Réveil et Reforme

Blog « Réveil et Réforme » de l'Église Adventiste du Septième Jour de l'île de La Réunion

Jour 5 – Les commandements de Dieu : un reflet du caractère de Dieu

8 novembre 2017

Les bonne œuvres sont la conséquence du salut

A la veille de la Réforme, une religiosité intense et vigoureuse caractérisait le monde chrétien.
À cette époque, la plupart des gens étaient pieux et fidèles à l’Église. Cependant, leur piété était largement induite en erreur – un fait reconnu même par l’historiographie catholique :
« La prière, la vie, et les enseignements étaient fort éloignés des Écritures et de l’idéal apostolique. »(1)

La vie religieuse était fréquemment empreinte de formalisme et de routine. À Cologne seulement, en Allemagne, on célébrait des centaines de messes par jour. Cependant, aucun service de prière n’était offert dans la langue locale, et les jeunes ne recevaient aucune instruction religieuse. Dans leur quête de sécurité séculière et spirituelle, les gens affluaient aux monastères. L’Allemagne d’alors comptait peut-être 20 millions d’habitants, dont 1,5 million de prêtres et de moines. On encourageait les  croyants non à lire les saintes Écritures, mais plutôt à entreprendre des pèlerinages difficiles (comme, par exemple,  le voyage à Trèves, en  Allemagne,  pour voir la « sainte tunique du Christ »), ou   à s’émerveiller devant les nombreuses collections de reliques. L’électeur Frédéric de Saxe – le souverain régnant sur la région où Luther habitait – possédait une collection de plus de 19 000 reliques(2), lesquelles incluaient « du foin de la mangeoire de Jésus », « une petite branche du buisson ardent », et « des gouttes de lait venant de Marie, mère de Jésus ». Étonnamment, l’authenticité de ces artéfacts ne fut jamais mise en doute.

La bataille contre les indulgences

Au cours de son ministère terrestre, Jésus exhorta les croyants à faire de bonnes œuvres (Mt 5.16). Mais avec le temps, sa recommandation fut, hélas, déformée au point de devenir totalement étrangère à l’Évangile. Lorsque Jésus pardonnait les péchés (Mc 2.5 ; Jn 8.11), il ne prescrivait pas de pénitence aux pécheurs repentants, mais les envoyait en paix. Les théologiens médiévaux tournèrent la miséricorde de Jésus en un système juridique complexe et orienté vers les œuvres. Pendant la confession, on obtenait du prêtre la rémission des péchés, mais encore fallait-il, pour compléter l’expiation des fautes, se livrer à des œuvres de pénitence. Pour s’épargner de telles œuvres, on développa la doctrine des indulgences pour les punitions temporelles du péché. Le commerce des indulgences commença au Moyen-Âge. On pouvait en acheter pour libérer les âmes (supposément) au purgatoire. Si la vente des indulgences a cessé après la Réforme, en revanche, la doctrine catholique des indulgences existe encore aujourd’hui(3).

La Réforme survint en raison de la lutte contre la légitimité de tels œuvres   de pénitence et contre la vente des indulgences. Comme les papes de l’époque avaient besoin de fonds pour financer la construction du dôme de l’église Saint-Pierre de Rome, ils firent la promotion de la vente d’indulgences. Selon l’historien catholique Joseph Lortz, un véritable « commerce scandaleux »(4) commença à se répandre. Jean Tetzel, prêtre dominicain au nombre des prédicateurs d’indulgences les plus éminents, y allait de cette promesse aux croyants  : « À peine l’argent a-t-il sonné dans ma caisse que l’âme s’élance hors du purgatoire et prend son vol vers le ciel.  »(5)

D’où la colère de Martin Luther – un jeune professeur de théologie à Wittenberg. Dans une lettre à l’arche- vêque Albrecht, de Mayence, il protesta contre cette déformation de la doctrine chrétienne : « Christ n’a ordonné nulle part la prédication des indulgences ; c’est plutôt sur la prédication de l’Évangile qu’il a insisté. »(6)

En s’appuyant sur le récit de son ami Philippe Mélanchthon, Luther

Les chrétiens vivent

“sous la loi, mais sans la loi”.

