Le Dieu de l’impossible
« Espérant contre toute espérance, il crut, en sorte qu’il devint père d’un grand nombre de nations, selon ce qui lui avait été dit : Telle sera ta postérité. Et, sans faiblir dans la foi, il ne considéra point que son corps était déjà usé, puisqu’il avait près de cent ans, et que Sara n’était plus en état d’avoir des enfants. Il ne douta point, par incrédulité, au sujet de la promesse de Dieu; mais il fut fortifié par la foi, donnant gloire à Dieu » Romains 4:18-20
Abraham avait 80 ans quand Dieu lui promit une postérité, Genèse 15.5. Il y crut, mais les années passèrent sans la matérialisation de l’annonce. Sarah, désespérée, pensa réaliser la promesse à travers sa servante. Le récit de la Genèse révèle que lorsque Dieu avertit Abraham qu’il aurait un fils avec Sarah (Genèse 18.9-10), il avait 99 ans. Comment croire, alors qu’il n’y avait plus aucune raison apparente d’espérer ! Le texte biblique présente un Abraham
« espérant contre toute espérance ». Abraham crut en la promesse divine, même si les apparences semblaient dire une impossibilité de descendance.
Paul utilise la répétition (espérant contre toute espérance) pour accentuer un aspect de la personnalité d’Abraham, sa fidélité et son attachement indéfectible à Dieu. L’objectif de l’auteur de l’épître aux Romains est d’exalter l’authenticité de la foi d’Abraham. En effet, le patriarche était confiant et convaincu que la promesse était vraie. Cependant, il possédait toutes les raisons de douter. Sarah, âgée de 89 ans, était ménopausée, sa matrice était abîmée.
Quant au corps d’Abraham, il était « nekroo », mot grec qui signifie « en état de mortification, usé ». Les organes de reproduction du couple, notamment ceux de Sarah, avaient cessé de fonctionner depuis bien longtemps. Malgré ces réalités visibles, la foi d’Abraham ne fut pas faible.
Dix-neuf années s’étaient écoulées entre la promesse et l’annonce de l’arrivée du fils.
Abraham ne fut pas dépourvu de foi. Il ne fut envahi ni d’incertitude, ni de crainte. Sachant que la promesse venait de Dieu, le patriarche avait l’assurance qu’elle se réaliserait. Il s’affermit, ne regardant point aux évidences d’un corps usé et abîmé. Car il croyait en un Dieu capable de faire revivre un mort. Un pouvoir régénérateur, mis en œuvre pour le vieux couple stérile, dont les corps étaient déjà « morts », pouvait permettre la naissance d’un être. Abraham eut foi en un créateur capable de lui susciter une postérité. Il se remit à un Dieu
fidèle, qui ne ment point et qui exécute ce qu’il dit (Nombres 23.19).
Malheureusement, beaucoup de croyants cherchent des éléments tangibles pour exercer leur foi ; dans ce cas, la foi ne peut s’épanouir. Mais quand l’homme donne son assentiment à Dieu, ce dernier agit dans le cœur et suscite la foi. Aujourd’hui encore, Dieu demeure le Dieu de l’impossible. Là où il n’y a que désespoir, il peut redonner l’espoir. Dieu peut tout si l’humain lui donne l’occasion d’œuvrer.
Evelyne HONORE