La joie d’appartenir
« Réjouissez-vous dans le Seigneur en tout temps ; je le répète,
réjouissez-vous. » (Philippiens 4.4)
Vous avez sans doute le souvenir des contes pour enfants. Je revois en particulier l’histoire de Blanche-Neige et des sept nains, dont l’un porte le nom de Joyeux. C’est amusant de voir que chacun des nains avait un nom qui reflétait sa personnalité. Joyeux ! Sans le comparer à un nain, j’imagine que chaque chrétien devrait porter aussi ce nom. Ne souriez pas, je suis sérieux…car je suis convaincu que le Seigneur veut voir dans notre vie une joie épanouissante. Cette tranche du fruit de l’Esprit parce qu’elle m’oblige à me remettre en question en ce qui concerne ma relation avec Dieu et avec autrui.
• Définir la joie
L’apôtre dit que le fruit de l’Esprit se manifeste également par la joie. Mais commençons par définir la notion de joie.
Sans aucun doute, la joie est l’émotion agréable qui vient du plus profond de notre être. La joie est quelque chose de vrai, de naturel. Elle ne saurait être factice, apparente, artificielle… Elle est réelle car aucune joie ne laisse insensible ou indifférent. Il y a un lien causal entre la joie et ce qui la suscite : des éléments irrationnels tels que la paix, la réussite à un examen ou des éléments tangibles tels que des cadeaux, un bon repas, une fête, différentes formes de loisir, l’acquisition d’une maison, etc.
La joie dans l’Ancien Testament : la Bible évoque la joie à partir des mots hébreux gil « sauter », « bondir de joie », simchah ou sameach (nom et verbe), littéralement « briller » ou « être lumineux ». Nous découvrons, dans l’Ancien Testament, que le peuple d’Israël exprime sa joie à l’occasion des fêtes nationales, des rituels cultuels ou lors des couronnements.
La joie marque tout événement heureux (mariage, circoncision, moisson, victoire militaire, etc.). Les sentiments intérieurs des Israélites s’exprimaient dans les cris de joie, les chants, la musique, les cortèges et la danse.
La joie dans le Nouveau Testament : les termes grecs qui traduisent le mieux le thème tel que l’Ancien Testament l’a exprimé sont agalliasis et chara, désignant une joie intense. Chara est du même champ sémantique que charis « grâce ». De ce fait, la joie est fille de la grâce.
La joie est surtout évoquée dans le véritable élan qui accompagne la proclamation du royaume. Cela va de soi, pourrait-on dire, puisqu’il s’agit de la Bonne Nouvelle. Dès la naissance de Jésus, les anges entonnent un chant de proclamation pour les bergers (Luc 1.47; 2.10). Lors de son entrée triomphale à Jérusalem (Marc 11.9; Luc 19.37) et sa résurrection (Matthieu 28.8; Luc 24.41), les déclarations sont habillées de joie ou de sentiments de réjouissance. Nous entendons bien résonner la notion de joie, dans toute la Bible. Elle devient tantôt la marque de ceux qui font alliance avec Dieu et tantôt un signe d’espérance. De plus, la Parole de Dieu dit que les croyants, ayant accepté le don de l’Esprit, vivent dans l’espérance avec joie, une joie qui se voit également dans le service (Actes 13.52 ; 1Pierre 1.8-9).
Par ailleurs, la joie est donnée au chrétien qui endure des souffrances au service de Jésus-Christ (Colossiens 1.24 ; 2 Corinthiens 6.10 ; 1Pierre 4.13 ; Hébreux 10.34). Cette joie est justement précisée dans le fruit de l’Esprit. Elle devient inaliénable devant des défis de toutes sortes et devant les aléas de la vie. Dans ses différentes lettres, Paul emploie le mot grec chara pour parler de sa joie en tant qu’apôtre. Il dit des Thessaloniciens qu’ils sont sa gloire et sa joie, car ils font des progrès dans la foi, et aux Colossiens il n’hésite pas à dire qu’il éprouve de la joie dans ses souffrances pour le Christ (1 Thessaloniciens 2.19-20 ; Colossiens 2.4). Les chrétiens persévérants sont la joie de l’apôtre et il les encourage à se réjouir toujours dans le Seigneur (Philippiens 1.18 ; 3.1 et 4.1, 4.). Toutefois, cette joie n’est pas un acquis, il faut la faire vivre, l’entretenir, l’exercer et seul le Seigneur peut aider le croyant à l’exprimer, la ressentir face aux vents contraires représentés par le péché et toutes ses conséquences. Cette joie va avec la grâce !
