; et quel est donc l’idéal qu’il offre à tous ceux qui croient en lui ? “Soyez donc parfaits, comme votre Père céleste est parfait.” Matthieu 5:48. Tout comme Dieu est parfait dans sa sphère d’action élevée, l’homme doit être parfait dans sa sphère humaine » (White 1913 : CEPE p. 292).
Jésus a présenté cette norme élevée d’éthique chrétienne dans ce qui est probablement sa déclaration la plus claire concernant le célibat, le mariage et le divorce :
LES PHARISIENS L’ABORDÈRENT, ET DIRENT, POUR L’ÉPROUVER : EST-IL PERMIS A UN HOMME DE RÉPUDIER SA FEMME POUR UN MOTIF QUELCONQUE ? IL RÉPONDIT : N’AVEZ-VOUS PAS LU QUE LE CRÉATEUR, AU COMMENCEMENT, FIT L’HOMME ET LA FEMME ET QU’IL DIT : C’EST POURQUOI L’HOMME QUITTERA SON PÈRE ET SA MÈRE, ET S’ATTACHERA A SA FEMME, ET LES DEUX DEVIENDRONT UNE SEULE CHAIR ? AINSI ILS NE SONT PLUS DEUX, MAIS ILS SONT UNE SEULE CHAIR. QUE L’HOMME DONC NE SÉPARE PAS CE QUE DIEU A JOINT. POURQUOI DONC, LUI DIRENT-ILS, MOÏSE A-T-IL PRESCRIT DE DONNER A LA FEMME UNE LETTRE DE DIVORCE ET DE LA RÉPUDIER ? IL LEUR RÉPONDIT : C’EST A CAUSE DE LA DURETÉ DE VOTRE CŒUR QUE MOÏSE VOUS A PERMIS DE RÉPUDIER VOS FEMMES ; AU COMMENCEMENT, IL N’EN ÉTAIT PAS AINSI. MAIS JE VOUS DIS QUE CELUI QUI RÉPUDIE SA FEMME, SAUF POUR INFIDÉLITÉ, ET QUI EN ÉPOUSE UNE AUTRE, COMMET UN ADULTÈRE. SES DISCIPLES LUI DIRENT : SI TELLE EST LA CONDITION DE L’HOMME A L’ÉGARD DE LA FEMME, IL N’EST PAS AVANTAGEUX DE SE MARIER. IL LEUR RÉPONDIT : TOUS NE COMPRENNENT PAS CETTE PAROLE, MAIS SEULEMENT CEUX A QUI CELA EST DONNE. CAR IL Y A DES EUNUQUES QUI LE SONT DES LE VENTRE DE LEUR MÈRE ; IL Y EN A QUI LE SONT DEVENUS PAR LES HOMMES ; ET IL Y EN A QUI SE SONT RENDUS TELS EUX-MÊMES, A CAUSE DU ROYAUME DES CIEUX. QUE CELUI QUI PEUT COMPRENDRE COMPRENNE» MATTHIEU 19:3-12)
Eggerichs (2004:42) commente : « Réalisant que le mariage exigeait de la constance et du travail, les disciples se sont plaints : “Si telle est la relation, il vaut mieux ne pas se marier” (Matt 19:10). » Cornes (1993:125) déclare : « Les disciples de Jésus ne s’attendaient vraiment pas à entendre cela. Quand ils ont laissé échapper : “Si telle est la situation entre mari et femme [pas de divorce ni de remariage], il vaut mieux ne pas se marier” (Matt 19:10), ils s’attendaient sûrement à ce que le Christ dise : Non, non. Bien sûr, il est toujours préférable de se marier. »
Au lieu de cela, il a répondu que le célibat est « donné » à beaucoup par Dieu et que c’est un état très honorable (Matt. 19:11). » Bustanoby (1978 : 143) déclare :
