Devenir comme des enfants
MARC 10:13-16; (MATTHIEU 18:1-6, 19:13-15 ; LUC 18:15-17)
I. Introduction
Quelques années avant de déménager dans la région de Washington, DC pour travailler pour la Division nord-américaine, nous vivions à South Lancaster, dans le Massachusetts, et travaillions à Atlantic Union College et à la Fédération d’Atlantic Union. Pendant notre séjour dans le Massachusetts, la fille de notre cousin recevait son diplôme d’Oakwood Academy, établissement situé à Huntsville, en Alabama. Notre famille de quatre personnes a donc fait le voyage en voiture pour participer aux festivités. Après plusieurs heures de route, nous sommes arrivés à Huntsville le vendredi après-midi, environ deux heures avant le coucher du soleil.
Moi, Elaine, je devais descendre au centre commercial, alors moi, Willie, je me dirigeai avec les enfants vers la station de lavage auto afin que la voiture soit propre pour le sabbat.
Arrivés à la station de lavage, nous découvrons qu’il faut descendre de voiture pour la laisser passer par le cycle de lavage automatique. On peut la regarder pendant qu’elle traverse le système. Une fois la voiture arrivée de l’autre côté du lavoir, Jessica, Julian et moi (Willie) remontons en voiture pour passer récupérer Elaine au centre commercial, nous rendre à l’hôtel et nous préparer pour le sabbat. Je tourne donc la clé dans le contact, mais le moteur ne réagit absolument pas. J’essaie deux fois de plus avec le même résultat, avant que le silence ne soit rompu par la voix de Jessica sur le siège arrière de la voiture.
« Papa, dit-elle, la voiture ne démarre pas. » « C’est exact, Jessica », lui dis-je. Cinq secondes s ’écoulent et la voix de Jessica rompt à nouveau le silence. « Papa, pouvons-nous prier ? »
Demande-t-elle. « Oui, Jessica ». Puis je lui demande : « Voudrais-tu prier, Jessica ? » « D’ac, » répond-elle, et la voilà qui prononce directement la prière : « Cher Jésus, s’il te plaît, aide papa à démarrer la voiture pour que nous puissions récupérer maman au centre commercial, comme cela, elle n’aura pas peur. Amen. » La prière terminée, je tourne la clé de contact et la Volvo vrombit.
Nous avons intitulé les quelques pensées que nous allons partager avec vous : Devenir comme des enfants. Prions.
II. Le texte : Marc 10:13 à 16
ON LUI AMENA DES PETITS ENFANTS, AFIN QU’IL LES TOUCHÂT. MAIS LES DISCIPLES REPRIRENT CEUX QUI LES AMENAIENT. JÉSUS, VOYANT CELA, FUT INDIGNE, ET LEUR DIT : LAISSEZ VENIR A MOI LES PETITS ENFANTS, ET NE LES EN EMPÊCHEZ PAS ; CAR LE ROYAUME DE DIEU EST POUR CEUX QUI LEUR RESSEMBLENT. JE VOUS LE DIS EN VÉRITÉ, QUICONQUE NE RECEVRA PAS LE ROYAUME DE DIEU COMME UN PETIT ENFANT N’Y ENTRERA POINT. PUIS IL LES PRIT DANS SES BRAS, ET LES BENIT, EN LEUR IMPOSANT LES MAINS.
Le contexte de ce récit montre Jésus en route pour Jérusalem pour la fête de la Pâque, mais aussi pour le Calvaire et pour mourir sur la Croix pour vos péchés et les nôtres.
L’Évangile de Marc est le deuxième des trois évangiles synoptiques, Matthieu, Marc, et Luc, qui se trouvent au début du Nouveau Testament. Les spécialistes croient que, des quatre évangiles, c’est le livre de Marc qui a été écrit le premier — une des raisons pour lesquelles nous avons un penchant pour prêcher à partir de ce livre. Bien entendu, le terme « synoptique » vient du mot grec qui signifie « voir ensemble », ce qui est caractéristique des récits et comptes rendus similaires qui peuplent ces trois évangiles. Bien que le livre de Marc soit le plus court des trois, il est également plus truffé d’action que les autres évangiles. En fait, une grande partie des éléments du livre de Marc suggère que cet évangile a été écrit pour un public non-juif, car Marc a tendance à expliquer les coutumes juives (15:42) et à prendre soin, en utilisant des mots et des phrases en araméen — la langue utilisée par les juifs de Palestine au cours du premier siècle de notre ère — de les traduire en grec (3:17 ; 5:41 ; 7:11, 34 ; 15:22).
