Parabole du roi et du mendiant
« Donnez, et il vous sera donné ; on versera dans votre sein une bonne mesure, serrée, secouée et qui déborde ; car on vous mesurera avec la mesure dont vous vous serez servis. » (Luc 6.3 8)
« J’étais allé, mendiant de porte en porte, sur le chemin du village lorsque ton charriot d’or apparut au loin, pareil à un rêve splendide […].
Mes espoirs s’exaltèrent et je pensais : c’en est fini des mauvais jours […].
Le charriot s’arrêta là où je me tenais. Ton regard tomba sur moi et tu descendis avec un sourire. Je sentis que la chance de ma vie était enfin venue. Soudain, alors, tu tendis ta main droite et dis : ‘’Qu’as-tu à me donner ? ‘’
Ah ! Quel jeu royal était-ce là de tendre la main au mendiant pour mendier !
J’étais confus et demeurai perplexe ; enfin de ma besace, je tirai lentement un tout petit grain de blé et te le donnai.
Mais combien fut grande ma surprise lorsque, à la fin du jour, vidant à terre mon sac, je trouvai un tout petit grain d’or parmi le tas des pauvres grains. Je pleurai amèrement alors et pensais : Que n’ai-je eu le cœur de te donner mon tout. » (R. Tagore, L’offrande lyrique, trad. André Gide, NRF, 1917, p. 20).