« CONNAISSANT LEURS RATIONALISATIONS, JÉSUS DISAIT : “OUI, JE PLACE SUR VOUS UN LOURD FARDEAU, ET TOUS N’OBÉIRONT PAS. MAIS LORSQUE VOUS DÉSOBÉISSEZ, RECONNAISSEZ QUE C’EST UN PÉCHÉ.” BEAUCOUP DE PERSONNES DIVORCÉES OBJECTERONT A CE POINT. “TU ME PLACES DANS UNE POSITION DIFFICILE”, DIRONT-ILS. “TU ME DIS QUE J’AI LE CHOIX ENTRE ME PASSER DE ME REMARIER — CHOSE QUE JE TROUVE DIFFICILE — OU DE ME REMARIER ET COMMETTRE AINSI UN PÉCHÉ.” JE RÉPONDRAI A CETTE OBJECTION QUE C’EST EXACTEMENT LA POSITION DANS LAQUELLE JÉSUS VEUT VOUS PLACER. IL NE LE FAIT PAS PARCE QU’IL N’EST PAS SYMPATHIQUE, MAIS PARCE QU’IL VEUT RENDRE A L’INSTITUTION DU MARIAGE LA DIGNITÉ QU’IL VEUT QU’ELLE AIT. SI VOUS VOUS ÊTES REMARIE A L’ENCONTRE DES DIRECTIVES DE LA BIBLE, MARCHEZ DANS LA LUMIÈRE ET RECONNAISSEZ QUE VOTRE REMARIAGE EST UN PÉCHÉ…
CONFESSEZ VOTRE PÉCHÉ DEVANT DIEU ET PERMETTEZ-LUI DE LE TRAITER COMME UN PÉCHÉ PARDONNABLE. MAIS NE LUI DEMANDEZ PAS D’ABAISSER LES NORMES BIBLIQUES DU MARIAGE PARCE QUE VOUS NE VOULEZ PAS ÊTRE QUALIFIE DE PÉCHEUR. »
La question peut être posée : s’il est certain que Dieu pardonnera, cela ne sera-t-il pas un encouragement à pécher ? Richards (1981:83) déclare : « Les chrétiens et l’Église doivent toujours vivre dans une tension. C’est la tension entre l’idéal auquel Dieu nous appelle et le tiraillement du péché qui nous entraîne vers le réel. » Pourtant, l’expérience de la grâce rend plus obéissant, pas moins. Paul dit : « Que dirons-nous donc ? Demeurerions-nous dans le péché, afin que la grâce abonde ? Loin de là ! Nous qui sommes morts au péché, comment vivrions-nous encore dans le péché ? » (Rom 6:1, 2) Stott (2001:51) commente : « Dans Romains 6, il [Paul] réfute la calomnie selon laquelle l’Évangile encourage le péché. »
Lloyd-Jones (1972:8, 9) déclare : « Il n’y a pas de meilleur test pour savoir si un homme prêche vraiment l’évangile du salut du Nouveau Testament que celui-ci : certains pourraient ne pas le comprendre et le méprendre comme voulant dire qu’étant sauvés par la grâce seule, peu importe ce que vous faites ; vous pouvez continuer à pécher autant que vous le souhaitez, car cela contribuera d’autant plus à la gloire de la grâce. C’est un très bon test de la prédication de l’évangile. Si ma prédication et ma présentation de l’évangile du salut ne l’exposent pas à cette incompréhension, alors ce n’est pas l’évangile. »
Des actes de miséricorde les plus profonds
Parallèlement aux normes les plus élevées de la moralité, nous trouvons les actes de miséricorde les plus profonds. La croix a ceci d’ingénieux que Dieu a trouvé le moyen d’apposer sur nous le sceau « coupable et pardonné » tout à la fois. Le défi de la chute était de savoir comment Dieu pouvait rester juste — déclarer le pécheur coupable — tout en pardonnant au pécheur. La mort d’un Sauveur sans péché a fourni la solution. « L’Éternel est lent à la colère et riche en bonté, il pardonne l’iniquité et la rébellion ; mais il ne tient point le coupable pour innocent, et il punit l’iniquité des pères sur les enfants jusqu’à la troisième et la quatrième génération » (Nombres 14:18). Par la croix, Dieu s’est montré « juste tout en justifiant celui qui a la foi en Jésus » (Rom 3:26).
