Des sanglots pour nourriture
« Mes soupirs sont ma nourriture et mes cris se répandent comme l’eau. Ce que je crains, c’est ce qui m’arrive ; ce que je redoute, c’est ce qui m’atteint » (Job 3.24-25)
Avez-vous déjà souffert d’un état dépressif ? Avez-vous été obligé de prendre des anxiolytiques sur ordonnance médicale ? Savez-vous qu’en Suisse alémanique, la dépression est endémique ? Je l’ai appris en écoutant une prédication fort intéressante de mon collègue alémanique Karl Stambach sur la dépression. Dans mon ministère, j’ai dû intervenir dans deux cas de suicides causés par la dépression. L’un n’était qu’une tentative ratée, l’autre était horriblement consommé. Je me souviens aussi d’un collègue cher qui, face à une grande église, me confiait un jour : « Carlos, parfois je voudrais mourir… » C’est qu’un état dépressif qui menotte notre courage et tenaille notre volonté est terrible, incontrôlable, totalement négatif, sans issue à l’horizon, irrationnel, et comme le disait Job : « Mes soupirs sont ma nourriture et mes cris se répandent comme l’eau. Ce que je crains, c’est ce qui m’arrive ; ce que je redoute, c’est ce qui m’atteint. »
Mais il y a un Dieu dans les cieux… Quand je suis accablé par les circonstances de la vie et me sens incapable d’avancer. Quand je me sens découragé. Quand je n’aperçois aucune lueur au bout du tunnel. Quand ma vie me paraît trop difficile. Quand je voudrais mourir. Quand les médecins m’ont dit que je souffre d’une déprime, que je me sens malade et ne vois pas comment m’en sortir.
Malheureusement, la dépression est la maladie à la mode du jour. Des millions de gens en souffrent, particulièrement dans les sociétés développées, et, surprise, aussi dans l’église.
N’oublions jamais que beaucoup d’hommes de Dieu ont souffert de cette carence de l’âme qu’est le découragement : Job, dans sa dure épreuve, Abraham, après sa victoire sur les rois de la plaine ; Joseph, lorsqu’il fut vendu par ses frères ; Josué, lorsqu’il dut succéder à Moïse et commencer la conquête ; Saül, lorsqu’il sut que Dieu l’avait destitué ; David, lorsqu’il fuyait la persécution royale devant aboutir à sa mise à mort ; Élie, lorsqu’il fut menacé par la reine Jézabel et qu’il voulut mourir ; Jérémie, Jean-Baptiste, Pierre et bien d’autres encore. Oui, c’est vrai, la dépression frappe aussi les fidèles enfants de Dieu à un moment ou l’autre de leur vie.
Dieu connaît la fragilité de chacun d’eux et sait jusqu’où ils peuvent supporter les crises émotionnelles. Plongés dans quelque situation que ce soit, nous devons tous nous souvenir que nous pouvons nous « approcher avec assurance du trône de la grâce, afin d’obtenir miséricorde et de trouver grâce, pour être secourus dans nos besoins. » (Hé 4.16).
(« Mais il y a un Dieu dans les cieux » Carlos Puyol Buil. Ed: Safeliz)