Réveil et Reforme

Blog « Réveil et Réforme » de l'Église Adventiste du Septième Jour de l'île de La Réunion

Nombre entier ou fraction ?

6 novembre 2013

Tout ou rien

À Long Beach, en Californie, un homme s’arrêta au drive d’un fast-food pour acheter une boîte de nuggets de poulet pour lui et la jeune femme qui l’accompagnait. Le gérant de l’établissement lui remit sa commande en ayant, par inadvertance, glissé dans la boîte le cachet de la recette de la journée à remettre à la banque.

L’homme prit sa boîte et démarra. En s’arrêtant dans un parc pour déguster leur poulet, au lieu des nuggets, le couple découvrit près de 3 000 dollars. Que faire ? Comprenant qu’il s’agissait d’une erreur, l’homme retourna au fast-food et rendit la boîte au gérant ébahi :

– J’ai envie d’appeler la presse pour qu’on raconte cette histoire et qu’on vous prenne en photo. Vous êtes l’homme le plus honnête de la ville, s’exclama-t-il.
– Oh, non, ne faites pas ça, supplia l’homme.
– Pourquoi ? s’étonna le gérant.
– Eh bien, voyez-vous, je suis marié et la personne qui m’accompagne n’est pas ma femme.

Honnête et pourtant malhonnête. Sincère ? Pas du tout : l’intégrité ne peut être compartimentée. Il s’agit d’une cohérence interne, le contraire de l’hypocrisie. L’intégrité se définit par le fait d’être complet, unifié, sans division et authentique. C’est mathématiques : un nombre entier (1, 2, 3, etc.) n’est pas une fraction (soit une partie d’un tout). En éthique, l’intégrité est la véracité, la sincérité, ou la cohérence en pensées, en paroles et en actes. Cela signifie être ce qu’on dit être et faire ce qu’on a promis de faire : on tient un discours authentique. L’intégrité définit ce que nous sommes : des personnes honnêtes et pas seulement des personnes de la vérité.

Le renouveau touche l’être tout entier

Les Écritures établissent le lien entre le renouveau du cœur et l’authenticité. « Il faut vous laisser complètement renouveler dans votre cœur et votre esprit. Revêtez-vous de la nouvelle nature, créée à la ressemblance de Dieu et qui se manifeste dans la vie juste et sainte qu’inspire la vérité. […] Rejetez le mensonge ! Que chacun dise la vérité à son prochain, car nous sommes tous membres d’un même corps » (Ep 4.23-25, BFC ; cf. Col 3.9,10). À la conversion, avec cette nouvelle identité en Christ, l’intégrité se démarque. Revêtir l’homme nouveau en Christ implique d’abandonner le mensonge, de tenir un discours authentique envers ceux qui nous entourent et un discours authentique devient un modèle. Nous entretenons l’authenticité comme le fondement de la confiance mutuelle dans toutes nos relations. Cette authenticité exprime à la fois la justice et la sainteté (Ep 4.24). La « sainteté de la vérité » porte notre regard moral au-delà de la doctrine et la théologie : vers Dieu lui-même qui seul est saint (Ap 15.4). La réalité profonde est que la vérité et l’authenticité sont personnelles.

La vérité en action

« Qu’est-ce que la vérité ? », a demandé Pilate à Jésus. C’est une bonne question et, peut-être, la question la plus profonde de toute la Bible (Jean 18.38). Elle résonne encore dans notre culture et monde séculiers. Elle se trouve au centre de notre identité en tant qu’être moraux. Elle suscite la question suivante : « Suis-je une personne authentique ? »

Avant même que Pilate ne pose cette question, Jésus avait déjà déclaré : « Je suis le chemin, la vérité et la vie » (Jean 14.6 ; c’est nous qui soulignons). Cette définition est donc absolument biblique : Jésus est la vérité. Sa nature, son esprit sont vérité. La vérité est donc une Personne. Ce qui veut dire que la vérité est personnelle. Elle n’est pas abstraite, ni un enseignement. C’est d’abord un trait de caractère qu’une personne exprime en actions et en paroles. Les enseignements de Jésus sont véridiques parce qu’ils expriment qui il est. La vérité nous amène donc dans une relation personnelle avec la source même de la vie authentique : Jésus-Christ. En tant que Vérité, Jésus nous engagera toujours personnellement. Sa Personne rencontre la nôtre et nous entraine vers l’authenticité de notre être et de nos actes. Sa personne propose un exemple, une espérance, du courage et la force de rester vrais dans un monde de tromperie et d’illusion.

La vérité nous pousse donc à mettre en question notre cohérence morale personnelle : Suis-je une personne authentique ? Suis-je, comme Jésus, véridique au plus profond de moi-même ?

La vérité parmi le peuple du reste

Le livre de l’Apocalypse décrit le peuple de Dieu de la fin des temps comme étant irréprochable et à l’intégrité incontestable, même au risque de sa vie, ou de sa fortune. On ne trouvera ni mensonge, ni tromperie dans la bouche de ceux qui auront suivi l’Agneau : ils sont innocents (Ap 14.5). Cette vision fait écho à Sophonie qui dit que « le reste d’Israël ne commettra pas de fraude. Ils ne diront pas de mensonges, et il ne se trouvera pas dans leur bouche une langue rusée » (So 3.13). En tant que prémices de ceux qui ont expérimenté le pouvoir de renouveau du sang de l’Agneau, le peuple de Dieu imite et reflète l’authenticité du Christ dans ses paroles et dans ses actes car il est lui-même Fidèle et Véritable (Ap19.11;3.14). L’esprit du Christ est devenu leur (cf. Ap 7.1-14 ; 14.1-5).