Tyner (1996:15) déclare : « La Bible nous explique souvent les choses en utilisant un schéma littéraire appelé parallélisme contrastant, dans lequel la deuxième ligne d’un verset dit exactement l’opposé de la première ligne. » L’exemple de Tyner est Rom 6:23 : « Car le salaire du péché, c’est la mort ; mais le don gratuit de Dieu, c’est la vie éternelle en Jésus Christ notre Seigneur. » 1 Jean 2:1 est un autre exemple, démontrant que bien qu’on ne puisse transiger avec les normes, la grâce ne peut pas être exclue : « Mes petits enfants, je vous écris ces choses, afin que vous ne péchiez point. Et si quelqu’un a péché, nous avons un avocat auprès du Père, Jésus Christ le juste. »
La tâche de l’église est de déclarer inébranlablement que le divorce est mal. Le divorce est une destruction de l’unité de l’humanité et une déformation de l’image de Dieu, aux conséquences souvent dévastatrices pour les parents et les enfants. Le prophète rapporte : « Car je hais la répudiation, dit l’Éternel, le Dieu d’Israël, et celui qui couvre de violence son vêtement, dit l’Éternel des armées. Prenez donc garde en votre esprit, et ne soyez pas infidèles » (Mal 2:16). Foster (1987:13) commente : « Oui, Dieu hait le divorce, mais pas les divorcés. Il travaille dans les relations brisées pour guérir et pardonner. » L’Église doit proclamer avec le compositeur d’hymnes américain Frederick William Faber :
THERE’S A WIDENESS IN GOD’S MERCY [LA MISERICORDE DE DIEU EST IMMENSE]
LIKE THE WIDENESS OF THE SEA; [COMME L’IMMENSITÉ DE L’OCÉAN];
THERE’S A KINDNESS IN HIS JUSTICE [SA JUSTICE EST BONTÉ],
WHICH IS MORE THAN LIBERTY [PLUS PRÉCIEUSE QUE LA LIBERTÉ].
THERE IS WELCOME FOR THE SINNER [LE PÉCHEUR EST ACCUEILLI],
AND MORE GRACES FOR THE GOOD [ET LE JUSTE, COMBLE DE GRACES];
THERE IS MERCY WITH THE SAVIOR [LE SAUVEUR EST MISÉRICORDIEUX];
THERE IS HEALING IN HIS BLOOD [SON SANG APPORTE LA GUÉRISON].
FOR THE LOVE OF GOD IS BROADER [CAR L’AMOUR DE DIEU EST PLUS VASTE]
THAN THE MEASURE OF MAN’S MIND [QUE NE PEUT LE CONCEVOIR L’ESPRIT HUMAIN];
AND THE HEART OF THE ETERNAL IS [ET LE COEUR DE L’ÉTERNEL]
MOST WONDERFULLY KIND [EST MERVEILLEUSEMENT BON].
Les Écritures déclarent : « Nous étions tous errants comme des brebis » (Ésaïe 53:6).
Cependant, ce ne sont pas les brebis qui sont abattues pour s’être égarées. « Semblable à un agneau qu’on mène à la boucherie. » « Et l’Éternel a fait retomber sur lui l’iniquité de nous tous » (Ésaïe 53:7, 6). White (1970:15) commente : « Le Christ a été traité selon nos mérites afin que nous puissions être traités selon ses mérites. Il a été condamné pour nos péchés, auxquels il n’avait pas participé, afin que nous puissions être justifiés par sa justice, à laquelle nous n’avions pas participé. Il a souffert la mort qui était la nôtre, afin que nous puissions recevoir la vie qui est la sienne. “C’est par ses meurtrissures que nous avons la guérison”. » White (1969:197) déclare en outre : « Il prend plaisir à se servir de matériaux apparemment impropres à tout usage, qui ont été les instruments de Satan, pour en faire les bénéficiaires de sa grâce. »
Une différence radicale
Deux déclarations de l’Écriture jettent les bases de ce que le mariage chrétien doit être et ce qu’il ne doit pas être : « Il n’en sera pas de même au milieu de vous » (Matt 20:26) et « Comme je vous ai aimés » (Jean 13:34). Le but de ces déclarations, dans leur contexte, était qu’il devait exister une différence radicale entre les relations chrétiennes et celles du monde et que cette différence était unique au christianisme, car le sacrifice de Christ est sans comparaison. Garland et Garland (1986:36) déclarent :
« CE N’ÉTAIT CERTES RIEN DE NOUVEAU DE DIRE AUX MARIS D’AIMER LEURS FEMMES, MAIS CET AMOUR A PRIS UNE NOUVELLE DIMENSION LORSQUE LA NORME EST L’AMOUR DU CHRIST POUR SON PEUPLE… LE CHRIST A AIME PAR SON SACRIFICE ; IL ÉTAIT PRÊT A PAYER LE COUT SUPRÊME ET A CHÉRIR L’ÉGLISE BIEN-AIMÉE MÊME QUAND ELLE ÉTAIT INDIGNE DE CET AMOUR (ROM 5:8).
