Réveil et Reforme

Blog « Réveil et Réforme » de l'Église Adventiste du Septième Jour de l'île de La Réunion

La famille, l’Église et le verger de Dieu – 8ème jour

14 septembre 2019

La maitrise de soi

« Garde ton cœur plus que toute autre chose, car de lui viennent les sources de la vie ». (Proverbes 4.23)

Il s’agit maintenant d’apprécier la dernière tranche du fruit de l’Esprit : la maîtrise de soi ! Elle porte également le nom de tempérance. Dernière tranche et pas la moindre, car ce n’est pas l’aspect le plus facile du comportement chrétien. Si la liste des neuf composantes du fruit spirituel commence par l’amour et se termine avec la maîtrise de soi, c’est probablement pour dire que l’amour trouve aussi son prolongement dans la maîtrise de soi.

• Définir la maîtrise de soi

La maîtrise de soi est une force qui vient de l’intérieur !

Parler de la maîtrise de soi met chacun de nous dans l’obligation de parler de soi, de se mettre en face de soi. La maîtrise de soi est un passage obligé de l’expérience chrétienne, et elle trouve toute sa signification grâce à l’action du Saint-Esprit dans notre vie. Paul emploie le terme grec engkrateia, « être fort intérieurement », pour identifier cette neuvième facette de la vie pratique du chrétien. Ce terme est formé de en (prononcez enn) « en » ou « dans » et kratos
« robuste », « fort », « dominant ». Le verbe krateo porte donc le sens de « contrôler », « avoir un pouvoir sur », « posséder une maîtrise », « plier », d’où l’idée appliquée à un individu pour le qualifier de « fort », « tempérant », « continent », etc.
Un tel aspect de l’expérience spirituelle donne une dimension particulière au fruit de l’Esprit puisqu’elle est la seule qui concerne le croyant dans le rapport avec soi, avant de trouver son prolongement dans le rapport à autrui. L’ultime aspect du fruit n’est pas le moins appréciable, car il s’agit de cette force souhaitée ou produite par l’Esprit dans la vie de tout croyant, pour tenir fermement contre les tentations liées à certaines passions. La maîtrise de soi est la vertu de celui qui sait garder ses désirs, en particulier ses appétits sensuels, sous le contrôle de sa volonté certes, mais une volonté soumise au Saint-Esprit !

L’expression « maîtrise de soi » n’est pas fréquemment utilisée dans la Bible, mais elle est implicite dans plusieurs passages. Dans l’Ancien Testament, l’expression « maître de soi » ne se rencontre qu’une fois, dans Proverbes 25.28 : « Une personne sans maîtrise d’elle-même (littéralement « sans retenue pour son esprit ») est vulnérable, toujours sujette aux attaques et aux défaites ».

L’idée de la maîtrise de soi est beaucoup plus présente dans le Nouveau Testament. Dans la pensée grecque déjà, la notion de maîtrise de soi était une vertu essentielle. Platon, Aristote, les stoïciens, Philon, les Esséniens et d’autres considéraient déjà la maîtrise de soi comme une vertu cardinale. Aussi n’est-il pas étonnant que Paul aborde souvent ce thème important dans ses lettres, plus particulièrement dans son exhortation aux Galates(6).

Lorsqu’il s’adresse aux chrétiens de Corinthe, Paul emploie deux fois le verbe egkrateuomai, déjà utilisé dans la Septante(7).
L’apôtre utilise un concept familier à ses destinataires, dans un contexte grec. Dans la première épître, au chapitre 7 et au verset 9, il emploie ce terme dans le sens d’« abstinence » ou de « retenue » sur le plan sexuel, ce qui était le sens normal du mot dans le grec classique. Il presse ceux qui manquent de contrôle dans ce domaine de se marier. Dans ce même ordre d’idées, il conseille aux couples mariés de ne pas se priver de relations sexuelles, car le refoulement permanent pourrait conduire à l’adultère celui qui manquerait de maîtrise de soi (1 Corinthiens 7.5.). Le conseil de l’apôtre est de l’ordre préventif et non répressif. Il ne présente pas une interdiction, car même s’il y a interdiction, personne ne contrôle la liberté du croyant et son envie de transgresser l’interdit… Il invite à la maîtrise de soi dans un but pédagogique, son souci étant les bonnes relations du croyant avec ses semblables. On peut parler également de la tempérance, mais elle se rapporte essentiellement au domaine de la boisson alcoolisée, ce qui est confirmé par un autre terme grec nêphalios, mot qui dépasse le sens du terme de sobriété dans le comportement (Voir 1Timothée 3.2,3,11; Tite 2.2. L’apôtre exhorte à une attitude apaisante dans les rapports humains, tant dans la communauté de foi que dans la cité).