• La joie du salut
Dieu vous sauve ! Comment réagissez-vous ?
Plusieurs déclarations de l’Ancien Testament sont porteuses de la joie du salut. Elle devient le témoignage ou l’expression d’une conviction que c’est Dieu qui délivre, sauve de la détresse et met à l’abri. Il n’y a donc pas de salut sans joie.
Les textes prophétiques l’anticipent : « C’est en effet dans la jubilation que vous sortirez, et dans la paix que vous serez entraînés. Sur votre passage, montagnes et collines exploseront en acclamations, et tous les arbres de la campagne battront des mains. Au lieu de la ronce croîtra le cyprès, au lieu de l’ortie croîtra le myrte, cela constituera pour le SEIGNEUR une renommée, un signe perpétuel qui ne sera jamais retranché ». (Esaïe 55.12-13)
Si la joie est un indice repérable de l‘acceptation du salut, elle se manifestera également dans la manière d’adorer.
Elle découle de cette conviction que l’œuvre de Dieu dans notre vie est quelque chose de sérieux et d’efficace. Cette oeuvre est une douce puissance de transformation du cœur de l’homme pour l’amener à pratiquer le bien.
La joie s’exprime également dans le cadre d’une expérience ponctuelle. Lorsque l’homme de foi a la conviction du pardon divin, d’une réhabilitation morale, son cœur est apaisé. David, après un double péché prémédité, confesse qu’il y a une joie intrinsèque au pardon libérateur : « Rends-moi la joie de ton salut, et qu’un esprit de bonne volonté me soutienne ! » (Psaume 51.14) Trop de personnes pensent que l’expérience chrétienne se vit dans la tranquillité de la méditation et le sérieux de la contemplation. Dans une telle démarche, il y aurait peu de place pour l’expression de la joie et de la gaieté. Or, Paul dit aux chrétiens que « le royaume de Dieu, ce n’est pas le manger et le boire, mais la justice, la paix et la joie, par le Saint-Esprit. Celui qui sert Christ de cette manière est agréable à Dieu et approuvé des hommes. » (Romains 14.17-18)
La joie fait bien partie des valeurs inhérentes au royaume de la grâce divine. Au même titre que la justice et la paix !
Si l’apôtre le précise, c’est parce qu’il n’y a ni paix ni justice sans joie. La joie est plus que nécessaire pour que notre vie ait du sens et qu’elle soit agréable au Seigneur.
• La demande de Jésus
Dieu lui-même prie pour votre bonheur !
Savez-vous que Jésus a prié pour que nous ayons la joie ? Fort heureusement, car il serait impensable que le salut soit sans joie ou sans bonheur ! Jésus a demandé la joie parce qu’elle soutient le croyant qui accepte le pardon divin et qui éprouve le désir de persévérer sur le chemin de la foi et de l’espérance. Il veut des croyants heureux pour que son Église soit attirante, donnant le témoignage de la joie du salut.
Jésus établit un lien entre la joie et le thème du fruit. Il dit clairement que la relation avec lui est une relation génératrice de fruits, témoignages du salut et de la transformation opérée par le Saint-Esprit. Il pose les conditions d’un tel résultat : « Si vous portez beaucoup de fruit, c’est ainsi que mon Père sera glorifié, et que vous serez mes disciples. […] Je vous ai dit ces choses, afin que ma joie soit en vous, et que votre joie soit parfaite. » (Jean 15.8-11) Le salut induit inévitablement la culture du résultat, de la production…
Un peu plus loin, le même évangéliste rapporte la prière sacerdotale, appelée ainsi parce que Jésus intercède pour ses disciples, sachant combien son œuvre aura une portée essentielle dans leur existence et aussi combien son départ de la terre sera source de désarroi, de découragement et même d’interrogations. Jésus a prié pour que ses disciples aient une joie pleine, parfaite, à condition, bien sûr, qu’ils acceptent de vivre l’unité que le Père veut produire en eux d’abord et entre eux également (Jean 17. 13, 21-24 ; etc.). Jésus manifeste de l’intérêt et de l’attention envers ceux qu’il appelle au salut. Il sait qu’une telle expérience aura à faire face à de sérieux défis et il fait appel à la toute-puissance de l’amour de Dieu pour que tous ceux qui croient en son nom et en sa Parole aient de la joie. Sans joie, il n’y a pas de progrès sur le chemin de la foi.
