Réveil et Reforme

Blog « Réveil et Réforme » de l'Église Adventiste du Septième Jour de l'île de La Réunion

Jour 6 – La justification par le foi- aujourd’hui

9 novembre 2017

La où la théologie confronte le quotidien

Chaque fois que les  chrétiens se souviennent de la doctrine biblique de la justification par la foi seule, on assiste à un réveil, à un renouveau, et à une réforme.
Ce fut le cas lorsque Martin Luther remonta jusqu’à l’apôtre Paul (« Paul, mon Paul ») à travers une tradition ecclésiastique de plus de mille ans, et qu’avec cette « thèse suprême »(1), il mit en branle la Réforme du 16e siècle.Après avoir écouté la Préface à l’épître aux Romains de Luther le 24 mai 1738, à Aldersgate Street, à Londres, John Wesley lança un mouvement de réveil en Angleterre, lequel devint « une période déterminante de l’histoire anglaise »(2).

Ce fut aussi le cas lorsque s’ouvrit en 1888, à la session de la Conférence générale de Minneapolis, un nouveau chapitre christocentrique de  l’histoire de l’Église adventiste grâce à la contem- plation de la justice du Christ. Ce revirement donna pour fruit plusieurs livres d’Ellen White centrés sur le Christ : Steps to Christ (Vers Jésus), Thoughts From the Mount of Blessing (Heureux ceux qui), Christ’s Object Lessons (Les paraboles de Jésus), et The Desire of Ages (Jésus-Christ).

D’un autre côté, on remarque que les périodes où les chrétiens se focalisaient sur leurs propres accomplissements et mérites ont toujours été des périodes de déclin. Dès le 2e siècle apr. J.-C., la focalisation de Paul sur la justification par la foi cessa d’être correctement comprise. Au cours du Moyen-Âge, ses adeptes étaient une minorité, et à la veille de la Réforme, l’opinion qui régnait, c’était que « si un homme fait ce dont il est capable, alors Dieu y ajoutera sa grâce ». Cette phrase consterna Luther et le poussa à s’exclamer dans son cours sur l’épître aux Romains : « Oh, insensés que vous êtes ! »(3)

Justification des pécheurs ou justification de Dieu ?

Considérées dans le contexte de la situation religieuse actuelle, ces circonstances semblent avoir peu d’importance pour aujourd’hui.

Dans la théologie moderne, la doctrine de la justification ne joue qu’un  rôle secondaire. On la considère comme une polémique contre le légalisme judaïque se limitant aux jours apostoliques. Après tout, celle-ci ne se retrouve que dans deux des épîtres pauliniennes,  et ainsi, elle n’est que « d’une importance secondaire » pour la doctrine chrétienne de la rédemption. Cette  doctrine est en voie de disparition, dit-on, parce que la situation historique pour laquelle elle fut formulée n’a plus de pertinence aujourd’hui.

Une exception au manque d’intérêt actuel n’est enregistrée que dans le secteur des politiques œcuméniques de l’Église, où la « Déclaration commune » de 1999 entre le Concile pontifical pour  la promotion de l’unité chrétienne et la Fédération mondiale luthérienne déclara un « consensus principal » sur la doc- trine de la justification, ce que le pape Benoît XVI considéra comme un « jalon sur la route de l’unité chrétienne »(4). Mais depuis, il a été très silencieux à l’égard de ce document, car, selon l’opinion de nombreux commentateurs, il ne dit qu’avec des mots similaires ce qui continue à être compris différemment.

Finalement, la plupart des gens, souvent des laïcs, ne cherchent plus un « Dieu miséricordieux » comme le faisait Luther, mais demandent si Dieu existe vraiment. Et s’il existe, eh bien, il devrait se justifier lui-même pour toute la souffrance et le mal dans le monde !

Bien entendu, la plupart des gens à la mentalité laïque ne sont pas des athées agressifs. L’attitude prévalant parmi eux est celle d’un « athéisme pratique », une perspective dans laquelle on ne lutte pas contre Dieu – on l’ignore, tout simplement, parce que de toutes façons, on se débrouille très bien sans lui.

L’unique solution à ce dilemme se trouve dans Jésus de Nazareth, l’“homme absolu” dont la vie, la mort et la résurrection garantissent le salut présent et futur.