Une telle vertu (ou qualité de comportement) sied bien aux dirigeants de l’Église (Tite 1.8 ; 2 Pierre 1.6). La maîtrise de soi devient donc une nécessité très précise dans l’expérience spirituelle.

• Une question d’attitude

C’est dans les efforts qu’on mesure sa capacité d’aller loin !

Dans la première épître aux Corinthiens, la maîtrise de soi chez Paul s’apparente à une forme de discipline chez les sportifs. Il dit que « tous ceux qui combattent s’imposent toute espèce d’abstinences, et ils le font pour obtenir une couronne corruptible ; mais nous, faisons-le pour une couronne incorruptible. Moi donc, je cours, non pas comme à l’aventure ; je frappe, non pas comme battant l’air. Mais je traite durement mon corps et je le tiens assujetti, de peur d’être moi-même rejeté, après avoir prêché aux autres » (1 Corinthiens 9.25-27). Le croyant est soumis aux mêmes exigences que le sportif qui veut gagner une médaille ou une coupe. Mais attention, le croyant ne cherche pas à entrer dans le royaume de Dieu par ses propres moyens et il ne fait pas des efforts dans le seul but d’être récompensé par le don de la vie éternelle. Cette vie lui est offerte par le Christ et il l’accepte par la foi.

Fort probablement, Paul veut dire ici que le croyant est devant le défi de l’endurance, de la constance et de la résistance face aux multiples tentations de négligence, de confort ou même de transgression de l’interdit. L’envie de se reposer sur ses acquis guette tout croyant, de même qu’elle guette tout sportif se laissant aller à croire que de temps en temps il pourrait se passer d’entraînement, faire des écarts sur son alimentation ou encore négliger ses heures de sommeil… et être malgré tout pleinement performant(8).
Dans le texte cité plus haut, il compare la maîtrise de soi du chrétien à celle d’un lutteur. Cela implique de la discipline, de la lucidité et de la vigilance. Ne nous précipitons pas pour conclure que Paul prônait une vie rigide et austère, faite de privation ou de négation de soi. La maîtrise de soi n’est pas une négation de soi, ou une dépersonnalisation de l’individu, du croyant en particulier. Elle est une force pour l’homme et non une faiblesse : loin d’être aliénation ou privation de liberté amenant de la frustration, elle est source d’épanouissement à partir d’une réelle organisation des choix de vie !

• Qu’en est-il de notre conscience

Dieu est toujours audible pour ceux qui savent écouter…

La maîtrise de soi passe par une compréhension de ce que Dieu veut nous communiquer. Et nous avons besoin d’une conscience claire pour recevoir l’inspiration nécessaire afin de discerner le bien du mal et pratiquer la maîtrise de soi dans les situations qui l’exigent. De ce fait, il est important de distinguer la conscience en tant que phénomène mental lié à la perception et constructions mentales, comprenant la conscience du monde qui est en relation avec la perception du monde extérieur, des êtres vivants dans l’environnement et dans la société (autrui) et la conscience de soi et de ce qui se passe dans l’esprit d’un individu : perceptions internes (corps propre), aspects de sa personnalité et de ses actes (identité du soi, opérations cognitives, attitudes propositionnelles) et la conscience morale, touchant au respect de règles d’éthique.

Le terme conscience est donc susceptible de prendre plusieurs significations, selon le contexte de son utilisation, mais nous sommes mis devant cette réalité de communication entre le ciel et notre esprit. Il est communément accepté de faire une nuance entre la conscience psychologique, synonyme de lumière et la conscience morale, comprise comme une voix : la première nous « éclaire », tandis que la seconde nous « parle ». La conscience morale désigne en effet le sentiment intérieur d’une norme du bien et du mal qui nous dit comment apprécier la valeur des conduites humaines, qu’il s’agisse des nôtres ou de celles d’autrui.

Jean-Jacques Rousseau dit que c’est une sorte d’instinct, signe de notre liberté, pour peu qu’on l’écoute vraiment : « Conscience ! Conscience ! instinct divin, immortelle et céleste voix ; guide assuré d’un être ignorant et borné, mais intelligent et libre ; juge infaillible du bien et du mal, qui rends l’homme semblable à Dieu, c’est toi qui fais l’excellence de sa nature et la moralité de ses actions ; sans toi je ne sens rien en moi qui m’élève au-dessus des bêtes, que le triste privilège de m’égarer d’erreurs en erreurs à l’aide d’un entendement sans règle et d’une raison sans principe »(9).