Par ailleurs, Jésus encourage ses disciples à découvrir la joie de l’exaucement de leurs prières. Il anticipe sans doute les réactions des croyants découragés, voire déstabilisés lorsque des prières restent inexaucées. La foi a besoin d’être accompagnée de courage et de ténacité. Tout en croyant en Dieu, notre cœur ne cherche pas toujours à raisonner devant ses silences et face aux situations peu heureuses où nous pourrions parfois penser que le Seigneur ne nous accompagne pas. Et c’est justement là qu’il faut entendre ce que Jésus dit : « Jusqu’à présent vous n’avez rien demandé en mon nom. Demandez, et vous recevrez, afin que votre joie soit parfaite. » (Jean 16.24)
La clé est certainement là, puisque le Christ dit que ses disciples n’ont rien demandé « en son nom ». Nous sommes concernés par cette déclaration et par l’élément qui limite nos prières. Trop souvent, celles-ci contiennent des demandes, des louanges, des cris, mais il semblerait que les disciples ne savent pas réellement demander au Père des choses au nom du Seigneur et Sauveur Jésus-Christ. La différence se situe à ce niveau et au bout de cette expérience, Jésus garantit une joie parfaite.
Jésus demande la joie pour ses disciples, car il sait que le cœur humain se décourage facilement devant les problèmes et les situations bouleversantes, d’autant que des questions restent sans réponse ou que des prières demeurent inexaucées. Pour qu’une telle joie devienne réelle (ou réalité), il est nécessaire de laisser l’Esprit lui-même combler les manques de notre relation avec le Seigneur. Lui seul saura nous donner accès à cette joie. Ainsi notre cœur saura glorifier Dieu.
• La joie d’adorer
Nous sommes nés pour adorer le Seigneur !
La foi serait-elle essentiellement « adoration » que cela ne surprendrait pas. Toute relation avec Dieu aboutit à l’adoration et il en est de même pour l’appréciation de ses bontés. Le croyant trouve toujours des sujets de louanges, des motivations de réjouissance dans son rapport avec le Seigneur.
Et c’est dans ce même état d’esprit que l’homme de foi reçoit toute invitation à aller à la maison de l’Éternel : « Je suis dans la joie quand on me dit : Allons à la maison de l’Éternel ! » (Ps 122.1) La question qui vient immédiatement à mon esprit est la suivante : « Suis-je dans la joie quand je vais à l’église pour le culte communautaire ? » Je ne sais ce qu’il en est pour vous, mais j’aime aller à l’église. Oh, n’y voyez pas là une déformation professionnelle car certains diraient qu’il est normal pour un pasteur d’aimer aller à l’église. J’éprouve cette joie depuis ma tendre enfance et je remercie mes parents qui ont su nous communiquer cette passion pour « la maison de l’Éternel », passion partagée avec mes neuf frères et sœurs. Quel que soit le pays où je vais en vacances avec ma famille, nous cherchons l’église la plus proche pour adorer avec ceux qui expriment leur foi dans le salut en Jésus et l’espérance de son retour.
De nombreux psaumes donnent à réfléchir sur la manière d’adorer. Ils résonnent de joie et d’enthousiasme (d’un mot grec signifiant « élan divin »). Les croyants assemblés pour le culte communautaire sont invités à sortir de toute routine, de toute tradition ou rituel pour développer un rapport harmonieux et épanouissant avec cette pratique.