Entre autres choses, l’Évangile de Marc a été qualifié d’histoire de la Passion, car une grandepartie de ses récits traitent de la réalité des souffrances et de la mort de Jésus. Et le dernier tiers du livre est consacré à la dernière semaine du séjour de Jésus sur terre. C’est dans ce contexte que se développe notre message d’aujourd’hui : Jésus revient de sa mission en Pérée — sur la rive orientale du Jourdain, qui se trouverait aujourd’hui dans le pays de Jordanie — près du mont Nebo, d’où Moïse s’est tourné vers l’ouest pour regarder la terre promise avant de mourir ; près de l’endroit où Élisée a vu Élie monter dans un char de feu, non loin de l’endroit où Jésus a été baptisé dans le Jourdain et à proximité du pays de Moab, patrie de Ruth, la belle-fille de Naomi.1
Dans Marc 10, Jésus utilise une méthode inhabituelle pour annoncer la bonne nouvelle du salut.
Plutôt que d’employer des symboles, des miracles, des types, des paraboles ou des proverbes, Jésus se sert de paradoxes pour clarifier parfaitement son propos. Un paradoxe est une déclaration qui semble se contredire tout en énonçant une vérité ou un principe authentique. Par exemple, « Quand je suis faible, c’est alors je suis fort » (2 Corinthiens 12:10).
De même, lorsque l’apôtre Paul se décrit comme « attristé, et toujours joyeux » (2 Corinthiens 6:8-10), il emploie à nouveau un paradoxe pour faire valoir un argument plus convaincant.
Plutôt que de prêcher un long sermon, Jésus a donné cinq enseignements importants en faisant cinq déclarations paradoxales. 1. Deux seront un (Marc 10:1-12) ; 2. Les adultes seront comme des enfants (Marc 10:13-16) ; 3. Les premiers seront les derniers (Marc 10:17-31) ; 4. Les serviteurs dirigeront (Marc 10:32-45) ; et 5. Les pauvres seront riches (Marc 10:46-52).2
III. Explication et application
Aujourd’hui, nous allons mettre en lumière le deuxième paradoxe utilisé par Jésus dans Marc, chapitre 10, les versets 13 à 16. D’où notre sujet : Devenir comme des enfants.
Ici, Jésus attire l’attention sur les enfants qui lui ont été amenés par les foules mentionnées dans Marc 10:1, où il est dit : « Jésus, étant parti de là, se rendit dans le territoire de la Judée au-delà du Jourdain (Pérée). La foule s’assembla de nouveau près de lui, et selon sa coutume, il se mit encore à l’enseigner. »
Pendant que Jésus est en train d’enseigner, après avoir parlé des bénédictions reçues lorsque « deux seront un » et avoir répondu à l’intérêt que les pharisiens portaient à l’énigme du divorce et du remariage, des enfants lui sont amenés afin qu’il puisse les toucher.
Warren Wiersbe, un érudit biblique reconnu, suggère que le mot enfants dans ce passage pourrait faire référence à n’importe quel âge entre le bas âge et l’âge de 12 ans, bien que l’intérêt principal de ce récit n’est pas tant les enfants que le genre de personnes qui est le plus susceptible d’accéder au ciel. Il convient également de noter la tendresse de Jésus envers ceux qui, venant le voir, en amènent d’autres avec eux, et la vérité que si vous venez à Jésus, il est toujours disposé à vous consacrer du temps. C’est une histoire déclarative, et sa légitimité est attestée par le fait que l’enseignement et le comportement de Jésus étaient très différents de la plupart des philosophies et pratiques de son temps. En fait, cette histoire ne peut être pleinement comprise sans une prise de conscience de la position humble et du statut social qu’occupaient les enfants dans la société antique, en particulier dans les communautés païennes comme celles de la rive orientale du Jourdain où Jésus raconte cette histoire. Dans les évangiles, les enfants illustrent souvent une personne sans défense, mais dans ce passage, ils représentent les caractéristiques d’humilité et de confiance que les disciples de Jésus devraient avoir.3
En se référant au traitement réservé par les disciples aux personnes qui amenaient des enfants à Jésus, les commentateurs suggèrent qu’ils étaient probablement fatigués, tendus et stressés à l’idée d’aller à Jérusalem et qu’ils cherchaient simplement à protéger le temps de Jésus.4
Alors que le mot enfants aux versets 13, 14 et 16 indique des enfants réels qui étaient amenés à Jésus, le même mot au verset 14 et la locution « petit enfant » au verset 15 représentent de vrais enfants ou des adultes qui possèdent des traits et des qualités enfantins, tels que l’innocence, l’humilité, le désintéressement, l’accessibilité et la véracité. Même s’il est vrai que tous les enfants ne possèdent pas ces caractéristiques, les principaux aspects de la comparaison peuvent être l’absence d’importance, la vulnérabilité, la dépendance et l’impuissance communes aux enfants dans la société antique et à ceux qui entreront dans le royaume de Dieu.