 

La conscience est donc une sorte de centre névralgique moral, ce lieu de jugement, le for intérieur (littéralement le tribunal intérieur)(10). Il est fort intéressant de savoir que Dieu communique avec l’homme de manière personnelle, à un niveau qui dépasse la simple impression et qui s’apparente plus à l’intuition, la conviction, voire la foi lucide. Pour ma part, je définis la conscience comme un bon sens spirituel, c’est-à-dire une conscience éclairée par le Saint-Esprit. Mais attention, car l’esprit humain peut jouer des tours, rendant la conscience élastique, malléable à souhait. Cela se vérifie quand l’individu parvient à taire la petite voix qui éclaire son jugement moral et surtout quand il commence à nuancer les valeurs, en ne voyant plus le mal moral comme une menace ou comme incompatible à la volonté divine.
La conscience se tait lorsqu’elle est dominée par la subjectivité de nos penchants.

Une conscience non éclairée par la douce influence du Saint-Esprit est comme une boussole qui a perdu son aimant, ou un GPS qui a perdu le signal satellite.

La maîtrise de soi, ou la tempérance, doit donc passer par une conscience éclairée par la Parole de Dieu, une parole qui devient la voix de l’Esprit dans notre propre esprit.

• Une vie transformée

Toute rencontre avec Jésus-Christ produit un changement !

En parlant du comportement des croyants, Paul décrit sans hésitation l’attitude attendue de ceux qui suivent le Christ : « Du moment que vous êtes ressuscités avec le Christ, […] faites donc mourir ce qui, en vous, appartient à la terre : débauche, impureté, passion, désir mauvais et cette cupidité, qui est une idolâtrie. […] débarrassez-vous de tout cela : colère, irritation, méchanceté, injures, grossièreté sortie de vos lèvres ». (Colossiens 3.1-8)

Une vie transformée par le Christ est une vie équilibrée. Cela se verra dans les choix relationnels, les passions, les loisirs, dans la gestion des ressources financières. Vous voyez ici l’importance de la tempérance, n’est-ce pas ? Elle n’est pas facultative. Bien au contraire, l’apôtre la présente au cœur même de ce qui doit caractériser le témoignage de tous ceux qui ont adhéré aux enseignements du Christ.

Vient ici la nécessité de comprendre que la maîtrise de soi n’est pas innée. Visiblement, elle est don de Dieu par son Saint-Esprit, puisque c’est l’une des facettes du fruit de notre consécration. Il y a sans doute un appel à notre foi et à notre acceptation de laisser l’Esprit de Dieu agir en nous, sur nos pensées, nos paroles et nos actions, nous convaincant de la nécessité de gérer nos passions et nos désirs. Une telle chose n’est pas impossible et il y a en l’homme des ressources qui n’attendent qu’à être éveillées par la douce influence de l’Esprit. Pour cela, Dieu a mis en nous une force et non de la timidité, de l’amour et non de l’indifférence (2 Timothée 1.7).

Un don n’est utile et efficace que s’il est entretenu, exercé et soumis à la volonté du Seigneur. Ainsi, le chrétien développe, à l’instar d’un athlète, une discipline sur lui-même. Une fois de plus, cette discipline n’est pas le résultat d’un pouvoir autonome du chrétien, comme l’entendaient les philosophes grecs, mais un contrôle de soi comme fruit du pouvoir transformateur de l’amour de Dieu dans sa vie. Une telle expérience devient structurante car elle est également un lieu d’apprentissage.

• Une vie orientée

Connaître votre objectif donne une signification à votre vie !

Puisqu’il est en apprentissage, le chrétien porteur du fruit de l’Esprit ne marche pas au hasard. C’est pour cela qu’il est important de se fixer des objectifs dans la vie. L’itinéraire humain devient encore plus intéressant et épanouissant lorsqu’un individu sait où il va, ce qu’il veut faire et les moyens dont il dispose pour réussir.

