Cultiver l’amour au foyer
« L’amour prend patience, l’amour rend service, il ne jalouse pas, il ne plastronne pas, il ne s’enfle pas d’orgueil, il ne fait rien de laid, il ne cherche pas son intérêt, il ne s’irrite pas, il n’entretient pas de rancune, il ne se réjouit pas de l’injustice, mais il trouve sa joie dans la vérité. Il excuse tout, il croit tout, il espère tout, il endure tout.» (I Corinthiens 13.4-7)
Quand vous contemplez des fruits sur un arbre, j’imagine que vous n’éprouvez pas le sentiment qu’ils ont fait de gros efforts pour être là, n’est-ce pas ? Je partage ce sentiment car il y a le préjugé naturel de s’attendre à voir des fruits sur un arbre fruitier. Mais la réalité nous amène très vite à nous détromper : tous les arbres fruitiers ne donnent pas systématiquement les résultats escomptés. Certaines fleurs ne passent pas par le processus de pollinisation ; et il arrive que de nombreux fruits éclosent, mais finissent par flétrir tandis que d’autres se développent jusqu’à atteindre le stade si apprécié de la maturité. Les arbres doivent aussi affronter les intempéries et les variations climatiques, sans compter les assauts des insectes et autres parasites(1). Mais lorsque le mouvement de la vie se met en place, nous pouvons dire que, derrière les couleurs et les parfums délicieux, se devine la patience de la croissance.
Nous voici donc face au fruit de l’Esprit, dont la première tranche est l’amour. Ce terme n’est pas à banaliser et encore moins à généraliser. Je ne pense pas que l’apôtre ait commencé par hasard sa description du fruit spirituel.
L’amour y a son importance et doit trouver une résonance précise et pertinente dans la vie du chrétien, de son foyer et de sa famille, selon sa situation personnelle, aussi bien que dans la vie communautaire.
S’il est facile de parler d’amour, rien ne garantit que la pratique en soit tout aussi aisée. Seul l’Esprit peut nous éduquer pour en appréhender les différents aspects. Faut-il comprendre que l’amour a besoin de développement, de croissance et surtout de maturation ? Faut-il accepter que l’amour grandisse dans l’épreuve, face aux variations de la mentalité ambiante ?
• Définir l’amour
Il est courant de parler d’amour. Tout le monde, ou presque, pense pouvoir et savoir en parler, n’est-ce pas ? D’ailleurs, dans certaines langues, en particulier le français, le verbe « aimer » est présent dans tous les paradigmes. Dans notre belle langue, on aime aussi bien les siens, que son chien, manger des cerises ou des mangues, la randonnée ou surfer sur Internet…. Comment alors exprimer l’amour, à partir du moment où une personne expérimente la foi en Jésus-Christ ?
Le substantif employé par Paul pour évoquer cette première tranche du fruit de l’Esprit est agapè, terme bien connu des disciples du Christ, surtout après deux millénaires de christianisme… Le verbe qui lui est proche dérive de la même racine, agapaô, et signifie non seulement « aimer », mais aussi « estimer », « chérir », « favoriser », « honorer », « respecter », « accepter », « valoriser », « être dévoué à », etc. Dans la langue grecque, agapaô est en tension avec trois autres verbes qui expriment la dimension relationnelle. Voyons cela rapidement :
- Agapaô relève de l’amour délibéré, responsable, choisi. C’est l’amour qui provient d’un esprit lucide, capable de discernement, animé de bon sens.
- Erao est l’amour passionné, intense, fortement sensuel et même accaparant. Cette dimension peut aller du sens patriotique à l’érotisme et l’amour sexuel.
- Storgeô (qu’on retrouve seulement sous la forme de astorgos) renvoie à l’amour naturel, l’amour familial, bref un amour propre à la nature humaine.
- Phileô se situe au niveau de l’attachement, l’affection, au sens émotionnel. C’est l’amour signifiant une affection personnelle, une passion pour quelque chose, souvent l’affection pour des amis.
