Réveil et Reforme

Blog « Réveil et Réforme » de l'Église Adventiste du Septième Jour de l'île de La Réunion

Jour 4 – La justice : Une affaire pratique

7 novembre 2017

La justice : une affaire pratique
La justification…et après?

La foi seule justifie, mais elle n’en reste pas là.
Suite au témoignage courageux de Martin Luther à l’empereur, aux princes, et aux théologiens le 18 avril 1521, témoignage au cours duquel il refusa de se rétracter d’aucune de ses positions, l’entourage espagnol de l’empereur cria : « Le bûcher pour lui ! »
Luther leva les bras et s’écria :
« J’ai déjà passé par le feu, j’ai déjà passé par le feu. »

Une illustration frappante de la justification par la foi

« Voici, toutes choses sont devenues nouvelles. » 2 Co 5.17, LSG(1)
Dans l’histoire de la Réforme, cet événement dramatique fournit une illustration frappante de la signification de la justification par la foi. Luther, courageusement, tint bon devant le tribunal, mais il ne fut pas acquitté. Par contre, au tribunal de Dieu, les croyants sont acquittés en raison de l’œuvre salvatrice du Christ. Par la foi, nous ne venons pas en jugement, mais nous « [sommes passés] de la mort à la vie » (Jn 5.24).

Il y a donc une grande différence  entre le jugement humain et  le  jugement divin : un juge humain ne peut qu’acquitter, mais le juge divin, lui, peut recréer. L’acquittement que Dieu accorde est un jugement créatif qui transforme l’être naturel en être spirituel : justifiés par la foi, les croyants deviennent véritablement justes ! Pour le réformateur,

la justification et une vie juste réunies signifiaient « la justification dans son sens le plus large »(2).
Aujourd’hui, on parle de « justification » (pardon des péchés) et de « sanctification » (victoire sur les péchés).

Pour Ellen White, la « vie chrétienne [est] une vie de foi, de victoire et de joie en Dieu »(3). Ainsi, une vie nouvelle, miraculeusement, commence(4).

Par la foi,  nous  nous  emparons de Jésus et nous soumettons au règne céleste. Christ et le Saint-Esprit nous insufflent une vie spirituelle vibrante, dynamique – fruit et témoignage même du salut que nous avons reçu. Nous vivons désormais pour la gloire de Dieu et le bien des autres, parce que la foi est, comme le dit le réformateur, « une œuvre divine en nous qui nous transforme et nous permet de naître de Dieu (Jn 1.13) ».

La foi « tue le vieil Adam, change notre cœur, nous redonne courage, renouvelle notre esprit et nos capacités, et s’accompagne du Saint-Esprit. Dans la foi, il y a quelque chose de vivant, d’industrieux, d’actif, de puissant, si bien qu’il est impossible de ne pas faire   le bien continuellement. De plus, la foi ne demande pas s’il faut faire de bonnes œuvres, mais avant même qu’on ne le demande, elle a déjà produit de bonnes œuvres et poursuit ainsi. »(5)

Une marche qui honore Dieu

« Afin que […] nous aussi nous mar- chions en nouveauté de vie. » (Rm 6.4)
Bien que cette nouveauté de vie soit, en réalité, une conséquence du salut reçu par la foi, elle est néanmoins nécessaire pour que la vie chrétienne soit crédible. Dans son œuvre de salut, Dieu vise non seulement à nous pardonner, mais aussi à nous transformer.

Dès que nous croyons en Jésus, nous devenons justes. Mais la sanctification est un processus qui se poursuit toute   la vie. Par ce processus, le règne du Christ commence dans la vie du croyant. Il représente, comme le dit Luther, « le commencement d’une nouvelle création »(6). Christ justifie d’abord les croyants ; ensuite, jour après jour, il initie en eux une vie de piété dirigée par le Saint-Esprit.

La vie chrétienne [est] une vie de foi, de victoire et de joie en Dieu.

–  Ellen G. White

Dieu travaille avec les pécheurs comme « le bon Samaritain », lequel sauva la vie d’un homme que des brigands avaient détroussé. Tout comme le Samaritain qui n’hésita pas à aider un Juif, Dieu ne répugne pas à aimer ceux  qui vivent loin de lui (Rm 5.8). Son intention ultime est de les sauver (v. 10).