Le contraste entre les forces du mal et ceux qui suivent l’Agneau se situe entre la vérité et la tromperie : ce qui sort de la bouche (cf. Ap 12.15,16 ; 13.5,6 ; 16.13,14 ; 14.5). Seuls ceux qui sont authentiques auront accès à la Sainte Cité (Ap 21.27 ; 22.14,15). L’expression « aimer et pratiquer le mensonge » met en évidence le lien entre l’être et le faire (Ap 22.15 ; cf. Ap 22.11 ; 21.8,17 ; cf. 2 Th 2.7-13 ; Jn 3.19-21). L’authenticité est une orientation morale. « Aimer le mensonge » va plus loin que de « pratiquer le mensonge ». La tendance à la fausseté conduit au mensonge. La personne qui aime la fausseté a un lien de parenté avec le père du mensonge : c’est sa nature qui parle (Jean 8.44). Ce que nous sommes intimement correspond parfaitement à qui nous sommes. Notre attachement à la vérité se vérifie par nos paroles et nos actes. Si nous espérons parler, ou vivre de manière vraie, nous devons avant tout être des personnes vraies. L’authenticité est plus qu’une doctrine, ou une théorie. Il s’agit de refléter Dieu et sa vérité dans un monde de tromperie. Elle concerne tous les aspects de la vie. Le domaine religieux et le domaine moral sont indissociables.

Authenticité et renouveau

Pourquoi les Écritures font-elles continuellement le lien entre le renouveau spirituel et l’authenticité ? La confiance est à la base des relations authentiques. La franchise et l’honnêteté sont indispensables et il ne peut exister de rapport sain entre des personnes fausses. Être malhonnête nous discrédite face aux autres. Nous sommes appelés à être intègres pour pouvoir construire et entretenir des relations saines. L’intégrité nous rend libres de vivre avec notre famille, notre conjoint, nos collègues, nos amis. Sans honte, ni culpabilité, nous pouvons regarder nos interlocuteurs droit dans les yeux. Nous sommes intègres face aux autres et face à Dieu. L’intégrité nous permet de nous regarder dans le miroir. Elle nous permettra aussi regarder notre Sauveur dans les yeux lorsqu’il reviendra (Ap 1.14 ; 2.18 ; 5.6 ; 6.16 ; 19.12 ; 20.11).

Il n’existe pas d’exceptions, ni de degrés d’authenticité. « L’enfant de Dieu doit être véridique au risque des pires conséquences »*. Vous souvenez-vous de l’histoire de Betsie Ten Boom indiquant à la gestapo l’endroit exact de leur maison où, avec sa sœur Corrie, elles cachaient des Juifs en fuite ? Tout le monde était à table, pour le dîner quand la sonnette de la porte d’entrée avait retenti, semant la terreur chez tous les convives.

Mais ils s’étaient tous bien préparés. Alors que Corrie chemina méthodiquement vers la porte, tout le monde déplaça la grande table sur le côté, on souleva le tapis, ouvrit la trappe qui se trouvait en-dessous, saisit son assiette, ses couverts et tout ce qui pouvait révéler la présence de personnes réunies. Tous s’engouffrèrent rapidement au sous-sol. Au moment où les agents de la gestapo firent irruption dans la pièce, il semble que seuls Betsie, Corrie et leur père étaient à table. Les policiers fouillèrent l’appartement de fond en comble, mais ne trouvèrent personne. Le gradé s’adresse alors directement à la famille Ten Boom et leur somma de lui révéler la cachette des Juifs.

« Je sais qu’ils sont là. Ne me mentez pas ! »
Après un silence tendu, Betsie répondit enfin : « Ils sont sous la table ».
Le cœur de Corrie ne fit qu’un bond. L’officier ne prit cependant pas sa sœur au sérieux. « Ne vous moquez pas de moi ! Où sont-ils ? »
« Ils sont sous la table », répéta-t-elle tranquillement, indiquant le sol. Le soldat hausse les épaules et partit avec ses hommes. Plus tard, Corrie réprimande sa sœur : « Pourquoi leur as-tu dit qu’ils étaient sous la table ? Nous aurions pu tous y passer ». Betsie resta pourtant ferme sur sa position. Elle s’était résolue à être honnête et, ainsi, refléter le caractère du Christ. Elle lui ferait confiance en choisissant la vérité, quelles qu’en soient le prix. Elle dirait toujours la vérité. De façon extraordinaire, quand Betsie avait dit la vérité à l’officier de la gestapo, Dieu avait utilisé cette même vérité pour le distraire. N’imaginant même pas qu’elle puisse dire vrai, il ne la crut pas et s’en alla.

Pouvons-nous nous reposer sur Jésus pour rester authentique en paroles et en actes ? Si Jésus est notre référence et notre identité, oui, nous le pouvons. L’intégrité des profondeurs de notre cœur reflètera toujours notre relation avec le Christ. Nous serons des gens vrais et pas seulement des personnes qui connaissent la vérité.

« Venez, mes fils, écoutez-moi ! Je vous enseignerai la crainte de l’Éternel. Quel est l’homme qui désire la vie, qui aime de longs jours pour voir le bonheur ? Préserve ta langue du mal, et tes lèvres des paroles trompeuses » (Ps 34.12,13).

Références

*Ellen G. WHITE, Patriarches et prophètes, chap. 64, p. 639.

Larry Lichtenwalter

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