La routine ne génère pas de la joie. Si les gestes sont mécaniques, automatiques, il y aura davantage le sentiment d’accomplir un devoir que celui de vivre un temps qui amène non seulement de la joie dans le cœur du croyant mais aussi dans son regard, dans sa façon de parler, de chanter, d’écouter et surtout de répondre à l’appel de l’Esprit.
Les adorateurs sont heureux de se retrouver, ne peut se faire sans joie et sans appréciation des bontés de l’Éternel.
Plus qu’un devoir, l’acte d’adoration a la vocation de se transformer en service joyeux : « Poussez vers l’Éternel des cris de joie, Vous tous, habitants de la terre ! Servez l’Éternel, avec joie, Venez avec allégresse en sa présence ! » (Psaume
100.1,2)
Je sais que certains n’aiment pas l’effervescence dans la pratique du culte communautaire. Ils trouvent que trop d’expression corporelle ou une musique trop rythmée ne sont pas nécessaires à l’adoration. Ils n’ont pas toujours tort, car la joie n’est pas synonyme d’agitation ou de bruit. Pousser des cris de joie ne signifie pas crier à tue-tête sans comprendre ce qui se dit ou ce qui se fait. Dans cette invitation, il y a également un phénomène culturel car dans certaines traditions, on pousse facilement des cris pour rassembler, exprimer la joie, le deuil, l’approbation ou son contraire. Dans d’autres pays ou dans d’autres cultures, les émotions ne s’expriment pas par des manifestations bruyantes. Qu’on ne se méprenne pas : l’adoration joyeuse n’est pas nécessairement un culte qui a une ambiance de carnaval. Ce qui est bruyant n’est pas forcément édifiant. Tout n’est pas dans la musique non plus. Quand les chantres et les musiciens exercent leur ministère dans l’église, ils le font pour rassembler l’Église dans l’adoration de Dieu. C’est de l’adoration et non de la prestation au sens technique et commercial. Il y a de la place pour tous et pour tous les instruments de musique, mais tous les instrumentistes et les chantres doivent se laisser consacrer par le Saint-Esprit afin d’exercer leur ministère avec sagesse et souci d’unité, de manière harmonieuse, avec la volonté de glorifier Dieu et d’édifier son peuple.
• Joie et obéissance
La vraie joie devient service obéissant !
Évoquer la joie comme un élément constitutif du fruit de l’Esprit ne doit nullement surprendre, car comment imaginer l’expérience spirituelle sans bonheur, sans sourire et sans cette conviction que le meilleur reste à venir ! Permettez- moi de citer Rabindranath Tagore :
« Je dormais et je rêvais que la vie n’était que joie.
Je m’éveillai et je vis que la vie était service.
Je servis et je compris que le service est joie ! »
Cela peut paraître surprenant, n’est-ce pas ! Toutefois, la Bible donne de nombreux témoignages de la joie qui accompagne ou sous-tend l’obéissance aux commandements de Dieu. Servir et obéir aux commandements de Dieu, c’est une manière très concrète de l’aimer. Dans ce contexte, faisons encore appel au livre des Psaumes et nous comprendrons l’expérience des hommes bibliques qui nous ont précédés sur le chemin de la foi. Le premier des psaumes nous montre un croyant qui s’attache à la Parole de Dieu et qui, s’en nourrissant, ressemble à un arbre planté près d’un cours d’eau et qui donne son fruit en sa saison. (v. 1-3) Cet homme-là est heureux ! tous les croyants peuvent l’être, s’ils s’attachent à la Parole de Dieu pour la méditer, nourrir leur esprit et leur âme. Leur communauté de foi en bénéficiera et le monde verra encore mieux le témoignage des vies transformées par le Seigneur.
La joie n’est pas un état que le croyant connaîtra seulement dans le royaume final. Elle est déjà expérimentée ici-bas par le croyant soucieux de vivre dans la fidélité. Comme nous l’avons vu plus haut, l’image du fruit en chaque saison fait naturellement partie de la vie du croyant. C’est manifestement une expérience épanouissante, selon le psalmiste, car il y a de la joie dans l’observation de la loi de l’Éternel, surtout lorsqu’on en développe une lecture optimiste, positive.