Par conséquent, l’application centrale du passage ne concerne pas simplement la manière dont on vient à Jésus, mais touche au fait même de s’approcher de Jésus, la raison de notre foi.5
Devenir comme des enfants est aussi une comparaison. Une comparaison est « une figure de style comprenant la comparaison d’une chose avec une autre de nature différente, utilisée pour rendre une description plus emphatique ou plus vivante (par exemple, brave comme un lion, rusé comme un renard). »6 Devenir comme un enfant ne signifie pas que les adultes doivent maintenant devenir des enfants, mais devenir comme des enfants en ayant certaines caractéristiques de piété — humilité, accessibilité, confiance, vulnérabilité, pardon, etc. — qui constituent l’unique moyen de voir Dieu et de développer le type de relations qui lui donneront honneur et gloire. Ces qualités caractéristiques des enfants renforcent notre statut de disciple lorsque nous les possédons.
La pédagogie ou la méthode d’enseignement la plus poignante et déterminante de ce deuxième paradoxe dans Marc 10 est la façon dont Jésus a personnellement donné l’exemple et confirmé sa philosophie. Le verset 16 met en scène la preuve factuelle en énonçant les actions de Jésus de la manière suivante : « Puis il les prit dans ses bras, et les bénit, en leur imposant les mains », une représentation visuelle du fait que Jésus pratiquait ce qu’il prêchait. En prenant les enfants dans ses bras, Jésus a démontré que tous ceux qui viennent à lui recevront sa bénédiction, car dans son amour et sa grâce, personne n’est exclu.7 Jésus accueille ouvertement les nouveaux disciples toutes les fois qu’ils le recherchent.
Par conséquent, dans votre relation avec votre mari ou votre femme ; ex-mari ou ex-femme ; parents ou enfants ; autres parents, voisins, collègues de travail ou amis, comment devenez-vous comme de petits enfants ? Êtes-vous humble et confiant ? Êtes-vous accessible et désintéressé ? Devenez-vous comme de petits enfants dans vos relations ?
En dépit du fait que, dans le cadre de notre travail, nous enseignons des techniques pour maximiser les relations, nous sommes parfois loin d’être comme de petits enfants. Alors que nous avons écrit au sujet de la mauvaise habitude qu’ont souvent les humains dans leurs relations — en particulier les relations proches comme avec les conjoints ou les enfants — de corriger le conjoint ou l’enfant lorsque celui-ci raconte une histoire, moi (Willie), je fais souvent de même avec Elaine quand elle raconte une histoire et que je pense que ses faits ne sont pas tout à fait exacts. La plupart du temps, les détails qui me préoccupent dans les récits d’Elaine ne sont pas si importants que cela. Cependant, quand je l’interromps au milieu de son discours, elle ne se sent pas appréciée ni écoutée. Cela lui enlève plutôt l’envie de raconter des histoires quand je suis présent, parce que c’est désagréable et handicapant lorsqu’elle se fait constamment corriger. Dans ce cas, être comme de petits enfants signifie que je dois m’efforcer d’être patient, aimable et encourageant, plutôt que de dire ce que je pense quand c’est totalement inutile. En vérité, ce sont ces vertus des petits enfants qui renforceront les relations et, plus fondamentalement, notre condition de disciples.
IV. Conclusion
À quel point avez-vous besoin d’être comme de petits enfants aujourd’hui ? Manquez-vous de patience ? Manquez-vous d’humilité et de capacité à pardonner facilement ? Gardez-vous rancune et ressentiment ? À quel point avez-vous besoin d’être comme de petits enfants aujourd’hui ?