Le passage biblique le plus significatif de la nuance propre à cette définition se trouve dans l’entretien ultime que Jésus a avec Pierre, son disciple à forte personnalité (Jean 21.15-17).
Quand Jésus lui demande : « Simon, fils de Jonas, m’aimes-tu ? », Jésus utilise le verbe agapaô, mais Simon Pierre répond en employant le verbe phileô. Dans les deux premières questions, Jésus marque la différence dans l’emploi du verbe « aimer », mais puisque Simon persiste (consciemment ou inconsciemment) dans l’utilisation de phileô, Jésus finit par l’employer à son tour. Je pense qu’il le fait parce que le disciple ne peut se situer au niveau de la question de son Maître mais plutôt de la réponse qu’il donne. En somme, Pierre ne peut réellement répondre au verbe agapaô. Il se limite au verbe phileô.
Ainsi, quand Jésus demande à Pierre s’il l’aime, il est probable que, pour ce dernier, le terme paraisse trop théorique, froid, inaccessible, comme si Jésus cherche à mettre une barrière entre son disciple et lui-même. Ce serait comme un étudiant face à un professeur dont le discours est compréhensible mais reste à un niveau que ne veut pas nécessairement son interlocuteur. En cela, Pierre paraît honnête et nous ne pouvons douter de son amour pour Jésus, mais il ne l’exprime pas sur le mode ou le registre où le Christ l’a interrogé. Ne tirons pas de conclusion hâtive sur l’attitude de Pierre, car elle pourrait aussi bien être la nôtre puisqu’il est si facile de confondre l’amour –agapè avec les déclinaisons circonstanciées que nous avons données à ce mot.
Le terme « amour » nécessite certes une définition ; toutefois le problème n’est pas tellement dans son explication, mais plutôt dans son application. Parler d’amour dans la Bible met l’homme dans la perspective de l’altérité. Ainsi, nous pouvons observer quatre domaines où l’amour s’applique :
- L’amour de Dieu pour Christ ;
- L’amour de Dieu pour l’homme ;
- L’amour de l’homme pour Dieu ;
- L’amour de l’homme pour l’homme.
L’amour est sans aucun doute le critère d’évaluation de notre relation à autrui, Dieu d’abord et le prochain ensuite.
L’amour est une puissance de transformation profonde, ce qui rend apte à développer des rapports cordiaux autour de soi. Une expérience semblable implique des relations solides et honorables avec son conjoint, ses enfants, ses parents, ses voisins, ses collègues ou avec les membres de la même église…
Il est fort possible que l’homme biblique ait compris que toute relation épanouissante et constructive avec son prochain trouve sa vraie raison d’être lorsqu’elle passe à l’aune de la foi et de l’amour de Dieu.
• L’amour pour Dieu
C’est l’amour de Dieu qui nous apprend à aimer !
« Écoute, Israël ! L’Éternel, notre Dieu, est le seul Éternel. Tu aimeras l’Éternel, ton Dieu, de tout ton cœur, de toute ton âme et de toute ta force. » (Deutéronome 6.4,5) Voilà la première manière de produire le fruit spirituel nommé amour. L’expérience chrétienne devient valide, significative à partir du moment où elle s’apparente à une réponse d’amour de l’homme face à l’amour de Dieu. Le shema Israël (shema, de l’hébreu « écouter ») est le fondement du credo du peuple de l’alliance(2). Accepter Dieu comme le seul Dieu, le seul Seigneur, le seul Maître de l’univers est le premier pas dans l’altérité, confirmant la transformation qui a lieu lorsque le croyant accepte de se laisser conduire par l’Esprit. Faut-il résumer ainsi les normes morales, les ramenant à leur sens le plus strict, c’est-à-dire l’amour ? Oui, je dis bien l’amour et non l’obéissance, le premier préjugé souvent induit par la notion de loi. La réflexion sur la loi morale nous amène à un constat de taille : la loi parle d’amour davantage que d’obéissance.