David confirme une telle approche, en vantant les mérites bienfaisants de la loi morale, ce qui pourrait surprendre ceux qui opposent la loi à la grâce (Psaume 19.7-12). Ce passage met sous vos yeux le témoignage de la passion et du plaisir découlant de l’obéissance aux commandements divins. Le psalmiste compare la loi de l’Éternel tantôt à de l’or fin tantôt au miel : dans les deux cas, il s‘agit de ce qui est précieux et appréciable. On imagine mal l’obéissance comparée à quelque chose de succulent, de délicieux, comme certains se délectent de gâteaux au miel, de chocolat ou d’autres friandises… Cela vous met l’eau à la bouche, n’est-ce pas et c’est tout à fait naturel. C’est ainsi que le psalmiste éprouve du plaisir, de la joie lorsqu’il évoque l’obéissance. Il y a de la joie que de chercher l’accomplissement des commandements, parce que la relation avec Dieu se fait en dehors de toute contrainte, de toute pression extérieure. Cependant, l’obéissance se vit dans la joie de l’attachement à Dieu et à ses paroles.
• Joie d’appartenir à la famille de Dieu
Personne n’est une île, dit un proverbe anglais.
Imaginez une branche détachée de l’arbre qui la portait jusque-là. Quel est son avenir ? Pourra-t-elle produire des fruits ou est-elle condamnée à sécher ? Vous connaissez la réponse, n’est-ce pas !
Un chrétien qui s’éloigne de son assemblée pour « vivre sa foi » ressemblera très vite à la branche détachée de l’arbre et sur laquelle on aimerait voir des fruits… La Bible laisse entendre que le chrétien a la vocation de s’attacher à son Eglise parce qu’il fait partie des saints. Paul déclare : « Vous êtes concitoyens des membres du peuple de Dieu, vous faites partie de la famille de Dieu ». (Ephésiens 2.19)
La société postmoderne a généré une mentalité indépendante et individualiste, produisant ainsi de nombreux orphelins spirituels, des touristes d’église. Ces croyants pensent que leur expérience spirituelle est réelle et épanouissante et qu’il leur suffit simplement d’être présents dans un lieu de culte au moins une fois par semaine. C’est possible, mais réfléchissez bien un instant : un arbre qui n’est pas régulièrement alimenté en eau ne peut pas produire de beaux fruits. Même les arbres fruitiers sauvages sont tributaires de la pluie, du soleil et de tout le processus de pollinisation pour produire des fruits. Trop d’individus estiment qu’un bon chrétien n’est pas nécessairement celui qui va toujours à l’Église. Que dit la Bible dans ce cas ? L’épître aux Hébreux répond en disant : « N’abandonnons pas notre assemblée, comme c’est la coutume de quelques-uns ; mais exhortons-nous réciproquement, et cela d’autant plus que vous voyez s’approcher le jour. » (Hébreux 10.25) Une telle exhortation vise au développement du chrétien.
Ce dernier a besoin de sa communauté de foi pour non seulement exprimer sa foi mais surtout pour croître spirituellement et développer toutes les aptitudes requises dans la mission évangélique.
La fraternité épanouissante : être disciple porteur du fruit de l’Esprit suppose une pleine participation à la vie de groupe. Jésus a insisté sur le signe d’une réelle appartenance à sa famille : « A ceci, tous reconnaîtront que vous êtes mes disciples : à l’amour que vous aurez les uns pour les autres ». (Jean 13.35)
Il n’est pas facile de vivre en groupe, c’est pour cela que Jésus déclare que le seul moyen efficace se trouve dans l’amour. L’Église ne se fonde pas seulement sur la foi des croyants en la Parole de Dieu mais surtout sur l’amour dont ses membres sont en mesure de témoigner les uns envers les autres. Personne n’est le corps du Christ tout seul et ce n’est pas en se cachant dans la foule non plus que l’on sera certain de faire partie de ce corps.
Tous pour une même cause : si Jésus a institué l’Église, c’est pour donner aux croyants la possibilité d’exercer leur foi et leur volonté de service. C’est une école de patience, de fraternité et d’amour. De là naîtra la joie d’appartenir et de servir Jésus, le Seigneur de notre vie, mais aussi Seigneur de l’Église.