Êtes-vous prêt à concrétiser votre engagement à grandir en Jésus et à être fortifié en tant que disciple, oubliant ce qui est en arrière et allant de l’avant en répondant à la vocation céleste de Dieu en Christ Jésus ? (Philippiens 3:14)
Qui a besoin de devenir comme un petit enfant aujourd’hui, de manière à apporter le rire, la joie et la paix à toutes vos relations, y compris votre relation avec Jésus ?
Illustration : le compte bancaire émotionnel.
Beaucoup d’entre vous ont peut-être entendu parler du concept de compte bancaire émotionnel.
Il fonctionne comme un compte bancaire classique. Plus vous faites de dépôts émotionnels (patience, gentillesse, humilité, pardon) sur le compte bancaire émotionnel des personnes avec lesquelles vous êtes en relation, et en particulier de vos relations les plus proches, plus vous aurez de fonds (bonheur, joie, paix, bons sentiments) dans ces relations. L’inverse est également vrai ; plus vous ferez de retraits émotionnels (impatience, disputes, critique, arrogance, contradiction), moins la relation sera riche et durable.
Notre mariage n’est pas parfait, mais nous faisons confiance à Dieu qu’il nous donne patience et gentillesse chaque jour afin de nous traiter les uns les autres de manière à lui rendre honneur et gloire. Chaque jour, nous devons demander à Dieu de nous guérir de notre âge adulte relationnel et de nous aider à devenir comme de petits enfants, afin de développer le type de relation conjugale qui apporte quotidiennement joie et contentement à notre foyer. Ce faisant, nous deviendrons des disciples de Jésus plus forts et plus semblables à lui.
1 Corinthiens 13:4 déclare : « L’amour est patient, l’amour est bon » (NBS). Ellen White déclare dans Le Foyer chrétien : « Parents, ne vous exprimez jamais d’une manière irréfléchie. Si vos enfants commettent des fautes, reprenez-les, mais avec douceur et tendresse. Chaque fois que vous criez, vous perdez une occasion précieuse de leur donner une leçon d’indulgence et de patience » (p. 425). 8
Ellen White poursuit dans son conseil aux personnes mariées dans Le Foyer chrétien : « Ni le mari ni la femme ne doit chercher à dominer. Le Seigneur a posé les principes destinés à nous guider à cet égard. Le mari doit aimer sa femme comme le Christ a aimé l’Église, et il faut que la femme respecte et aime son mari (Éphésiens 5:25). Tous deux cultiveront un esprit de bonté, étant bien déterminés à ne jamais se faire de la peine ou du tort l’un à l’autre » (p. 101) .9
Jean le disciple bien-aimé a écrit dans 1 Jean 1:7 : « Mais si nous marchons dans la lumière, comme il est lui-même dans la lumière, nous sommes mutuellement en communion, et le sang de Jésus son Fils nous purifie de tout péché. »
Rappelez-vous donc les paroles de Jésus dans Marc 10:15, lorsqu’il proclama : « Je vous le dis en vérité, quiconque ne recevra pas le royaume de Dieu comme un petit enfant n’y entrera point. »
L’expérience de ce vendredi après-midi à la station de lavage de Huntsville, en Alabama, m’a montré que je pourrais, en tant que pasteur consacré, faire face aux défis de la vie en étant allégé et soulagé si j’abordais mes problèmes comme une petite fille de six ans assise à l’arrière de la voiture de son papa. La simple foi et la confiance d’un enfant peuvent redresser la situation, même face aux revers, aux problèmes et aux inconvénients des adultes.
Nous espérons que vous prendrez la décision de demander à Jésus de vous aider à devenir comme des petits enfants aujourd’hui, en étant en mesure de développer chaque jour des relations sincères et authentiques qui honorent Dieu, le glorifient et démontrent que vous devenez tous les jours des disciples plus affermis.
Que Dieu vous bénisse à cette fin, c’est notre prière.
Notes:
1 Bible d’étude Andrews, 2010.
2 Wiersbe, Warren W. 1989. The Bible Exposition Commentary [commentaire biblique].
3 Ibid.
4 Holman New Testament Commentary: Mark [commentaire du Nouveau Testament : Marc], 2000.
5 Wiersbe, Warren W. 1989. The Bible Exposition Commentary [commentaire biblique].
6 Dictionnaire Google.
7 Holman New Testament Commentary: Mark [commentaire du Nouveau Testament : Marc], 2000.
8 White, Ellen G. 1952. Le Foyer chrétien, p. 425
9 Ibid, p. 106