Dieu n’a pas créé l’homme pour le laisser errer sans but sur la planète. Aujourd’hui, beaucoup de gens veulent connaître leur avenir et, pour cela, font appel aux astrologues, voyants et autres marabouts. Chacun y trouve son compte, mais est-ce là le meilleur moyen de connaître le sens de sa vie ? C’est ainsi que la Parole de Dieu ouvre d’autres perspectives à l’homme. Par la bouche du prophète Jérémie, Dieu dit : « Car je connais les projets que j’ai formés sur vous, dit l’Éternel, projets de paix et non de malheur, afin de vous donner un avenir et de l’espérance. Vous m’invoquerez, et vous partirez ; vous me prierez, et je vous exaucerai. Vous me chercherez, et vous me trouverez, si vous me cherchez de tout votre cœur. » (Jérémie 29.11-13)

Êtes-vous conscient qu’une vie sans Dieu n’a aucun sens ? Attention : je ne suis pas en train de dire que tous les croyants sont des privilégiés, connaissant le sens de la vie. Il y a de nombreux croyants qui vivent dans une sorte de routine ou qui se laissent vivre, entraînés par des habitudes ou des traditions, mais n’ont pas encore bien compris quel était le véritable objectif de leur vie. Mon point de vue est que le vrai sens de la vie se situe au-delà de tout ce qui peut constituer un bien-être sur la terre. Ne confondons pas bien-être matériel et sens de la vie. Réussir dans la vie n’est pas nécessairement réussir sa vie !

Posez des objectifs et faites tout pour les atteindre ! Demandez au Seigneur de vous éclairer sur le vrai sens de la vie, de votre vie et vous verrez votre histoire personnelle sous un jour nouveau. Vous observerez des changements, ce qui est propre à l’éclosion et au développement du fruit de l’Esprit.

Ne compliquez pas les choses simples : avoir un objectif est une forme de maîtrise de soi. C’est une sorte de conscience active de ce qui mérite d’être fait et comme l’on dit souvent, ce qui mérite d’être fait, mérite d’être bien fait.

Avoir un objectif vous aide à déterminer ce que vous êtes, ce que vous aimez et ce que vous n’aimez pas, ce qui doit être fait et ce qui ne doit pas être fait. Votre raisonnement est éclairé par l’action de l’Esprit en vous et vous apprendrez à évaluer ce qui est bon, juste, vrai et utile. Vous découvrirez la différence entre l’essentiel et le relatif, entre le prioritaire et le secondaire…

• La tempérance

Cette neuvième tranche du fruit de l’Esprit est un véritable défi, tant dans sa compréhension que dans son application.

Il ne s’agit ici ni de résignation ni de fatalisme. Développer un esprit de tempérance, ce n’est pas abandonner sa personnalité et vivre dans la négation de la nature humaine. C’est encore moins l’appel à la paresse ou à la passivité.

Être tempérant pour le chrétien est sans doute une question de soumission et d’obéissance. Notre nature nous pousse à nous mettre en avant, à donner priorité à nos désirs et à nos pulsions. Nous nous comportons plus souvent en réactifs qu’en actifs et cela n’est pas toujours structurant tant pour notre épanouissement personnel que pour les relations avec nos semblables.

La maîtrise de soi devient, par l’exercice spirituel, cette capacité à bien gérer sa vie sans se laisser entraîner par toutes sortes d’idées et de pulsions. Notez bien une chose : la tempérance n’est pas le refoulement, mais une gestion équilibrée de tout ce qui fait notre être.

La vérité promue par l’Esprit nous transforme. La vérité, portée par la Parole de Dieu, a le pouvoir de mettre en place un processus de croissance spirituelle, ce qui correspond à la sanctification, un terme assez technique peu utilisé dans le quotidien mais qui évoque tout simplement les aspects de notre apprentissage dans la sainteté, la conduite morale et la fidélité à notre engagement en tant que disciples de Jésus-Christ. Toutefois, la maîtrise de soi est un indice repérable dans l’expérience de la sanctification. D’ailleurs, c’est Jésus lui-même qui l’a demandé à son Père car il veut voir ses disciples progresser spirituellement : « Sanctifie-les par ta vérité. Ta parole est la vérité ». (Jean 17.17)

La sanctification produit la tempérance. C’est ainsi qu’un esprit transformé apprendra à faire des choix judicieux dans les loisirs, les plaisirs et autres divertissements. Un esprit transformé est un esprit sanctifié, visité par la vérité, et le Saint-Esprit veut certainement éclairer notre conscience par les enseignements que renferme la Bible.