IL A AIME INCONDITIONNELLEMENT. IL A VÉCU LES ÉCHECS DE SON ÉGLISE BIEN-AIMÉE ET S’EST POURTANT DONNE LUI-MÊME POUR LES VAINCRE. TEL EST L’AMOUR QUE LE MARI DOIT AVOIR POUR SA FEMME, ET C’EST UNE EXIGENCE EXTRAORDINAIRE ET SANS PARALLÈLE DANS LE MONDE
ANTIQUE. »
Le chrétien a le Christ pour modèle dans le mariage et sans ce modèle, le mariage ne peut atteindre son véritable potentiel. Ellen White (1952:65) déclare : « C’est en Christ seul qu’un mariage peut être contracté dans les meilleures conditions possible… Une affection profonde, véritable et désintéressée ne s’épanouit que dans le cœur où règne le Christ. »
Le chrétien croit aux « âmes sœurs », mais il donne à ce terme un nouveau sens. Les âmes sœurs ne se trouvent pas, elles se forment ; elles ne se découvrent pas, elles se développent. White (1952:100) déclare : « De quelque soin et de quelque sagesse qu’ait été entouré un mariage, peu de couples connaissent une harmonie parfaite dès les premiers jours de leur vie à deux. L’union réelle ne se produit que dans les années qui suivent. »
Pour le chrétien, le mariage n’est pas affaire de sentiments, mais de foi. Il ne s’agit pas du cœur, mais de la tête. Il ne s’agit pas de passion, mais de principe. Il ne s’agit pas d’émotion, mais de dévotion. Il ne s’agit pas de bonheur, mais de sainteté. Il ne s’agit pas de Hollywood, mais de la Sainte Parole. Il ne s’agit pas de contentement, mais d’engagement. Powell (1974:53) déclare :
« L’ENGAGEMENT D’AMOUR, A QUELQUE NIVEAU QUE CE SOIT, DOIT ÊTRE UNE CHOSE PERMANENTE, UNE GAGEURE POUR LA VIE. SI JE DIS ÊTRE TON AMI, JE LE SERAI TOUJOURS, ET PAS TANT QUE OU JUSQU’À CE QUOI QUE CE SOIT. JE SERAI TOUJOURS LA POUR TOI. LE VÉRITABLE AMOUR N’EST PAS COMME LA POINTE RÉTRACTABLE D’UN STYLO A BILLE… JE DOIS SAVOIR QUE L’AMOUR QUE TU M’OFFRES EST UNE OFFRE PERMANENTE… JE NE PEUX ME LIVRER A UN AMOUR TEMPORAIRE, HESITANT, A UNE OFFRE ACCOMPAGNÉE DE TOUS CES PETITS CARACTÈRES ET DE TOUTES CES NOTES EN BAS DE PAGE DU CONTRAT. »
Le mariage chrétien est inconditionnel, il n’attend rien en retour et il se sacrifie. Il est construit sur des mots tels que indépendamment, cependant, et du reste. « Du reste, que chacun de vous aime sa femme comme lui-même, et que la femme respecte son mari » (Éph 5:33). Achtemeier (1976:125) déclare :
« LA FOI CHRÉTIENNE OPÈRE SOUVENT EN L’ABSENCE DE PREUVES, CE QUI PARAIT RIDICULE AU RESTE DU MONDE. ELLE SEMBLE SOUVENT CONTREDIRE LES FAITS ÉVIDENTS PAR UN TÉMÉRAIRE “CEPENDANT”. UNE TELLE TÉMÉRITÉ EST INHÉRENTE A NOTRE FOI, PARCE QUE NOUS AGISSONS EN NOUS BASANT SUR L’HYPOTHÈSE IRRATIONNELLE QUE DIEU LE FILS S’EST FAIT HOMME POUR VIVRE PARMI NOUS ET NOUS MISONS NOTRE VIE SUR RIEN D’AUTRE QUE L’HISTOIRE DE LA CRUCIFIXION DE CE FILS… NOUS NOURRISSONS LES NOTIONS APPAREMMENT RIDICULES QUE RIEN NE PEUT NOUS SÉPARER DE L’AMOUR DE DIEU, QU’IL FAIT CONCOURIR LES CIRCONSTANCES A NOTRE BIEN, MÊME LORSQUE NOUS SOUFFRONS OU SOMMES DANS LA DOULEUR… INSENSÉ ? EN EFFET, C’EST INSENSÉ, MAIS CEPENDANT, VRAI. »
La nouveauté est arrivée
Alors, qu’est-ce que la nouveauté a à y voir ? Il y a un nouvel ordre dans les relations. Le maître est maintenant le serviteur. Le plus grand est maintenant le plus petit. Le dernier est maintenant le premier. Il n’y a plus ni Juif ni païen, ni homme ni femme, ni célibataire ni marié. Les distinctions sont toujours présentes, mais leur signification est soumise à la mission de l’église.