écrivit ces lignes le 31 octobre 1517, et placarda une liste de 95 thèses contre la doctrine des indulgences et  les  œuvres de pénitence sur la porte de l’église du château de Wittenberg, en Allemagne. La première thèse eut l’effet d’une bombe : les œuvres ne représentent pas   la punition pour le péché ; c’est par une repentance constante qu’on mène une   vie chrétienne. « Lorsque notre Seigneur et maître Jésus-Christ a dit “Repentez- vous”, il voulait que la vie entière des croyants en soit une de repentance. »(7)

« Observez les commandements ! »

Dans son « Traité des bonnes œuvres » (rédigé en 1520), le réformateur expliqua ce que devraient être les œuvres des chrétiens. Les bonnes œuvres sont seule- ment celles que Dieu exige, et non celles que nous imposent nos semblables. Et si l’on veut savoir ce que sont ces bonnes œuvres, il n’y a qu’à écouter ce que Jésus répondit au jeune homme riche : « Si tu veux entrer dans la vie, observe les commandements. » (Mt 19.17)

Il s’agit ici des dix commandements, et non des canons ou des traditions ecclésiastiques. Pour observer ces com- mandements, la foi venant de Dieu est essentielle, car c’est elle qui nous donne la puissance nécessaire pour y arriver. Sans Christ, les œuvres sont mortes.(8)

Sans les œuvres découlant de la foi, la foi n’est qu’une apparence : « Combinez la foi et les bonnes œuvres, et vous obtiendrez la totalité de la vie chrétienne. »  (9)Les bonnes œuvres sont « le signe et le sceau » d’une foi authentique(10). La foi se traduit par l’amour, et l’amour, par l’observation des commandements(11). Ainsi, les chrétiens vivent « sous la loi, mais sans la loi »(12). « Sans la loi », parce que ceux qui croient en Christ ne peuvent être condamnés par elle ; « sous la loi », parce qu’elle demeure valide  même pour les chrétiens nés de nouveau. C’est  la loi qui nous permet d’identifier le péché (Rm  3.20)  et  de  nous  réorienter – une fois éclairés et motivés par le Saint-Esprit – vers la volonté  de  Dieu (Rm 8.4 ; He 8.10).

Ellen White écrit de façon similaire qu’en fait, la loi est incapable de sauver. Par contre, lorsque Dieu imprime sa loi dans le cœur, le chrétien peut et doit l’observer(13).

Luttant contre les « antinomiens » – les « opposants à la loi » à l’intérieur de ses propres rangs – Luther déplorait que nombre de ses disciples ne faisaient que céder au « doux Évangile », où la justification du péché est plus importante que la justification du pécheur. Il pressentait qu’un temps viendrait où les gens vivraient à leur guise et prétendraient qu’il n’y a pas de Dieu(14).

Dieu a appelé les adventistes à avertir le monde de ce danger et à l’exhorter à garder les  dix  commandements. Il  nous a donné « un message spécial » – un message de réforme qui nous appelle à restaurer, à préserver, et à suivre « la loi de Dieu ». Pour Ellen White, il s’agit du « dernier message d’avertissement au monde »(15).

 

(1) Joseph Lortz et Erwin Iserloh, Kleine Reformationsgeschichte, Herder, Fribourg-en-Brisgau, 1969, p. 25.

(2) Roland Bainton, Martin Luther, 4e éd., Vandenhoeck & Ruprecht, Göttingen, 1962, p. 54, 55.

(3) Katechismus der katholischen Kirche, Munich, 1993, § 1494-1498.

(4) Lortz et Iserloh, p. 41.

(5) Martin Luther, 27e thèse, cité par Ingetraut Ludolphy, Die 95 Thesen Martin Luthers, Evangelische Verlagsanstalt, Berlin, 1976, p. 23.

(6) Martin Luther, Luthers Schriften: Weimar Edition, Briefe, Metzler, Stuttgart, 2002, vol. 1, p. 111.

(7) Ludolphy, p. 20.

 

8 Martin Luther, Luthers Schriften: Weimar Edition, Metzler, Stuttgart, 2003, vol. 6, p. 204, 205. Malheureusement, Luther lui-même revint à la tradition ecclésiastique lorsqu’il pensa avoir découvert des éléments dans les dix commandements qui dépendaient de l’époque où ils furent donnés, décrivant le sabbat comme étant juif, lequel remontait pourtant à la création (Gn. 2.2,3). En même temps, il dut admettre que le culte du dimanche trouve son origine dans la tradition ecclésiastique – voir Der große Katechismus, Siebenstern, Munich, 1964, p. 37, 38. 9 Martin Luther, Luthers Schriften: Weimar Edition, Metzler, Stuttgart, 2003, vol. 12, p. 289.

(10) Ibid., vol. 10/III, p. 225, 226.

(11) Heinrich Bornkamm, Luthers Vorreden zur Bibel, Insel Verlag, Francfort-sur-le-Main, 1983, p. 179.

(12) Martin Luther, Luthers Schriften: Weimar Edition, Metzler, Stuttgart, 2006, vol. 39/I, p. 433.

(13) Ellen G. White, Patriarches et prophètes, p. 349.

(14) Martin Luther, Luthers Schriften: Weimar Edition, Deutsche Bibel, Metzler, Stuttgart, 2003, vol. 11/II, p 117.

(15) Ellen G. White, Évangéliser, p. 207.

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