L’expérience spirituelle que propose la Bible se construit sur l’acceptation d’un seul Dieu, suscitant ainsi le premier pas sur le chemin de l’amour fidèle. L’analogie avec le lien conjugal est très forte puisqu’il s’agit de dire à l’Autre, le divin, qu’il est le seul dans notre cœur, de même que nous déclarons, de manière idéale et sincère, que notre conjoint est le seul être aimé dans l’intimité et le respect. Ce n’est pas facile de se consacrer à une relation unique, surtout lorsque la concurrence est possible. Parce qu’il y a des difficultés, le commandement d’amour (c’est paradoxal, n’est-ce pas ?) dit qu’il faut aimer de tout son cœur, de toute sa force et de toute sa pensée.
Notre amour pour Dieu ne repose pas simplement sur la notion de foi. Il faut également du courage et de la volonté persévérante pour accepter l’amour divin : le courage face aux doutes, aux interrogations, face à ses silences. La volonté persévérante est importante parce que l’amour est possible à partir du moment où l’homme veut bien l’exprimer…de manière durable. Il n’est pas toujours facile d’aimer et de se croire aimé par autrui, surtout lorsque les aléas de la vie nous touchent et que nous avons l’impression d’être seuls, allant même jusqu’à douter de l’attention que Dieu accorderait à notre situation.
Or, le croyant découvre que l’alliance proposée par Dieu est une alliance d’amour, de protection, de sécurité.
L’homme n’est pas appelé à servir Dieu seulement en tant que témoin de la vérité mais en tant que membre de sa famille. Entrer dans une telle alliance, c’est entrer dans l’amour, un amour confiant. Le croyant entre dans l’alliance avec la possibilité d’aimer Dieu (selon ses capacités bien évidemment), et le privilège d’apprendre à aimer comme Dieu aime l’humain. L’amour pour Dieu représente cette première tranche du fruit de l’Esprit, du moins dans sa dimension verticale. Il est nécessaire de parler de verticalité puisque nous verrons maintenant l’amour dans son aspect horizontal.
Cet amour pour Dieu devient possible parce que Dieu nous a aimés le premier (1 Jean 4.19). Sans l’amour de Dieu nous ne saurions jamais ce que signifie « aimer » ! D’ailleurs, cet amour ne nous conforte pas simplement dans une sorte de satisfaction d’être aimé. L’amour de Dieu devient notre force et notre courage face aux défis inhérents à la condition humaine.
Sans l’amour de Dieu, nous ne saurions pas aimer. Parce qu’il a mis son amour dans notre cœur, il a le pouvoir de le transformer en capacité à aimer.
• L’amour pour le prochain
En apprenant à aimer Dieu, l’homme apprend à aimer son prochain !
« Tu aimeras ton prochain comme toi-même. Je suis l’Éternel. » (Lévitique 19.18) Qu’on se le dise, le fruit de l’Esprit passe inévitablement par l’amour du prochain. La Bible ne fait aucun mystère sur les rapports à autrui. Jésus insistera sur ce thème car visiblement l’application du message évangélique y trouve là toute sa signification. Le sujet nous intéresse parce que l’amour du prochain ne doit pas correspondre à une belle théorie. Il nous concerne à plus d’un titre, depuis que Jésus a donné une ligne de conduite en matière relationnelle et il a communiqué sa vision de l’amour du prochain, à travers la parabole du Bon Samaritain (Luc 10.25-37), devenue proverbiale dans la mémoire collective.
