Réveil et Reforme

Blog « Réveil et Réforme » de l'Église Adventiste du Septième Jour de l'île de La Réunion

Vigile matinale 02 septembre

2 septembre 2017

La majorité d’une voix

« Parcourez les rues (…), regardez, je vous prie, informez-vous ; cherchez sur les places s’il s’y trouve un homme, s’il y en a un qui agisse selon l’équité, qui recherche la probité (…) » Jérémie 5.1

La quête d’un être humain juste, depuis toujours, a souvent été au cœur de bien des  investigations. On se souvient de Diogène, le cynique, cherchant avec sa lampe allumée en plein jour « un homme qui soit vertueux, honnête, et juste » mais n’en trouvant aucun… lui-même n’étant pas meilleur que les autres. Salomon y est allé de la même plainte : « Il n’y a sur la terre pas de juste qui fasse le bien sans pécher »(1), lui-même ayant immensément péché… Nous sautons les siècles, et nous nous arrêtons au cri d’Henri David Thoreau qui, en 1849(2), faisait cette récrimination amère : « Si un seul HONNÊTE homme cessait, (…) de garder des esclaves, venait vraiment à se retirer de cette confrérie, (…) cela signifierait l’abolition de l’esclavage en Amérique. »

Mais, lui aussi eut à pousser ce soupir : « Oh ! que ne puis-je trouver un homme, un vrai, (…) pas une chiffe qu’on retourne comme un gant ! (…) Combien d’hommes y a-t-il dans ce pays pour 1000 m² ? À peine un. » Selon Thoreau, c’était « l’action fondée sur un principe, la perception et l’accomplissement de ce qui est juste, voilà qui change la face des choses et des relations ». Et suit son appel qui a traversé les temps jusqu’à présent : faire ce qui est bien, ce qui est juste sur le champ « sans attendre de constituer la majorité d’une voix. (…) S’ils (les abolitionnistes) écoutent la voix de Dieu, ils n’ont nul besoin, me semble-t il, de compter sur une autre voix. En outre, tout homme qui a raison contre les autres, constitue déjà une majorité d’une voix. »

La majorité d’une voix ! Dans les camps de la mort, cette majorité s’est manifestée pour démentir certaines affirmations de Freud, à savoir que l’exposition uniforme des personnes les plus diverses à la faim effacerait rapidement leurs distinctions pour les engloutir toutes dans le besoin urgent de satisfaire leur propre besoin viscéral sans aucun égard au besoin des autres. Avec une ironie triste, Viktor Frankl(3)remarque que les patients de Freud étaient couchés sur des divans bien rembourrés et non dans la saleté abjecte d’Auschwitz… Mais là, sur ces planches recouvertes de paille souillée, « les différences individuelles ne se sont pas estompées. Au contraire, les gens sont devenus plus différents encore ; ils ont tous, les crapules et les saints, perdu leurs masques. » Les crapules sont devenues toujours plus crapules et les saints, cette minorité éblouissante, se sont mis à briller comme des flambeaux au sein de cet enfer.

Il y a 2000 ans, du sein d’une foule en délire qui venait de crucifier « l’Homme »(4), s’élevant au-dessus des rugissements de ces fauves, il y eut la voix du centurion : « Cet homme était vraiment Fils de Dieu »(5). La majorité d’une voix ! Et depuis, des millions de saints triomphent des stratagèmes des crapules sans se laisser corrompre. Minorité absolue. Incontournable. Indéracinable. Elle est le sel de la terre(6).

Danièle STARENKYJ

1. Ecclésiaste 7.28
2. Thoreau H.D., Du devoir de la désobéissance civile, 1849
3. Frankl V., Man’s Search for Meaning, Beacon, 2006
4. Jean 19.5
5. Marc 15.34-
6. Matthieu 5.13

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