Réveil et Reforme

Blog « Réveil et Réforme » de l'Église Adventiste du Septième Jour de l'île de La Réunion

Les choses profondément cachée mais visibles

3 novembre 2013

Albert Einstein avait cinq ans quand il vit une boussole pour la première fois. L’aiguille le fascinait. Chaque fois qu’il tournait, secouait et essayait de diriger brusquement le vieil objet dans une nouvelle direction pour le désorienter, l’aiguille de la boussole retrouvait toujours sa direction initiale : vers le nord magnétique. C’est un miracle, pensait-il.

Einstein aimait raconter l’histoire de ce moment où, pour la première fois, il pressentit qu’il existait derrière les choses apparentes « quelque chose de profondément caché ». Ce garçon curieux continua alors à étudier ces forces cachées et devint le grand physicien qui prouva ce qui défiait toute explication et ce qui permit d’identifier ce que personne ne voyait : le lien mystérieux entre l’énergie et la matière, l’invisible qui détermine le visible.

Un miracle pour Paul

Le miracle de Paul était sa vie avec Jésus. L’invisible était à l’œuvre dans les profondeurs de son cœur, là où germaient ses pensées, s’édifiaient ses valeurs et où naissaient ses décisions. L’invisible agissait dans sa vie intérieure pour modeler un caractère que tous voyaient comme étant le produit de la grâce merveilleuse de Dieu. Comment cela était-il possible ? L’explication de Paul est simple et basique : « L’amour du Christ nous presse » (2 Co 5.14, NBS). Le terme traduit par presser signifie « entourer, encercler, contrôler, pousser, contraindre ». Paul suggère que nous sommes tenus, pris par l’amour du Christ, mais que cette contrainte est loin d’être statique. Elle est puissante et dynamique.

Rafting

Imaginez un rafting dans des rapides tumultueux. Un puissant courant, blanc d’écume, vous propulse entre deux falaises abruptes. Il est impossible de nager à contre-courant, ni de s’accrocher aux falaises pour y grimper. Vous êtes entrainé dans une direction bien définie, sans possibilité de vous arrêter, de faire demi-tour, ou de sortir. Vous êtes comme dans des montagnes Russes, effrayés, mais plus grisés encore.

Imaginez l’amour du Christ vous entourer tel les murs de rochers de part et d’autre de la rivière. Il est impossible de se laisser distraire à droite, ou à gauche. Imaginez son amour vous poussant en avant comme un puissant courant d’eau dans un canal étroit : vous ne pouvez pas rester immobile. C’est l’amour qui dirige votre vie, tout ce que vous êtes et avez. C’est l’amour qui fixe radicalement les priorités de votre vie, vous propulsant dans une direction morale unique. Vous avez un seul objectif, une seule passion, un seul point de repère, une seule source de pensée et d’action : Jésus Christ ! C’est une passion que les autres peuvent voir distinctement grâce à ce que vous êtes devenu : Jésus qui vit à l’intérieur de vous se voit de l’extérieur (2 Co 5.15,17 ; cf. Ph 2.21 ; 3.7-14).

Paul ne se concentrait que sur une chose, au point de ne plus rien voir d’autre : l’amour du Christ. « Car pour moi, Christ est ma vie », déclare-t-il aux croyants de Philippes (Ph 1.21). Jésus était son nord magnétique réorientant invariablement sa boussole morale et spirituelle à chaque tournant.

Insensés pour Jésus

Avez-vous déjà suivi, un bâton à la main, un Labrador au bord de l’eau ? Alors qu’ensemble, vous vous approchez de la rive, il commence à sautiller et à haleter. Si avec le bâton vous décrivez des cercles au-dessus de votre tête, le chien tournera autour de vous en sautant et jappant. Il devient comme fou, concentré, à l’affut, prêt à s’élancer en avant. On n’a pas besoin d’enseigner à un Labrador à aller chercher un bâton. C’est dans son sang. Il n’a qu’une envie : courir. Dès que vous lancez le bâton, avant même de le voir dans les airs, l’animal s’élance.

« S’il est vrai que nous sommes insensés, c’est pour Dieu que nous le sommes », dit Paul (2 Co 5.13, BFC). En d’autres termes, nous nous consumons d’amour, enthousiastes, obnubilés, insensés : pour le Christ. Comme l’instinct irrésistible du Labrador, nous sommes entraînés par une vision et une passion irrépressibles.