Le choix se plie à l’appel, la préférence se soumet à la priorité et l’émotion succombe au dévouement. Il existe une tension indéniable entre notre liberté en Christ et notre dépendance à sa cause (1 Cor 7:31). Nous jugeons maintenant nos actions, prenons nos décisions et évaluons nos intentions à la lumière de la manière dont elles affectent le corps. Nous ne sommes plus à nous-mêmes ; nous avons été rachetés à un prix.
Il y a une nouvelle réciprocité dans les relations. Les enfants doivent toujours obéir à leurs parents, mais ceux-ci doivent à leur tour respecter leurs enfants (Éph 6:1). Les femmes doivent toujours se soumettre à leurs maris, mais à leur tour, les maris doivent aimer leurs femmes comme le Christ a aimé l’église (Éph 5:25). Il n’y a plus de divorce simplement pour des raisons de commodité ou de préférence. En effet, pour qu’il y ait une relation authentique, il doit y avoir une soumission mutuelle (Éph 5:21).
Il y a une nouvelle désignation pour la famille. Les relations entre frères et sœurs ne sont plus définies par la fidélité à la famille ou par les liens de parenté, mais par l’engagement envers le Christ (Matthieu 12:50 ; Jean 19:26). L’unité de la relation conjugale devient une représentation de l’unité du corps du Christ. Les concepts de la mariée et de la formation d’une seule chair dans le mariage renvoient maintenant à l’église. C’est renversant, c’est nouveau et c’est bouleversant. Paul déclare : « Ce mystère est grand ; je dis cela par rapport à Christ et à l’Église » (Éph 5:32).
Il y a une nouvelle définition de l’amour. C’est un amour qui « ayant aimé les siens qui étaient dans le monde, mit le comble à son amour pour eux » (Jean 13 : 1). C’est un amour radical qui « ne connaît aucune limite à sa persévérance, aucune fin à sa confiance, aucune diminution de son espérance ; il peut survivre à tout. C’est en fait la seule chose qui subsiste quand tout le reste s’est effondré » (1 Cor 13:4, traduit de la version Phillips). C’est un engagement à vie, sacrificiel et inconditionnel, construit sur le modèle de Jésus-Christ.
Il y a une nouvelle offensive de la grâce. Les croyants ne sont pas tenus responsables des actions passées. Dieu ne tient pas compte des temps d’ignorance, mais en Christ, nous sommes une nouvelle création. Les choses anciennes ont disparu. Toutes choses sont devenues nouvelles. Nous sommes maintenant des enfants de lumière. Nous avons crucifié la chair et abandonné les œuvres des ténèbres. Il n’y a pas de retour en arrière. Nous ne sommes pas des juifs lorsqu’il s’agit de légalisme, ni des païens lorsqu’il s’agit de libéralisme. Bien entendu, nous gardons les commandements, et nous sommes libres en Christ, certes, mais notre conduite n’est fondée ni sur un code de conduite ni sur une idée fantaisiste ; elle est plutôt en réponse à la grâce généreuse et imméritée du Christ.
Amour et discipline
Nous sommes affligés de notre fornication, de notre adultère et de notre divorce avant de rencontrer le Christ. Nous sommes doublement affligés de ces activités pratiquées depuis notre rencontre avec le Christ. Cependant, notre recours est le même. « Ainsi donc, comme vous avez reçu le Seigneur Jésus Christ, marchez en lui » (Col 2:6). Nous venons dans un profond repentir pour la honte que nous nous sommes infligée, le mal que nous avons causé à notre famille, la douleur que nous avons infligée au Christ et les reproches que nous avons fait peser sur son église. Nous ne sommes pas capricieux. Nous ne sommes pas désinvoltes. Nous ne persévérons pas dans le péché pour que la grâce puisse abonder. Nous reconnaissons trop clairement que, même si le salut est gratuit, la grâce n’a pas été bon marché. Le prix en a été la vie du Fils de Dieu. Nous sommes affligés, mais pas comme ceux qui n’ont aucun espoir. Le corps du Christ est lui aussi affligé. Lorsqu’un membre souffre, tous souffrent ensemble. Il y a du chagrin et il y a de la discipline.