Cette histoire est l’une des plus belles leçons sur l’amour de l’autre, quel qu’il soit ! Le prochain n’a pas de visage, pas de nom, pas de culture et même pas d’adresse. Pour aimer le prochain, il n’est pas nécessaire de lui demander ses papiers, sa catégorie socioprofessionnelle et encore moins sa religion, s’il en a une. Si on aime uniquement ceux de son milieu culturel, économique ou familial, c’est intéressant mais on est décentré par rapport à l’amour du prochain. Le prochain, si l’on comprend bien ce que Jésus enseigne, vient de nulle part et va là où le mène sa destinée. Le prochain est l’ami de Dieu. Il est l’un de ces plus petits frères du Christ. D’ailleurs, Jésus l’illustre dans une autre
leçon imagée, la « parabole des boucs et des brebis » (Matthieu 25.34-40).
Voilà donc où le Seigneur veut nous conduire. Il nous propose cette pédagogie de l’amour qui ne fait pas de préférence, un amour du prochain qui est exprimé envers tout homme, toute femme, tout jeune, tout enfant que la vie place sur notre chemin. Nous sommes invités à en parler au sein de nos familles, pour cultiver, entre autres, l’altruisme et la générosité, le service et le respect. En exerçant l’amour du prochain, nous apprenons à aimer le Seigneur lui-même. Un tel amour n’est possible que si nous avons de l’estime pour notre propre personne. L’estime de soi n’est pas de l’orgueil ou de l’arrogance tant qu’elle ne se transforme pas en égocentrisme. L’amour pour soi devient le critère de notre amour pour autrui. Nous ne pouvons aimer notre prochain si nous avons une piètre opinion de nous-mêmes, si nous passons notre temps à croire que nous ne savons rien faire, ne pouvons rien faire, ne valons pas grand chose, et ainsi de suite. Le chrétien auquel Jésus commande d’aimer son prochain ne doit pas oublier qu’il est racheté par Dieu, adopté en tant qu’enfant du Père céleste et qu’il est en chemin d’espérance.
Le prochain est celui qui reçoit notre amitié et notre aide à chaque fois que l’occasion se présente, à chaque fois que c’est utile pour lui, même si ce n’est pas gratifiant pour nous. Il ne s’agit pas ici d’une bonté ou d’une générosité
médiatisées ou starisées. Il s’agit plutôt de cette capacité à aider l’autre, quel qu’il soit, sans arrière-pensées, sans préjugé défavorable. Le prochain, souvent un étranger à notre quotidien, est l’ami que nous n’avons pas eu le temps
de connaître ou d’apprécier. Aussi, le fruit de l’Esprit devient le signe visible de notre capacité à tendre la main à autrui… c’est-à-dire à nos semblables.
Aimer son prochain comme soi-même, c’est apprendre à aimer Dieu qui s’est fait homme, c’est-à-dire notre prochain. Aimer son prochain, c’est chercher la présence de Dieu en l’homme.
• L’amour pour les ennemis
Difficile ne veut pas dire impossible !
« Aimez vos ennemis, bénissez ceux qui vous maudissent, faites du bien à ceux qui vous haïssent et priez pour ceux qui vous maltraitent et vous persécutent. » (Matthieu 5.44) N’est-ce pas trop demander au chrétien ? J’ai souvent entendu que Jésus « place la barre un peu haut », comme on le dit de manière familière. Mais le fait est qu’il l’ait dit.
Jésus laisse entendre que tout homme a besoin de soutien, que l’interdépendance est la meilleure chance pour l’homme social, mais avec Jésus, nous découvrons que l’homme de foi est tout aussi bien concerné. Jésus n’ignore pas que c’est un véritable défi que de gérer les sentiments, d’autant plus que la relation humaine n’est jamais figée.
