Les larmes de Joseph
« Je suis Joseph, votre frère, que vous avez vendu pour être mené en Egypte. Maintenant, ne vous affligez pas, et ne soyez pas fâchés de m’avoir vendu pour être conduit ici, car c’est pour vous sauver la vie que Dieu m’a envoyé devant vous. » (Genèse 45.4-5)
L’histoire de Joseph et de ses frères est l’une des plus impressionnantes et des plus émouvantes de toutes celles racontées dans la Bible pour illustrer la réalité de l’intervention de la Providence dans nos vies. Joseph ? Le fils favori de Jacob, un jeune homme sensible, émotif, qui aimait la compagnie de son père, mais probablement aussi un garçon vaniteux, imprudent et suffisant. Dans son étrange histoire, le texte biblique mentionne explicitement au moins huit fois qu’il pleura, et on pressent intuitivement ses pleurs dans d’autres passages. Il cria en sanglotant quand ses frères le jetèrent sans écouter ses supplications dans cette citerne vide pour qu’il y meure de faim et de soif. Il pleura aussi amèrement quand il marchait, les mains liées, dans cette caravane d’Ismaélites qui l’emmenaient en Égypte et qu’il passa tout près des collines où se trouvaient les tentes de son père. Sans doute pleura-t-il lorsqu’il fut jeté dans la prison pour n’avoir pas cédé aux séductions passionnées de l’épouse passionnée de Potiphar. Il fut intérieurement déchiré et pleura quand, déjà premier ministre en Égypte, on lui présenta Benjamin, son frère cadet. Il pleura à chaudes larmes lorsqu’il révéla son identité à ses frères et attribua son arrivée en Égypte à la providence divine. Il pleura, étreint par une vive émotion, lorsqu’il put embrasser son père après tant d’années de séparation. Et il pleura encore lorsque ses frères, craignant des représailles, lui demandèrent pardon.
Nous pouvons apprendre beaucoup de choses des larmes de Joseph. Que, malgré l’accomplissement littéral de ses rêves prémonitoires, ceux-ci furent en grande partie – mystérieuse pédagogie du ciel – la cause de ses larmes. Que « les évènements d’un seul jour l’ont transformé. D’un enfant gâté, le malheur a fait de lui un homme réfléchi, vaillant et maitre de soi. » (Patriarches et prophètes, p. 192) Que, devant les circonstances adverses, il y a un Dieu dans les cieux qui change les scénarios. Que cette souveraine Providence agit à travers les actions humaines, bonnes ou mauvaises. Que la résolution de Joseph d’être fidèle en tout et en toute circonstance lui insuffla force, courage et confiance en Dieu. Que Joseph attribua toujours à Dieu l’évolution de son expérience, favorable ou non, et qu’une vie simple et pure avait privilégié le développement vigoureux de ses facultés physiques et intellectuelles.
N’ayez pas peur de pleurer. Oui, pleurez comme un bon croyant, non « comme ceux qui n’ont point d’espérance » (1 Th 4.13), parce que cela fait partie de l’expérience chrétienne. Peut-être pleurer sera-t-il le chemin nécessaire pour accomplir vos rêves ?
(« Mais il y a un Dieu dans les cieux » Carlos Puyol Buil. Ed: Safeliz)