Paul affirme que « les Saintes Écritures ont le pouvoir de communiquer la sagesse… elles sont inspirées de Dieu et utile pour éduquer le disciple dans la justice, afin que l’homme de Dieu soit accompli, équipé pour toute œuvre bonne ». (2 Timothée 3.15-17)

De ce fait, l’individu, confiant en Dieu, découvre que les Saintes Tritures n’ont pas leur pareil. Il ne s’agit pas ici de littérature ou de documents qui véhiculent peu de sens pour nous. Bien au contraire, la Parole de Dieu contenue dans la Bible a le pouvoir de transformer notre vie, ce qu’aucune parole ou promesse humaines ne sauraient faire. La force de la Parole de Dieu vient du fait que la Bible est plus qu’un manuel doctrinal. Puisque la Parole est à la base de la création de l’univers, elle génère la vie, crée la foi, suscite des élans de prière et d’adoration, produit des changements, fait trembler le diable, provoque des miracles, guérit des blessures, aide à gérer les émotions. Elle forge aussi les caractères, transforme les circonstances, transmet la joie, permet de triompher de l’adversité, vainc les tentations, ramène l’espérance dans notre cœur, déclenche la puissance divine, purifie nos pensées, amène à l’existence des choses qui ne sont pas et donne l’assurance de notre avenir éternel en Jésus.

Parvenir à la maîtrise de soi ne se fait pas par hasard. Nous avons besoin d’aide pour vaincre notre ego, notre fierté et l’orgueil qui trop souvent habille de nombreuses attitudes humaines. Pour réussir, il faut accepter l’aide que Dieu est disposé à nous apporter au quotidien, grâce à son Esprit agissant en nous et également grâce aux nombreux conseils et promesses présents dans la Bible.

• Vaincre les mauvaises habitudes

Ainsi, la tempérance devient possible quand l’individu prend ses distances des habitudes ou de pratiques qui ne sont pas compatibles avec la Parole de Dieu. Il lui appartient d’accepter que l’Esprit le transforme pour discerner la vérité du mensonge, le bien du mal. Un tel exercice l’éloignera de tout sectarisme ou du légalisme dans lesquels trop de croyants se sont laissé enfermer, au cours des siècles. La tempérance trouve toute sa signification et sa raison d’être lorsqu’elle est positive, optimiste et épanouissante.

Quelles sont vos mauvaises habitudes, même dans ce que vous estimez inoffensif, pas grave, personnel, traditionnel, culturel ? Est-ce que tout peut passer par la tranche du fruit spirituel ou est-ce que certaines habitudes sont tellement intimes que même Dieu n’a pas votre accord pour y mettre de l’ordre ?

Est-ce que votre église locale ou même votre fédération aurait pris de mauvaises habitudes et les ont érigées en principes et cela a besoin d’être revisité par le Saint- Esprit ? Faites preuve de bon sens spirituel : ne bloquez pas la route au Saint-Esprit de Dieu, ne lui fermez pas la porte de votre cœur sinon vous vous priverez de belles bénédictions de croissance. Or, le fruit de l’Esprit requiert aussi de la maîtrise de soi, cette force tranquille qui demande de l’humilité et de la consécration. Laissez-vous conduire par l’Esprit : il conduit mieux que vous !

Gardons-nous de toute méprise sur la question de la tempérance ou de la maîtrise de soi. Tempérance ne signifie pas abstinence et austérité. Tempérance ne signifie pas renoncement ou résignation. Tempérance ne signifie pas ascèse ou ermitage. Pas de fanatisme non plus, surtout en matière alimentaire ou vestimentaire. On peut être tempérant et joyeux, détendu, aimable et accueillant. Le chrétien tempérant ne sera jamais intolérant et critique, jugeant le comportement des autres et se permettant de dire qui sera sauvé ou non…

La maîtrise de soi emprunte nécessairement le chemin de l’humilité. C’est cette dernière qui transforme peu à peu notre cœur, le disposant de plus en plus à la réalité divine dont il se nourrit. Pour que cette tranche du fruit spirituel soit visible, une œuvre intérieure doit se faire dans la vie de tout chrétien.
La pureté du cœur, faite d’humilité et de bonté, ne peut être obtenue que par une lutte persévérante contre soi-même, contre l’orgueil, la propre suffisance, et cette volonté propre en laquelle il lui plaît tant de s’affirmer. Une telle lutte ne saurait ressembler à celle d’un sportif triomphant dans une compétition grâce à ses ressources physiques et son talent. La maîtrise de soi ne devient possible qu’en imitant le Christ. Il est le modèle auquel chaque croyant doit se conformer. Jésus-Christ a remporté la victoire à la croix, sous des apparences de défaite ou de faiblesse, par l’acceptation du renoncement à soi, de la souffrance et même de l’humiliation (Voir Ésaïe 53 ; Philippiens 2.5-8, etc.).

