Réveil et Reforme

Blog « Réveil et Réforme » de l'Église Adventiste du Septième Jour de l'île de La Réunion

Que cela impliquera-t-il ?

7 novembre 2013

Faire de notre mieux avec ce que nous avons

Recherche emploi : jeune homme, riche, bonne présentation, en bonne santé, plein d’humour, aimant les voyages et ayant effectué son service militaire.

Offre d’emploi : poste de missionnaire pour diffuser l’Évangile en Afrique centrale. Le candidat doit être préparé à la privation, la maladie et, éventuellement, à une mort violente.

Seul Dieu avait le pouvoir de réunir ces deux petites annonces pour en faire l’expérience de James Hannington, premier pasteur anglican d’Afrique équatoriale de l’Est. Bien que d’autres missionnaires aient servi plus longtemps que lui, ou qu’ils soient plus connus, selon la Société missionnaire de l’Église (Church Missionary Society, ou CMS) : « Le pasteur Hannington a fait plus pour l’Afrique après sa mort que de son vivant ».

Quand le jeune et riche britannique fit l’expérience personnelle de la conversion, son objectif devint celui de gagner des âmes et non plus de l’argent. Il avait décidé de relever le défi après le meurtre de deux missionnaires de la CMS, sur les rives du lac Victoria. En 1882, il dirigea une équipe d’évangélistes dans la brousse ougandaise où un redoutable roi Ougandais Mwanga demanda sa tête. Le 29 octobre 1885, Hannington fut poignardé et tué.

Un survivant raconte ses derniers instants : « Va dire à ton roi que j’ai acheté la route d’Ouganda au prix de mon sang ! » avait déclaré Hannington avant de s’effondrer dans une mare de sang. Quand la nouvelle parvient en Angleterre, quelques semaines plus tard, touchés par l’engagement et le sacrifice d’Hannington, cinquante hommes se sont portés volontaires pour servir en Afrique.

Qui, ou qu’est-ce qui nous motive à nous sacrifier pour Jésus ? Y a-t-il un domaine, ou un ministère dans lequel nous rêverions de le servir ?

Une générosité intrinsèque

Plusieurs siècles auparavant, un autre jeune homme, dynamique, fortuné et spirituellement très engagé vit l’amour que Jésus avait témoigné aux plus humbles et son cœur répondit avec amour. Il voulait devenir bon et aimant comme Jésus et se sentit si profondément appelé qu’il courut littéralement après lui. Se jetant à ses pieds il demanda à Jésus : « Bon maître, que dois-je faire pour hériter la vie éternelle ? » (Mc. 10.17).

Sa question portait sur le moyen d’être sauvé, mais Jésus l’interpella sur où se trouvait son cœur : « Il te manque une chose. Va, vends tout ce que tu as, donne-le aux pauvres et tu auras un trésor dans le ciel. Puis viens et suis-moi » (verset 21). Jésus voulait qu’il comprenne sa dépendance par rapport à ses biens.

Jésus aimait ce riche jeune homme. Il vit en lui tout le potentiel qui pourrait lui être utile s’il devenait son collaborateur dans sa mission de salut. Il voulait le transformer à son image, pour qu’il puisse miroiter la générosité de son Père*.

Nous ne devons pas seulement placer notre trésor là où est notre cœur. Nous devons aussi vivre une expérience vraiment révolutionnaire : intégrer la générosité. Dieu est un Dieu de générosité intrinsèque. Il a tant aimé le monde – c’est à dire nous – qu’il s’est donné lui-même (Jn 3.16). Quand Dieu a envisagé l’investissement dans le rachat de nos vies pour l’éternité, jamais il n’a pensé à une quelconque économie, mais il s’est demandé ce que cela impliquerait. Il s’est alors livré lui-même en donnant son Fils, ce qu’il y avait de meilleur au ciel et, poussé par le désir de nous sauver, il déverse encore les ressources du ciel et son Saint Esprit.

Quand Paul chercha à encourager les chrétiens de Corinthe à devenir intrinsèquement généreux, il leur indiqua l’exemple de Dieu : « Car vous connaissez la grâce de notre Seigneur Jésus Christ, qui pour vous s’est fait pauvre, de riche qu’il était, afin que par sa pauvreté, vous soyez enrichis. » (2 Co 8.9)

Paul expliqua également la façon dont cette générosité naturelle influençait sa propre vie : « Moi, je donnerai facilement de l’argent pour vous, et même, je donnerai ma vie tout entière » (2 Co 12.15, PDV). Et cela a signifié des travaux difficiles, des emprisonnements, des coups de fouet, des risques mortels, la lapidation, des naufrages, des voyages épuisants et dangereux, la faim, la soif, le froid, la vulnérabilité, la préoccupation constante pour toutes les églises et pour les personnes faibles, tentées, ou égarées (2 Co 11.23-31).