Si nous considérons Paul, nous sommes forcés de constater qu’il existe une force puissante derrière ce que nous voyons comme le dur labeur, l’emprisonnement, les coups, les châtiments et lapidations, les interminables kilomètres sur les routes poussiéreuses et les mers déchaînées, la fatigue, la souffrance et les nuits sans sommeil, la faim, le froid, les dangers, un jour et une nuit passés en mer, agrippé à un morceau d’épave. Nous ne voyons que ses choix moraux et spirituels, sa vie et son style de vie, sa foi et sa fidélité (2 Co 6.3-10 ; 11.22-33 ; cf. Ph 3.7-10).

Ces images de sa vie constituent la toile de fond sur laquelle Paul affirme que l’amour du Christ le presse à ne plus vivre pour lui-même, mais pour le message de l’Évangile, la priorité de l’œuvre de Dieu en faveur des perdus, le peuple de Dieu, l’honneur de Dieu. Pour Paul, tout cela passe avant tout le reste et surtout sa propre personne : Je ferais n’importe quoi pour Jésus. Gratuitement. Sans aucune restriction, ni limite. Aucune condition. À n’importe quel prix.

Un amour pour lequel il vaut la peine de mourir

Comment l’amour de Christ envahit-il la vie privée d’une personne, ses pensées, ses sentiments, ses valeurs et sa volonté ? Comment prend-il le contrôle aussi puissamment, au point d’influencer les profondeurs de l’être et de transformer sa façon de vivre ?

Pour Paul, cette orientation intérieure est directement liée au fait que notre cœur embrasse la réalité invisible de la mort de Christ : « Un seul est mort pour tous, donc tous sont morts. Il est mort pour tous, afin que les vivants ne vivent plus pour eux-mêmes, mais pour celui qui est mort et ressuscité pour eux » (2 Co 5.14,15).

Paul fait référence à la mort du Christ à notre place et l’applique à ce qu’elle signifie pour notre vie : parce que Christ est mort, nous mourons ! Nous mourons à notre vie égoïste et égocentrique, aux passions et convoitises qui nous absorbent, aux valeurs du monde, à notre zone de confort et à notre routine quotidienne.

L’amour du Christ devient littéralement « un amour pour lequel il vaut la peine de mourir ». « Je suis crucifié avec Christ, et ce n’est plus moi qui vit, c’est Christ qui vit en moi », s’exclama Paul (Ga 2.20).

Cette réalité invisible est puissante : « Si quelqu’un est en Christ, il est une nouvelle créature. Les choses anciennes sont passées, voici, toutes choses sont devenues nouvelles. » (2 Co 5.17) Nous devenons une nouvelle création, une nouvelle personne, intérieurement et extérieurement. Nos priorités sont renversées. Nous perdons l’intérêt pour ce qui, auparavant, nous semblait précieux et accueillons avec étonnement de nouvelles choses dans notre vie. Cette révolution est incroyable, incompréhensible et, pourtant, absolument réelle.

L’invisible et le visible convergent au plus profond de notre être, là où nos pensées germent, nos opinions se forment, nos valeurs se construisent et nos choix se font. Nous sommes transformés par le renouvellement de notre être intérieur, par la grâce qui nous convertit et la puissance du Saint Esprit (Tt 3.3-7 ; Jn 3.5-8 ; 1 Jn 3.9). Jésus devient notre nouveau point de repère. Nous vivons désormais pour l’exalter. Son honneur passe avant tout et son œuvre devient une priorité.

Un touriste qui visitait un dispensaire missionnaire où une infirmière soignait les plaies purulentes d’un lépreux se détourna avec horreur et murmura : « Même pour un million dollars je ne pourrais pas faire cela! » L’infirmière répondit en souriant « Moi non plus ! Mais pour Jésus je le ferais gratuitement ! »

Que ferions-nous gratuitement pour Jésus ? N’importe quoi ? Tout ? Y a-t-il une limite ? Des conditions ? Pourquoi serions-nous prêts à tout pour Jésus ?

Notre vie peut aussi être un miracle. Que nous travaillions ou pas, dans le ministère ou ailleurs, Jésus désire agir au plus profond de notre être, pour en faire jaillir des pensées et actes extraordinaires. Cela peut dépasser nos mots mais, pressés par son amour, nous pouvons passer le reste de notre vie à toujours mieux le comprendre.

Larry Lichtenwalter

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