Souffrance et victoire
« Je vous ai dit tout cela pour que vous ayez la paix dans l’union avec moi. Vous aurez à souffrir dans le monde. Mais soyez courageux ! J’ai vaincu le monde ! » Jean 16, 33
Il n’est guère de sujet qui ait autant fait couler d’encre, de sueur et de larmes que celui de la souffrance. Sujet qui hante aussi bien le croyant que l’incroyant. La vie est certes belle, mais elle peut aussi être dure et cruelle. Des épreuves brutales nous frappent, des accidents stupides obscurcissent notre chemin, des injustices nous révoltent. Comment concilier alors l’amour de Dieu avec l’existence de toutes les misères du monde, des favelas de Rio ou de Manille, des guerres qui affament des populations entières, de l’irresponsabilité de certaines politiques aux conséquences désastreuses ? Un cri de douleur, de rage, de révolte et d’impuissance s’élève de cœurs épris d’amour et de justice. Les solutions faciles et les réponses toutes faites, souvent culpabilisantes, n’ont jamais satisfait personne.
Si la vie n’est que ce que l’on voit, alors il n’y pas de réponse à la souffrance des hommes.
Mais si la mort n’est pas ce baisser de rideau sans espoir, si elle est attente de la résurrection à la fin des temps, alors tout peut prendre un sens, y compris la souffrance. Le Christ ne l’a pas ignoré, lui qui s’est laissé conduire jusqu’à la croix.
Ainsi les souffrances, au lieu de se perdre dans les marécages du désespoir et de la révolte, peuvent être source d’une vie plus haute, plus belle et plus féconde. Le secret est de placer nos propres croix à l’ombre de cette autre croix d’où l’amour un jour a fait jaillir la vie.
Dieu ne nous élève pas à l’abri de la souffrance, mais à travers elle. Le mystère de la souffrance reste entier. L’expliquer serait le justifier. Mais le message de Dieu est que Jésus n’a pas évité la souffrance. Ainsi le bonheur d’une vie c’est d’avoir dans le désespoir un chemin vers Pâques, d’où un jour jaillit la lumière de la promesse d’un monde nouveau.
Pierre L’EPLATTENIER