Pour en revenir à l’exhortation du Christ, abordons justement le lien sous-tendu par la haine, plus encombrant celui-là. Jésus fait appel au côté le plus dur et le plus sombre de notre cœur, car il veut sans doute nous voir exercer une foi intelligente et constructive et non une foi sectaire, s’enfermant dans le nombrilisme religieux, avec des vœux pieux, une foi pleine d’apparences. Il nous amène à nous dépasser, en poussant le plus loin possible la réflexion sur l’amour, là où personne ne l’attendrait. Il nous entraîne sur le terrain de nos adversaires, de nos ennemis, de ceux qui sont agressifs envers nous, de ceux qui ne nous aiment pas et nous le font comprendre, de ceux qui nous mettent à l’écart parce qu’ils se sentent menacés par notre personne ou notre personnalité. Jésus fait un commentaire expansif de la loi, qu’il transforme en idéal : « Vous avez appris qu’il a été dit : Tu aimeras ton prochain, et tu haïras ton ennemi. Mais moi, je vous dis : Aimez vos ennemis, bénissez ceux qui vous maudissent, faites du bien à ceux qui vous haïssent, et priez pour ceux qui vous maltraitent et qui vous persécutent, afin que vous soyez fils de votre Père qui est dans les cieux ; car il fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons, et il fait pleuvoir sur les justes et sur les injustes. Si vous aimez ceux qui vous aiment, quelle récompense méritez-vous ? Les publicains aussi n’agissent-ils pas de même ? Et si vous saluez seulement vos frères, que faites-vous d’extraordinaire ? Les païens aussi n’agissent-ils pas de même ? Vous serez donc parfaits, comme votre Père céleste est parfait » (Matthieu 5.43-48).
Jésus reprend ici un ordre donné par Dieu dans l’Ancien Testament. L’ennemi peut être celui qu’on a choisi de désigner en tant que tel ou celui qui se pose en tant que tel. Il est important, par ailleurs, de ne pas confondre différence et inimitié. Dans un débat contradictoire, par exemple, quelqu’un peut ne pas être d’accord avec soi sur un certain nombre d’idées, sur une méthode de travail, sur une approche des problèmes courants ou inhabituels, mais cela ne fait pas de cette personne un ennemi.
Vivre cet aspect du fruit de l’Esprit n’est jamais facile, avouons-le. Il devient compliqué et étrange quand l’homme laisse ses sentiments troubler sa raison. Nous ne voulons pas opposer ici la raison aux sentiments mais simplement
dire que souvent l’élément affectif nous empêche de raisonner. Nous sommes si différents les uns des autres, en raison de notre arrière-plan culturel, social, de notre éducation, mais rien ne nous empêche de partager des moments de convivialité, des activités sportives et autres loisirs. Les différences d’opinion, de méthodes de travail ou même de responsabilités au sein d’une même organisation, voire d’une même église, ne devraient jamais ériger des barrières relationnelles ou affectives.
Le croyant est encouragé à éprouver de l’amour fraternel envers ceux qui ne sont pas d’accord avec lui, malgré les divergences d’opinion sur les idées, sur une méthode de travail, des décisions ou des actions. Pour aimer, dans ce contexte, il faut savoir vivre sans aucun complexe, sans orgueil et sans arrogance. Cela signifie que nous apprenons à donner du caractère et de la qualité au verbe « aimer » !
Le Seigneur nous demande d’aimer nos ennemis, tout comme il nous demande d’aimer notre prochain. En somme, il nous demande d’aimer tout le monde, c’est-à-dire de n’éprouver de haine pour personne, de ne pas vivre avec de mauvais sentiments, de la rancœur ou de la rancune, un esprit vindicatif, agressif. Il ne nous demande pas de nous exposer inutilement ou de vivre dans une forme de naïveté face au mal, à la mesquinerie ou aux agressions. Il demande, à tous ceux qui décident d’être ses disciples, de conjuguer le verbe « aimer » sans parti pris, sans préjugés, sans ségrégation, sans barrières, sans classer les gens dans des catégories hiérarchisées. Il nous demande d’aimer aussi bien amis qu’ennemis parce que c’est ainsi que nous porterons du fruit à sa gloire.