Quand l’Évangile de Jésus-Christ prend racine dans notre vie, la générosité intrinsèque de Dieu définit et façonne la direction et les décisions de notre vie. C’est l’Esprit du Christ. Comme Jésus, c’est avec joie que nous acceptons de devenir pauvres, que nous consentons le sacrifice de nos vies pour enrichir celle d’autrui. Pas seulement de nos amis, ou de notre famille, mais aussi celle des exclus dont nos ennemis et ceux qui sont peu aimables.

Comme Dieu, nous ne recherchons plus où économiser, mais nous considèrerons ce que cela implique. Plus nous prendrons conscience des besoins de ce monde, plus nous nous sentirons poussés à donner au nom de Jésus.

John Wesley (1703-1791) fit un jour l’achat de quelques gravures pour décorer son petit appartement. Il venait juste de rentrer chez lui quand une femme de chambre se présenta à sa porte. Il remarqua qu’en ce grand froid, elle ne portait qu’une robe légère de lin. Il chercha dans sa poche de l’argent pour lui permettre d’acheter un manteau, mais il ne lui restait que très peu.

Il eut la nette impression que le Seigneur n’approuvait pas la façon dont il avait dépensé son argent. Il se demanda : Ton Maître te dirait-il : C’est bien, bon et fidèle serviteur ? Tu as décoré tes murs avec l’argent qui aurait pu servir à protéger cette per-

sonne du froid. O justice ! O miséricorde ! Ces gravures ne portent-elles pas le sang de cette pauvre femme ?

Wesley avait-il eu tort d’acheter ces gravures pour son appartement ? Bien sûr que non ! Pourtant, il se rendait compte que cet achat semblait futile comparé à cette femme sans manteau.

Changer de perspective

Le regard que nous portons sur nos biens change radicalement quand nous ouvrons les yeux sur les besoins du monde et l’immensité de l’œuvre rédemptrice de Dieu pour ceux qui sont perdus, qui souffrent et pour les pauvres. Quand nous avons le courage de voir les besoins de notre entourage, le Christ transforme nos désirs et nous acceptons volontiers de sacrifier nos ressources pour la gloire de son nom. Nous commençons à réévaluer ce qui, dans notre vie, peut être considéré comme un luxe, plus qu’une nécessité.

Dans sa célèbre prédication sur la gestion de l’argent, Wesley affirme qu’il est urgent que le peuple de Dieu apprenne à utiliser ses ressources financières pour sa gloire. Il propose trois règles simples qu’il a choisi d’adopter pour gouverner sa propre vie : Gagne tout ce que tu peux, économise tout ce que tu peux, donne tout ce que tu peux. Il part du principe que Dieu nous donne en abondance, non pas pour que nous possédions plus, mais pour que nous puissions donner plus et ce principe a orienté son mode de vie. Il a établi un budget modeste pour ses dépenses annuelles, faisait don du surplus.

À un certain moment de sa vie, Wesley gagnait l’équivalent de 120 000 euros par an, mais choisit de ne vivre qu’avec l’équivalent de 15 000 euros. Il lui en restait donc 105 000 à donner. Les Écritures nous enseignent que Dieu veut notre abondance pour alimenter les besoins des autres (2 Co 8.14).

Qu’arriverait-il si nous donnions comme Dieu donne ? Il ne s’agit pas seulement de donner notre argent, mais de notre personne : notre temps, nos talents, notre énergie, nos opportunités, toutes les ressources dont nous disposons.

Jamais Dieu ne nous dira : « J’aurais préféré que tu en gardes plus pour toi-même ». Nous nous demanderons alors : Pourquoi n’ai-je pas donné plus, fait plus, été plus…?

Dieu prendra soin de nous. Tout ce que nous dépensons pour lui et pour autrui nous sera rendu multiplié. Cependant, nous ne devons pas attendre ce retour : il s’agit de vivre selon le cœur de Dieu et d’être comme lui dans ce monde. Dieu a tant aimé qu’il s’est donné. Ferons-nous de même ?

Référence

*Voir Ellen G. White, Jésus Christ, chap. 57, p. 515.

Larry Lichtenwalter

Your email address will not be published. Required fields are marked *

*