Le croyant apprend ainsi à mettre de l’ordre en lui-même, à dominer ses passions et ses tentations d’éloignement de l’itinéraire de foi et d’espérance que Dieu lui propose. C’est probablement là le véritable défi car, en tant qu’humains, nous aimons dominer les situations, cherchant à tout maîtriser pour notre confort ou pour concrétiser nos envies les plus variées. Ainsi, nos priorités changent. Le regard porté sur autrui change également, tout simplement parce que nous ne cherchons pas notre propre intérêt. Une telle démarche est empreinte de la dynamique du fruit de l’Esprit.

Regardez la société contemporaine dans laquelle nous investissons du temps, de l’argent et de l’énergie. Vous conviendrez avec moi qu’il faut savoir se maîtriser pour ne pas se laisser emporter par tous les courants. Notre monde, malade de lui-même, de ses manques, de ses négligences et de ses contradictions, crie de toutes ses forces qu’il y a une sorte de saturation, de trop plein et qu’il faut savoir « lever le pied », ralentir la course effrénée à la consommation, arrêter de dépouiller la nature, d’épuiser les richesses naturelles de la planète…

La maîtrise de soi (ou la tempérance) devient davantage un besoin qu’un défi. Il y a des choses pour lesquelles certaines personnes n’ont aucun problème : l’alcool, le tabac, la drogue, un type d’alimentation, la médisance, les envies de tricher ou de voler, etc. Dans ces cas précis, c’est l’abstinence totale. Pour d’autres personnes, c’est un peu plus difficile et c’est un véritable combat contre l’addiction sexuelle, la pornographie, la toxicomanie, l’alcoolisme, les jeux vidéo, les jeux d’argent, et autres vices… Il est certain que l’homme ne peut s’en sortir tout seul, trop souvent subtilement dominé par la convoitise et l’orgueil. Pour revenir en arrière, sur ce qu’il a considéré comme des progrès, il lui faut du courage et de l’abnégation. De l’humilité aussi. Vous n’imaginez pas que la reine Elizabeth II d’Angleterre quitterait facilement Buckingham Palace pour habiter un appartement de trois pièces, n’est-ce pas ! Cela ne se fait pas par un simple claquement de doigts. Le croyant qui rencontre le Christ est souvent mis devant des choix terribles mais jamais insurmontables, parce que le même Christ lui donne l’assurance de la victoire. La maîtrise de soi passe par la patience et la capacité de se remettre en question, même s’il y va un peu de notre dignité, de notre confort matériel et affectif.

 

Conclusion

La maîtrise de soi est probablement le plus beau défi propre au fruit de l’Esprit… Elle n’est pas quelque chose de facile, sauf en théorie. Il y a une véritable éducation à faire et seul le Seigneur est en mesure de nous aider à vaincre nos passions, nos pulsions, nos angoisses, nos luttes intestines, c’est-à-dire tout ce qui pourrait nous empêcher d’entretenir une relation saine et sainte avec Dieu et avec nos semblables. Il ne faut pas avoir la prétention qu’en un clin d’œil nous ferons disparaître toutes les tentations qui nous assaillent jour après jour. Face à certaines tentations, notre foi nous amène à l’abstinence totale sur tout ce qui nuirait à notre engagement, tout ce qui nous éloignerait de l’alliance avec Jésus-Christ. Mais la maîtrise de soi est également synonyme de tempérance et c’est un apprentissage quotidien.

Un tel équilibre de vie ne se situe pas dans le manque, la privation, l’austérité ou la frustration. Il n’est pas non plus dans la gourmandise, la satiété, la consommation sans modération. La tempérance est un regard lucide et maîtrisé, devant tous les possibles et les mille sollicitations de la vie sur terre…

Si vous acceptez le principe même de la tempérance ou de la maîtrise de soi, demandez au Seigneur de vous aider à l’appliquer dans votre vie. Cherchez trois personnes de votre entourage pour en discuter et en faire un vrai sujet de prière. Partagez un fruit avec elles, comme un signe de modération, de stabilité, de tempérance. Cela pourrait changer bien des choses dans votre cercle familial et dans votre église. Le Seigneur veut voir cette tranche du fruit spirituel dans son verger…

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