Amitié à géométrie variable
« Je ne profanerai pas mon alliance et je ne changerai pas ce qui est sorti de mes lèvres » Psaume 89.35
Il est étudiant. Durant ses heures creuses il sillonne les rues avec une moto portant le sigle Hut pour livrer des pizzas. Quand il se déplace pour des raisons personnelles, il conduit une Honda 125. Alors quelqu’un expliquait : quand on le voit passer avec sa Honda, on sait qu’il a le temps, on lui fait un petit signe, il s’arrête, et on peut discuter avec lui un moment. Mais quand on le voit rouler avec la moto Hut, on sait qu’on ne peut se permettre qu’un petit signe furtif de la main.
Souvent, notre amitié est adaptée aux circonstances. Si on a besoin d’un ami, on ne se préoccupe guère de ce qui l’arrange ou le dérange. On lui tombe dessus et on l’accapare. Et si on n’a pas besoin de son ami, ou si on est occupé à autre chose, passerait-il sur sa Honda, on ne bouge pas, on l’ignore.
Ainsi notre amitié est sur mesure. La mesure, c’est nous.
Jésus a tenté de nous tirer un jour dans une autre direction dans la parabole du juge inique.
Une pauvre veuve demandait à un juge de lui faire justice en face de son adversaire. Cette veuve l’ayant longtemps importuné, le juge décida, n’en pouvant plus, de lui faire justice. Le Seigneur conclut en disant : Et Dieu ne ferait-il point justice à ses élus, qui crient à lui jour et nuit, et tarderait-il à leur égard ?
Le Seigneur a donné son amitié sans mesure, sans attendre d’être importuné. Il a toujours pris la mesure des autres pour les aimer sans mesure. Il faudrait se le rappeler, sinon nous risquerions de ressembler au juge inique qui n’avait aucune considération pour une pauvre veuve. C’est un clin d’œil du Seigneur pour nous inviter à donner de notre amitié en mesurant le besoin de celui ou de celle qui nous côtoie chaque jour.
Pierre L’EPLATTENIER