Le chemin de toute la Terre
« Je m’en vais par le chemin de toute la terre. » 1 Rois 2.2
Cet euphémisme biblique, le chemin de toute la terre, si poétique et tellement doux, pour annoncer aux siens sa mort prochaine, et que l’on retrouve dans la bouche de deux grands hommes, le général Josué et le roi David, tranche avec l’affirmation moyenâgeuse, mais qui perdure jusqu’à ce jour, de la mort égalisatrice.
Je contemple deux peintures, deux représentations, deux visions distinctes :
Le chemin qui lentement serpente et suit les accidents du terrain, et par l’effet de la perspective finit par disparaître à l’horizon ; le chemin que l’on sait devoir emprunter parce que chacun à son tour, un jour ou l’autre, l’emprunte, mais aussi parce que la mission de notre vie est accomplie : on est vieux et avancé en âge, on le sent, et c’est délibérément que l’on va y marcher bientôt, le temps de faire ses dernières
recommandations ; le chemin où l’on tourne le dos à son passé mais en ayant pris soin de diriger les regards de ceux qui restent vers un avenir confiant et triomphant ; le chemin où l’on meurt en paix, la conscience tranquille, parce que nos œuvres, nos œuvres d’amour envers Dieu et envers notre prochain, nous suivent… Est-ce là vraiment le chemin de toute la terre ?
La mort égalisatrice : pour tous, le bruit du marteau enfonçant les clous du cercueil ; pour tous, les pelletées de terre recouvrant et souillant les plus belles boîtes ; pour tous, glorieux ou miséreux, os vides et secs, anonymes, insignifiants, quelconques. On ne peut le nier, la mort égalise toutes les conditions, et de nombreux proverbes l’affirment avec perspicacité : « Le cadavre du pape ne prend pas plus de place que celui du sacristain. » (Proverbe espagnol); « Six pieds de terre font égaux tous les hommes. » (Proverbe anglais); « Tout est bois gris quand il est réduit en cendres. » (Proverbe chinois). C’est la mort vengeresse, vindicative, justicière, qui, dans le néant, finalement et inexorablement, abaisse le riche, le fort, le noble, et le place, dans la poussière, au même niveau que le pauvre, le faible, le serf. Un proverbe arabe déclare : « Dieu ne nous a rendus égaux que par la mort. » Réellement ?
Je réfléchis… Un proverbe allemand dit : « Qui cherche l’égalité aille au cimetière. »
Certes, c’est une réalité impossible à effacer… Mais l’égalité, ce n’est pas ce que je recherche. Ce que je veux c’est la vie ! Ah, je me souviens avec bonheur d’une offre millénaire : la vie éternelle en prenant le chemin du Calvaire… Le long de ce sentier s’établit une égalité parfaite qui élève tout être humain à la dignité de fils ou de fille de Dieu. Gens de bonne volonté, n’hésitez pas à y cheminer !
Danièle STARENKYJ