Nous reconnaissons que s’il doit y avoir de l’amour, il doit y avoir de la discipline (Apoc 3:19). En effet, s’il n’y a pas de discipline, nous ne sommes plus des fils et des filles de Dieu (Héb 12 : 8). La présence de la grâce ne diminue en rien la pratique de la discipline. Au contraire, elle la définit. C’est maintenant une discipline infusée d’amour. White (1970:343) déclare : « [Jésus] ne blâmait pas la faiblesse humaine ; s’il dénonçait, sans crainte, l’hypocrisie, l’incrédulité, l’iniquité, il avait des larmes dans la voix en prononçant ses réprimandes les plus sévères. » Ainsi, « L’amour chrétien est lent à censurer, prompt à discerner les signes de la repentance, prêt à pardonner, à encourager, à remettre et à raffermir sur le chemin de la sainteté la personne qui s’égare » (White 1970:458).
Nous subissons les conséquences de nos actes, la suppression de nos privilèges et la restriction de nos libertés. Nous nous soumettons au corps, comme à Christ. Notre réconciliation avec notre conjoint peut maintenant avoir été mise en péril. Notre éligibilité à l’adhésion à l’église peut maintenant avoir été affectée. Notre liberté de nous remarier peut maintenant avoir été enlevée. Avec un cri d’angoisse, nous déclarons : « Père, si tu voulais éloigner de moi cette coupe ! » Avec un regard de foi, nous nous soumettons : « Toutefois, que ma volonté ne se fasse pas, mais la tienne » (Luc 22:42).
Nous nous engageons à atteindre des sommets sans précédent en matière de sainteté, de pureté et d’obéissance. C’est un haut niveau d’engagement. Il supplante l’ancien. C’est une meilleure alliance. Elle est construite sur de meilleures promesses (Héb 8 : 6). C’est une voie plus excellente (1 Cor 12:31).
La loi et la grâce
Ils jouaient pour une place en finale de la coupe du monde 2010 en Afrique du Sud. L’Égypte, six fois championne d’Afrique, affrontait les Minnows d’Algérie qui cherchaient à assurer leur place pour la première fois en Coupe du monde en vingt-quatre ans. Incroyablement, les phases de groupes de la compétition laissèrent la paire inséparable au sommet de leur groupe avec le même nombre de points, la même différence de buts, le même nombre de buts marqués et le même record de confrontations. Les deux équipes furent forcées de s’affronter dans un match unique d’élimination à Khartoum. Que se passe-t-il quand il y a une impasse ?
Que se passe-t-il lorsque le péché a atteint son apogée et que le salut a accompli son excellence ? En d’autres termes, que se passe-t-il en cas d’égalité ? Dans l’économie de Dieu, il n’est pas nécessaire de jouer les séries éliminatoires. La confrontation a déjà eu lieu. Il y a deux mille ans, sur une colline lointaine, se dressait une vieille croix raboteuse. La loi et la grâce se sont rencontrées face à face et le résultat a été incroyable. Au lieu de rivaliser, elles se sont embrassées. White (1973:107) déclare : « La grâce de Dieu et la loi de son royaume sont en parfaite harmonie ; elles vont de pair. » Le psalmiste est encore plus intime : « La bonté et la fidélité se rencontrent, la justice et la paix s’embrassent » (Ps 85:10). Il n’y a pas de gagnants ou de perdants ; c’est un résultat gagnant-gagnant. Tel est le résultat que nous devons chercher à imiter.