En participant pleinement à la vie de votre église locale, vous apprenez à développer la solidarité. Votre potentiel relationnel progresse lorsque vous constatez que telle personne ou telle autre a besoin d’aide, de soutien moral, de vos prières. Vous remarquez les absents dans le groupe et vous vous enquerrez de leur santé. Paul dit que « si un membre souffre, tous les membres souffrent avec lui ; si un membre est honoré, tous les membres se réjouissent avec lui ». (1 Corinthiens 12.26)
La communion fraternelle se vérifie dans le partage et dans la participation à la vie d’église. Comment le croyant apprendra-t-il à aimer ses frères et sœurs, membres de la famille de Dieu, s’il ne les fréquente jamais ou qu’occasionnellement ?
Rester dans la course : pour qu’un athlète tienne jusqu’au bout d’une épreuve, il lui faudra faire des efforts ou des exercices réguliers. Il n’y a pas de mystère pour la croissance spirituelle : elle passe par l’exercice. Comment fortifiez-vous vos muscles physiques ? En faisant des exercices n’est-ce pas ? Je sais, il faut de la volonté et de la rigueur pour tenir un rythme et cela nous rassure de savoir que c’est possible, même si c’est difficile.
La vie spirituelle se développe lorsque nous acceptons de pratiquer les exercices spirituels recommandés par la Parole de Dieu. Et cela se vérifie dans nos rapports avec les autres. Paul ajoute que « c’est de lui que le corps tout entier, coordonné et bien uni grâce à toutes les articulations qui le desservent, selon une activité répartie à la mesure de chacun, réalise sa propre croissance pour se construire lui-même dans l’amour » (Éphésiens 4.16). Le service peut se faire en famille. L’exemple le plus souvent rappelé est celui de Josué qui s’engage et pour lui et pour sa famille (Josué 24.15)
Dieu nous demande d’être solidaires, de nous encourager les uns les autres, de nous soutenir par une parole réconfortante ou par la prière, de nous saluer les uns les autres, de développer un esprit convivial. C’est ainsi que le corps du Christ se portera bien et que nous aurons de la joie de croire et d’espérer…
Tous ensemble, dans la plénitude de la fraternité et du service : il y a du bonheur à servir !
• Une joie permanente
« Soyez toujours joyeux !» (1 Thessaloniciens 5.16) L’exhortation est courte, mais elle se fait impérative dans l’esprit de Paul.
L’apôtre encourage les chrétiens à être toujours joyeux. Certains se demandent s’il est possible d’être toujours joyeux alors que l’homme est en permanence confronté aux aléas de la vie. Comment être joyeux devant la souffrance, la maladie, le chômage, la précarité sous toutes ses formes, le deuil ? Comment exprimer de la joie, quand les relations affectives doivent affronter des vents contraires, quand les disputes se multiplient, quand la violence remplace le dialogue ?
Il y a tellement de situations qui rappellent à l’homme que la joie la plus sûre est celle qui vient de Dieu. En même temps, que de fois n’avons-nous compris que l’homme n’a pas suffisamment de force en lui pour être toujours joyeux ! Il y a un peu de vrai dans ces deux positions, mais l’apôtre Paul ne cherche pas à nier la réalité de la condition humaine. En lisant l’ensemble de ses épîtres, nous observons qu’il a une lecture réaliste de la vie et que, grâce à sa foi en Jésus-Christ, il éprouve la joie de vivre.
Être ‘toujours joyeux’ ne signifie pas avoir toujours le sourire béat. Cela ne signifie pas, a contrario, qu’il faut avoir une mine sombre, confondant sobriété et discrétion avec morosité.
