Ekkehardt Mueller
La plupart des gens sont probablement d’accord pour dire que l’unité, c’est important. L’unité est devenue une devise bien exploitée en politique et en religion. Il y a les États-Unis d’Amérique et le Royaume-Uni. L’hymne national de l’Allemagne parle d’unité. Les partis politiques insistent sur l’unité. Le slogan « l’union fait la force » nous est familier. Nous entendons parler de l’Église unie du Christ, de l’Église unie du Canada, de l’Église méthodiste unie, de l’Église unie de l’Australie, pour n’en nommer que quelques-unes. Nous nous servons d’illustrations pour montrer combien l’unité est importante. Prenez, par exemple, une allumette et brisez-la. Facile, n’est-ce pas, même pour un jeune enfant. Par contre, attachez 10 ou 20 allumettes ensemble et essayez de les briser… C’est très difficile, sinon impossible.
L’unité, c’est également important pour les adventistes. Dans cet article, nous allons jeter un coup d’œil sur l’unité dans les Écritures et, en nous basant sur ce que nous y découvrirons, nous essaierons d’appliquer ces concepts-clés à l’Église adventiste.
L’unité dans les Écritures
Dans les Écritures, le sujet de « l’unité » est souvent exprimé par le terme « un ». Il est utilisé dans les sens positif et négatif.
1. L’unité et la création. Dans le récit de la création, Dieu dit : « Faisons l’homme à notre image » (Gn 1.26). Le verset suivant va comme ceci : « Dieu créa l’homme à son image ». Il y a un Dieu, mais dans ce seul Dieu se retrouve une pluralité de personnes. L’unité de la divinité est clairement soulignée dans Deutéronome 6.4 : « Écoute, Israël ! L’Éternel, notre Dieu, l’Éternel est un. » Le verset cinq poursuit : « Tu aimeras l’Éternel, ton Dieu, de tout ton cœur, de toute ton âme et de toute ta force. » Lorsqu’on demanda à Jésus « Quel est le premier de tous les commandements ? » (Mc 12.28), il cita Deutéronome 6.4, 5, la profession de foi juive. Jésus et ses disciples croyaient aussi en un seul Dieu, manifesté cependant dans le Père, le Fils et le Saint-Esprit. Il est intéressant de noter que Jésus a basé son appel à aimer Dieu et notre prochain sur l’unité de Dieu. Parce que Dieu est un en trois personnes, notre amour pour lui et pour notre prochain ne peut être divisé. Aimer les membres de l’Église du Christ mène à la communion fraternelle et à l’unité. Ainsi, la source et le fondement de l’unité se trouvent dans la Trinité.
L’unité de Dieu se reflète dans la création du mariage. Deux personnes, différentes en genre, deviennent un dans le mariage (Gn 2.24 ; voir Mt 19.5,6). L’unité exprimée dans le mariage est censée être un reflet de l’unité dans la Trinité. L’unité est plus qu’une union de deux personnes ou plus du même genre. Elle ne nie pas la diversité. Le miracle de l’unité voulue de Dieu, c’est que des gens avec de grandes différences sont unis pour former un nouvel « organisme » dans lequel ils sont considérés égaux.
2. L’unité et la chute. De la chute est né un type d’unité négatif dont Paul traite plus à fond dans ses écrits. Après la chute d’Adam et d’Ève, l’humanité s’est unie dans son opposition à Dieu (Rm 1, 2). Tous sont devenus pécheurs (Rm 3). Ils sont unis par le lien aberrant de la sagesse de ce monde (1Co 1.20,21). En conséquence de leur péché, il y a unité dans la mort (Rm 6.23). Tous les pécheurs doivent mourir. Adam est devenu la figure unificatrice de l’humanité.