Notre défi

D’une perspective chrétienne, com- ment approcher des gens ayant cette mentalité et faire naître une prise de conscience pour l’Évangile ? La plupart d’entre eux ne savent pas ce qu’est le péché, et encore moins que c’est fondamentalement une offense contre Dieu (Ps 51.7-13). Ils ne savent pas non plus comment le péché peut être pardonné (1 Jn 2.2) et que la paix (Rm 5.1) et une espérance qu’on ne peut trouver en ce monde (Tt 2.11-14)  font partie d’une vie épanouie.

Tout en semblant n’avoir aucune place pour Dieu, les êtres humains souffrent de culpabilité au niveau horizontal : conflits interpersonnels, injustice sociale et politique, guerres entre les nations, et la destruction de la nature –   le fondement même de notre existence.

La prédication adventiste peut susciter une prise de conscience personnelle  de plusieurs manières :
Nous reconnaissons que  l’aliénation de nous-mêmes et de notre environnement réside dans l’aliénation de celui qui donne la vie – le Créateur. Le verdict de l’apôtre est clair : « Nul n’est intelligent, nul ne cherche Dieu. Tous se  sont  égarés » (Rm 3.11,12).

Notre expérience atteste la véracité de la déclaration scripturaire suivante :
« Un Éthiopien  peut-il  changer  sa  peau, et un léopard ses taches ? De même, pourriez-vous faire le bien, vous qui êtes exercés à faire le mal ? » (Jr 13.23)

Le problème n’est pas tant au niveau des circonstances que de l’humanité même, laquelle est incapable de se maîtriser et de trouver une solution pour ce monde. C’est, comme Jésus et Paul, respectivement, l’affirment, « du cœur que viennent les mauvaises pensées » (Mt 15.19), et chacun de nous est « charnel, vendu au péché » (Rm 7.14). Le péché (au singulier, en tant que condition) se détourne ultimement de Dieu pour se tourner vers la création : nous nous pensons maîtres de notre vie. Cette attitude conduit aux péchés (pluriel, les actes du péché).

Mais alors, que ferons-nous ?

L’unique solution à ce dilemme se trouve dans Jésus de Nazareth, l’« homme absolu » dont la vie, la mort et la résurrection garantissent le salut présent et futur. Il a vécu parmi nous « dans le monde » tout en n’étant pas « du monde ». Il est le moyen de revenir à Dieu, parce qu’en tant que Fils de Dieu, il est lui-même la « révélation de Dieu » (voir Jn 14.6,9). Si nous sommes honnêtes, nous reconnaîtrons que l’aspiration humaine à réaliser le « meilleur  des mondes » est  réellement  utopique. En dépit des grandes avancées technologiques – puissance nucléaire, exploration de l’espace, règne numérique de bits et d’octets – ce « monde parfait » demeure hors d’atteinte. Les pécheurs sont incapables de créer quelque chose de pur !

La « nouvelle terre où la justice habitera » (2 P 3.13) ne peut être promise et donnée que par Dieu ; les disciples du Christ peuvent alors l’espérer et l’attendre.

Tout ceci fait de la doctrine  chrétienne du  salut  une  option  intemporelle et indispensable pour nos semblables impuissants et désespérés. Les  adventistes sont appelés à prêcher ce message pour notre temps au monde : ce n’est qu’« en Christ » que nous pouvons avoir la paix avec Dieu et les uns avec les autres ; seul son amour donne un sens à la vie et l’espérance d’un monde où la justice règne. Comme l’écrit Ellen White, « de tous les chrétiens, les adventistes du septième jour devraient être les premiers  à prêcher le Christ au monde »(5).

 

(1) Martin Luther, Luthers Schriften: Weimar Edition, Metzler, Stuttgart, 2004, vol. 21, p. 219.

(2) William Lecky, cité dans Julius Roessle, Johannes Wesley, 2e éd., Brunnen, Giessen, 1954, p. 24.

(3) Martin Luther, Luthers Schriften: Weimar Edition, Metzler, Stuttgart, 2007, vol. 56, p. 274.

(4) ideaSpektrum 46, novembre 2005, p. 12.

(5) Ellen G. White, Évangéliser, p. 175.

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