La vie et l’enseignement de Jésus ont défié toute prédictibilité. Certains se sont réjouis des normes strictes de Jésus : « Vous avez appris qu’il a été dit : Tu ne commettras point d’adultère. Mais moi, je vous dis que quiconque regarde une femme pour la convoiter a déjà commis un adultère avec elle dans son cœur » (Matt 5:27, 28). Pourtant, lorsqu’une femme fut prise en flagrant délit d’adultère, ils ne s’attendaient pas à l’entendre dire : « Je ne te condamne pas non plus : va, et ne pèche plus » (Jean 8:11). Les conservateurs voulaient la loi ; les libéraux voulaient la grâce. Jésus pratiquait les deux. Il a élevé la loi à une hauteur inégalée et il a étendu la grâce à une largeur inégalée. L’église doit agir de même. « Le pouvoir de l’agneau peut pardonner des promesses non tenues, des rêves brisés, des cœurs brisés, une erreur, une faute, une erreur de mémoire, une erreur de comportement – oui, même une affaire extraconjugale » (Brown 2001:169, 170).
Les Écritures exigent le sens le plus élevé du devoir et expriment les plus profonds sentiments de miséricorde. Elles définissent les principes d’obéissance les plus exigeants et montrent les actes de pardon les plus impressionnants. Elles prêchent le code de loi le plus strict et pratiquent la forme de grâce la plus abondante. Si vous avez travaillé toute la journée, vous recevez un salaire et si vous n’avez travaillé que la dernière heure de la journée, Jésus vous paye le même salaire (Matt 20:12). Cela ne semble ni juste ni équitable. Pas étonnant que cela dérangeait les gens.
Nelson (1998:100) dit que c’est scandaleux ; mais « aussi scandaleuse que soit sa grâce, aussi inlassable est son amour. » Spurgeon (1976:27, 28) pense que c’est incroyable : « La fiction n’aurait pu le concevoir. Dieu lui-même l’a ordonné ; ce n’est pas une chose qui puisse être imaginée. » Lucado (1986:91) dit que c’est stupéfiant : « On ne peut s’empêcher d’être quelque peu stupéfié par l’inconcevabilité de tout cela. Pourquoi Jésus se tient-il sur la colline la plus aride de la vie et m’attend-il les bras étendus et les mains percées de clous ? C’est une “grâce folle et sainte ». Un type de grâce indéfendable par la logique. Mais alors, je suppose que la grâce n’a pas à être logique. Si c’était le cas, ce ne serait pas la grâce. »
L’espoir et l’amour
Nous ne pouvons connaître toutes les circonstances d’une rupture conjugale. Ellen White (1888:296) a écrit à un homme qui envisageait de divorcer :
EN CE QUI CONCERNE LE DIVORCE, JE NE SUIS PAS PRÊTE A M’EXPRIMER… VOUS M’AVEZ DEMANDE SI JE PENSAIS, SI VOTRE FEMME VOUS QUITTAIT, QUE VOUS DEVRIEZ VOUS REMARIER…
MAIS JE NE SUIS PAS TOUT A FAIT PRÊTE A ÉMETTRE UN QUELCONQUE JUGEMENT… MON ESPRIT EST TELLEMENT OCCUPE QU’IL NE M’EST PAS POSSIBLE D’EXAMINER CETTE QUESTION ÉPINEUSE DU MARIAGE ET DES DIVORCES [SIC]. J’AIMERAIS POUVOIR VOUS AIDER, MAIS JE CRAINS QUE CELA NE SOIT PAS POSSIBLE.
Que j’aie ou pas toute la connaissance, le plus important est que j’ai l’amour (1 Cor 13:2). Sahlin et Sahlin (1997:142) déclarent : « Pour être un témoin fidèle de la miséricorde et de la justice de Dieu, il n’est pas nécessaire d’avoir une réponse définitive ni parfaite aux questions de théologie ou d’éthique sociale. » Il est cependant nécessaire que nous « devenions une communauté de guérison et d’espoir pour ceux qui font face au déchirement de leur mariage. » Même si nous agonisons de culpabilité, nous ne nous excusons pas pour la grâce. Elle gouverne nos motivations, propulse nos actions et crée des communautés d’acceptation en dépit de circonstances incertaines.
Que l’on emprunte la voie du célibat ou celle du mariage, Dieu nous appelle à avoir un esprit résolu et déterminé, à être des disciples fervents et à nous engager sans réserve. Que nous soyons célibataires ou mariés, notre message est un message de normes les plus strictes et de grâce la plus abondante ; de sainteté la plus élevée et de pardon le plus important ; de pureté parfaite et miséricorde merveilleuse. C’est radical ; c’est prodigieux ; et c’est nouveau.