« Il se rendit à Nazareth, où il avait été élevé, et, selon sa coutume, il entra dans la synagogue le jour du sabbat. Il se leva pour faire la lecture, » Luc 4.16
Jésus n’abolit pas le Sabbat, mais il en réforme l’observance, car « la multitude des règles casuistiques (1521, selon Rabbi Johanan) avaient fait de cette observance un rituel juridique en plus qu’un service d’amour. […] Cette dimension originelle du Sabbat, jour où Dieu est honoré par l’intérêt et la compassion que l’on a envers ses semblables, avait été généralement oubliée au temps de Jésus » (p. 29). « Le programme de réforme sabbatique du Christ doit être replacé dans le contexte d’ensemble de son attitude vis-à-vis de la Loi. Dans le sermon sur la montagne, il explique que sa mission est de replacer les diverses prescriptions de la Loi dans leur esprit d’origine (Mat. 5 :17 et suivants). Il était absolument nécessaire de clarifier ainsi les intentions sous-jacentes aux préceptes, depuis que l’accumulation des traditions avait le plus souvent obscurci leur visée originelle » (p. 30).
Parce qu’il fait des guérisons ce jour-là, les Juifs l’accusent de transgresser le Sabbat (Jean 5 :16,18 ; 9 :15), « mais c’est précisément cette accusation que le Christ a constamment repoussée. […] Jésus n’admet jamais avoir transgressé le Sabbat » (p. 38).
La « relation entre le Sabbat et le salut est bien soulignée par Jean dans le récit des deux miracles opérés par le Christ un jour de Sabbat (Jean 5 :1-18 ; 9 :1-41) » (p. 33), qui montrent que ces guérisons sont légitimes, car « de même que le prêtre, le jour du sabbat [Jean 7: 22, 23], étend au nouveau-né la bénédiction de l’alliance par la circoncision, ainsi le Christ doit-il, ce même jour, travailler au salut de l’homme tout entier » (p. 45), comme son Père qui « est encore à l’œuvre à présent » (Jean 5:17) pour sauver les pécheurs. « En identifiant sa mission avec le Sabbat, le Christ révèle la raison d’être divine du précepte : la communion de l’homme avec son Dieu. Par le Christ, le Sabbat devient non seulement un temps de commémoration de la création passée, mais aussi un temps d’expérience du salut par le service d’autrui » (p. 45).
Dans Marc 2 : 27, 28, on lit que « le Sabbat a été fait pour l’homme, et non l’homme pour le Sabbat, de sorte que le Fils de l’homme est maître même du Sabbat » : par cette phrase Jésus affirme aux pharisiens que « le Sabbat est venu à l’existence (egeneto) après la création de l’homme, non pas pour le rendre esclave de règles, mais pour assurer son bien-être physique et spirituel. Son observance ne restreint pas ce bien-être, elle le garantit » (p. 47); et « lorsqu’il se proclame Seigneur du Sabbat, le Christ n’accorde pas une liberté totale à ses disciples vis-à-vis du Sabbat ; mais il affirme plutôt qu’il a autorité pour déterminer comment le Sabbat doit être observé, pour l’honneur de Dieu et le bien-être de l’homme » (p. 50) face aux « traditions rabbiniques souvent absurdes » (p. 51).