3. L’unité en Christ. C’est par la mort de Jésus sur la croix et par sa résurrection que les humains ont la possibilité d’être libérés de la puissance du péché et de la mort. En d’autres termes, l’unité dans le péché et la mort a été et sera détruite pour ceux qui croient en Christ et demeurent en lui, le nouveau chef de l’humanité, le second Adam. À travers le baptême, ils sont ajoutés à l’Église du Christ et à son troupeau (Mt 16.18 ; Lc 12.32). Cette unité est essentiellement une unité avec le Seigneur, mais aussi – et elle doit l’être – une unité avec les autres croyants. « J’ai encore d’autres brebis qui ne sont pas de cette bergerie ; celles-là, il faut aussi que je les amène ; elles entendront ma voix, et il y aura un seul troupeau, un seul berger. » (Jn 10.16). Dans sa prière sacerdotale, Jésus a donc prié pour l’unité de ses disciples (Jn 17.11).
Ces disciples du Christ venaient et viennent encore et toujours de contextes différents. Il ne faut pas nier la diversité. Ils sont différents. Mais ils ont été rendus un en Jésus qui a renversé les barrières du genre, de la nationalité, de la race, du statut, de l’éducation, et de toute autre obstacle qui puisse exister (Ep 2.11-22 ; Ga 3.26-29). La diversité est importante, mais l’unité la surpasse. Maintenant, les croyants forment un seul corps, le corps du Christ, dont celui-ci est la tête (Ep 1.22,23 ; 4.4 ; Col 1.18). Ils utilisent leurs différents dons pour l’édification de
l’Église et pour sa mission (Ep 4.11,12 ; 1 Co 12). Bien que leurs rôles puissent varier, ils sont égaux devant un Dieu impartial. « Il y a un seul corps et un seul Esprit, comme aussi vous avez été appelés à une seule espérance, celle de votre vocation ; il y a un seul Seigneur, une seule foi, un seul baptême, un seul Dieu et Père de tous, qui est au-dessus de tous, parmi tous et en tous. » (Ep 4.4-6)
L’unité pour les adventistes
Les Écritures présentent clairement l’idéal, mais à l’instar de l’église de Corinthe, les églises peuvent souffrir de factions (1 Co 1-3). Les adventistes sont confrontés par des forces culturelles, sociales, philosophiques, politiques, entre autres, lesquelles menacent l’unité de l’Église. Que faire pour rester unis ?
En s’adressant aux Corinthiens, Paul souligne que cette unité doit se fonder dans le Seigneur crucifié, « lequel, de par Dieu, a été fait pour nous sagesse, justice et sanctification et rédemption » (1 Co 1.30, LSG). C’est Christ, c’est la divinité qui garantit l’unité. Nous devons donc nous concentrer sur Jésus. Mais la foi en Jésus ne peut être seulement théorique. Elle doit inclure un message commun, c’est-à-dire « la vérité » (Jn 17.17) et le partage de la « seule espérance » et de la « seule foi » (Ep 4.4,5). L’unité sans la vérité n’est que sentimentalisme, elle est dépourvue de fondements solides.
Deuxièmement, suivant l’exemple de Jésus, celui qui est un avec le Père, il faut prendre soin des croyants et des différentes entités de l’Église au moyen de gestes concrets motivés par l’amour fraternel et au moyen de notre soutien financier (1 Jn 3.13-18 ; 2 Co 8.1-5). En outre, cela implique de travailler ensemble pour l’accomplissement de la mission confiée à cette Église (Mt 28.19,20 ; Ap 14.6-12). Une tâche commune peut nous aider à nous élever au-dessus de nos malen- tendus (souvent) insignifiants, de nos conflits, et de nos différences d’opinion.
L’unité ne se fera pas automatiquement. Nous devons la rechercher (Ep 4.3). En nous rapprochant de celui qui nous aime infiniment, nous nous rapprocherons les uns des autres. Finies les distances !
Ekkehardt Mueller, un Allemand de naissance, est directeur adjoint de l’Institut de recherche biblique de la Conférence générale à Silver Spring, au Maryland (États-Unis).