La conscience de notre réalité actuelle, tant que cette terre demeurera sous les conséquences du mal, fera de notre joie une joie dépouillée, imparfaite mais pas timide ou minimaliste. C’est la joie de l’attente, patiente et impatiente à la fois. Elle est incomplète même si elle est réelle, incomplète parce qu’elle se propulse dans l’attente de la rencontre ultime, celle de l’avènement de notre Seigneur. Elle anticipe la joie à venir pour une Église en marche…
Nous apprenons à cultiver la joie car notre Seigneur revient bientôt ! Si la conscience du salut génère de la joie dans le cœur du croyant, il devient logique que l‘espérance aussi produise chez lui une joie anticipative. Le disciple du Christ se situe dans la perspective d’une fin heureuse et non dans l’angoisse d’une fin définitive et injuste de l’histoire de l’humanité. Jésus a ouvert le plus bel avenir à la foi de ses disciples : « Que votre cœur ne se trouble pas : vous croyez en Dieu, croyez aussi en moi. Dans la maison de mon Père, il y a beaucoup de demeures : sinon vous aurais-je dit que j’allais vous préparer le lieu où vous serez ? Lorsque je serai allé vous le préparer, je reviendrai et je vous prendrai avec moi, si bien que là où je suis, vous serez vous aussi. » (Jean 14.1-3)
La joie est évoquée dans l’expérience spirituelle car elle est présentée dans la Bible comme le signe par excellence du monde à venir. Le livre de l’Apocalypse en fait état lorsqu’il donne rendez-vous aux vivants devant le trône de l’Agneau (Apocalypse 19.7). Le prophète Ésaïe l’exprimait déjà en ces termes, en évoquant la restauration du peuple de l’alliance : « Je me réjouirai en l’Éternel, mon âme sera ravie d’allégresse en mon Dieu ; car il m’a revêtu des vêtements du salut, il m’a couvert du manteau de la délivrance, comme le fiancé s’orne d’un diadème, comme la fiancée se pare de ses joyaux. » (Ésaïe 61.10)
Le livre de l’Apocalypse atteste que les rachetés entonneront un chant de victoire, annoncé comme le chant de Moïse et de l’Agneau (Apocalypse 14. 1-5 ; 15.2-4). C’est le chant de délivrance, de libération du péché et de la menace de la mort éternelle, menace de la disparition de la famille humaine. Il y a une joie liée à l’attente parce que c’est l’espérance de la victoire finale de Dieu sur le mal, également le triomphe de la foi sur la rébellion.
La joie des rachetés devient la joie du ciel, une vraie joie capable, par anticipation, de combler notre cœur. Les Évangiles disent que le ciel est pour les enfants et pour ceux qui leur ressemblent. C’est sans doute dire qu’il est à leur image : que le bonheur du ciel a cette fraîcheur d’enfance, signe d’un amour authentique et où s’exprime la plénitude de sa joie. Il y a de la joie à chaque fois qu’un pécheur se repent et prend position pour le royaume de Dieu, indiquant ainsi que la famille de Dieu se construit tous les jours (Luc 15.10). Entrer dans le royaume de Dieu, c’est entrer dans la joie du Maître (Matthieu 25.21-23). Tout en se projetant dans une réalité universelle et eschatologique, la joie s’expérimente ici et maintenant, dans le foyer et au sein de votre communauté de foi.
Le ciel attend les rachetés…
Conclusion
Détendez-vous et maintenant vous pouvez sourire et même rire : vous êtes sauvé en Jésus !
Quand j’étais adolescent, j’ai rencontré un homme qui s’appelait Joyeux La bonté. C’est mon père qui lui a communiqué la Bonne Nouvelle du salut en Jésus. En découvrant ce que Jésus a fait pour lui, cet homme a pleuré … de joie. Sa vie était transformée et ce qu’il a déclaré le jour de son baptême reste gravé dans beaucoup d’esprits : « Maintenant mon nom et mon prénom ont un sens et je m’engage à refléter ce qu’ils représentent ».
Vous l’avez compris : un chrétien, disciple de Jésus-Christ, vit avec le défi permanent d’exprimer la joie du salut. La foi sans joie ressemble à une belle fleur sans parfum. La joie est essentielle dans la manière d’appréhender la condition humaine, parce que la joie est l’un des signes les plus forts du royaume à venir. Puisse le fruit de l’Esprit appelé « joie » se développer dans votre vie et que rien ne vous empêche d’en faire profiter à ceux qui sont autour de vous, en toutes saisons…
Si vous avez reçu la joie demandée par Jésus à son Père, partagez cette nouvelle à au moins trois personnes dans votre entourage. Pour faciliter le contact, offrez-leur un fruit, comme une tranche de joie…