N’oublions pas que le Saint-Esprit nous prépare à partager l’éternité avec ceux que nous côtoyons sur terre. Nous ne savons pas qui nous verrons sur la nouvelle terre. Il est donc nécessaire d’apprendre, dans la vie présente, à aimer nos semblables, amis ou ennemis, parce que le salut est offert à l’humanité entière. Ne croyez pas qu’il n’y aura que vos amis dans le royaume de Dieu. Nous ignorons comment nos ennemis et persécuteurs répondront à l’invitation de Dieu. Nous ignorons qui sera sauvé, qui finira par accepter Jésus comme Sauveur et Seigneur.
J’imagine que l’Église est un endroit où personne n’a d’ennemi. Vous pensez que je suis naïf ou que j’exagère ? Où peut-être que je fais semblant d’ignorer certaines situations. C’est possible, mais je veux plutôt croire que les vrais disciples de Jésus n’ont pas d’ennemis dans leur église locale. Si vous êtes seulement un membre d’église, sans engagement et sans consécration, vous serez en danger relationnel. Le diable laisse tranquille celui qui est oisif dans l’Église. Si vous êtes actif en tant que disciple, vous aurez surtout à devoir résister à l’Adversaire, le diable qui rôde comme un lion rugissant. (1 Pierre 5.8)
Par ailleurs, en aimant ceux qui nous détestent, nous rendons un témoignage de la puissance de l’amour face à la haine, face à la méchanceté. De nombreux individus ont connu un changement de vie parce qu’ils n’ont pas su résister à l’amour de ceux-là mêmes qu’ils ont persécutés. La grâce de Dieu est une « puissance de salut » (Tite 2.11) et il ne faut jamais douter de l’action de Dieu dans le cœur humain. Si Jésus nous demande d’aimer ceux que nous croyons enracinés dans le mal, c’est parce qu’il est mort pour eux aussi. A eux aussi, le Seigneur tend une main et il est fort probable que les chrétiens soient le signe le plus visible de la présence et de l’action de Dieu en leur faveur.
Si Dieu nous a ouvert le chemin du ciel, il ne faut pas oublier qu’il le fait pour tout être humain en qui il a mis un potentiel d’amour.
L’apôtre Paul l’a bien compris. Il l’affirme en parlant aux chrétiens de Colosses : « Et vous, qui étiez autrefois étrangers et ennemis par vos pensées et par vos mauvaises œuvres, il vous a maintenant réconciliés par sa mort dans le corps de sa chair, pour vous faire paraître devant lui saints, irrépréhensibles et sans reproche, si du moins vous demeurez fondés et inébranlables dans la foi, sans vous détourner de l’espérance de l’Évangile que vous avez entendu, qui a été prêché à toute créature sous le ciel… » (Colossiens 1.21-23) Paul a certainement découvert cela dans sa propre vie, lui qui au départ « respirait la menace » et persécutait les chrétiens en les traitant en ennemis (Actes 9.1, 21 ; Galates 1.23 ; 4.29). Mais l’amour divin triomphe de tout …
Aimer comme le Christ nous demande d’aimer, c’est s’inscrire à l’école préparatoire de la vie éternelle.
Conclusion
Dieu nous demande le possible, même si cela paraît difficile. Dit autrement, ce qui est difficile n’est pas impossible.
Pour le reste, nous apprenons à nous confier à Dieu. Pour apprendre à aimer, il n’y a personne d’autre que Dieu qui saura nous instruire, nous éduquer, nous corriger et nous encourager. Un disciple aimant et aimable, ajouté à un autre ayant le même état d’esprit et à un autre, plus encore un… et un de plus, cela change une communauté de foi !
Essayez pour voir !
Si vous êtes convaincu que vous avez reçu et accepté l’amour de Dieu dans le cœur, dites-le à au moins trois personnes dans votre entourage. Pour faciliter le contact, offrez-leur un fruit, comme une tranche d’amour de la part du Seigneur l’Esprit…