Et tout comme le Samaritain qui fit tout ce qu’il pouvait et paya les frais des soins administrés au blessé, ainsi « Dieu en Christ » a « tout fait et tout payé » pour nous réconcilier avec lui et faire  de nous une nouvelle créature en lui (voir 2 Co 5.17,19,21).

La victime des brigands avait besoin de temps pour guérir. Ainsi en est-il des pécheurs. Il leur faut croître (2 P 3.18).Même si le pardon a été reçu, même si une vie nouvelle a déjà commencé, le péché est encore en eux (Rm 7.17) et autour d’eux (1 Jn 5.19).

Grâce à l’action du Saint-Esprit, le péché ne règne plus dans leur vie. Il a, en fait, été maîtrisé (Ga 5.16). Néanmoins, les croyants ne sont pas exempts de la bataille avec le péché (v. 13). Appelés à remporter cette bataille (1 Jn 2.1), nous sommes réconfortés de savoir que le par- don de Dieu, loin d’être un événement isolé, est continuellement offert à ceux  qui se repentent (v. 1 ; He 7.25).

Luther a décrit de façon frappante cette tension entre le désir d’être juste devant Dieu et la lutte avec le péché ici- bas. La sanctification est progressive  et ne sera complétée qu’au « jour bien-aimé du jugement » : « Ce qu’il faut, par rap- port à la vie, c’est non d’être pieux mais de devenir pieux, non d’être en santé mais de devenir en santé, non d’être, mais de devenir, non de se reposer mais de faire de l’exercice. Nous n’avons pas encore atteint le but, mais nous le poursuivons. Tout n’a pas encore été dit et fait, mais tout est en cours. Ce n’est pas la fin, mais c’est le chemin.» (7) Or, il entre dans le plan de Dieu que « jour après jour, nous nous sanctifiions davantage »(8).

On retrouve dans les écrits d’Ellen White une pensée semblable : la sanctification « est l’œuvre d’une vie », l’expérience « de toute une vie ». La lutte contre le péché est « une œuvre quotidienne », mais « la foi », elle, donne la victoire – et ce, même si notre lutte persiste tant et aussi longtemps que nous sommes vivants sur la terre(9).

L’amour en action

« La foi […] agissante par l’amour. » (Ga 5,6)

Ce que nous déclarons, c’est que tant la justice de Dieu que la vie nouvelle dé- pendent de la foi en Christ. Pour l’apôtre Paul, cette foi se manifeste par l’amour, et l’amour se manifeste par des actes.

Pour comprendre ce que les croyants reçoivent dans le don de la justification et de la sanctification, on a parfois comparé la justification à un billet de 100 dollars qu’un père donne à son fils. Le fils ne garde pas le billet pour lui-même ; il va le changer en plus petites coupures pour faire du bien : c’est la sanctification, ou dans les termes de Luther : « Alors, pour un tel Père qui m’a inondé de ses inestimables richesses, pourquoi ne pourrais-je libre- ment, joyeusement,  de  tout  mon  cœur, et d’un zèle consenti, faire tout ce que je sais qui lui plaira et sera acceptable à ses yeux ? Par conséquent, je me donnerai moi-même, comme une sorte de Christ, à mon prochain, comme Christ s’est donné lui-même pour moi ; et je ne ferai rien dans cette vie, excepté ce que je considérerai utile, avantageux, et salutaire pour mon prochain, puisque par la foi, j’abonde en toutes bonnes choses en Christ(10). »

 

1 Sauf mention contraire, toutes les citations des Écritures sont tirées de la version Segond, dite à la Colombe.

2 Althaus, Die Theologie Martin Luthers, Gütersloher Verlag, Gütersloh, 1975, p. 205.

3 Ellen G. White, La tragédie des siècles, p. 519.

4 Martin Luther, Luthers Schriften: Weimar Edition, Metzler, Stuttgart, 2006, vol. 39/I, p. 98.

5 Cité de Heinrich Bornkamm, Luthers Vorreden zur Bibel, Insel Verlag, Francfort-sur-le-Main , 1983, p. 182.

6 Luther, p. 83.

7 Martin Luther, Luthers Schriften: Weimar Edition, Metzler, Stuttgart, 2003, vol. 7, p. 337.

8 Martin Luther, Luthers Schriften: Weimar Edition, Metzler, Stuttgart, 2006, vol. 40/II, p. 355.

9 Ellen G. White, Conquérants pacifiques, p. 500 ; Messages à la jeunesse, p. 112 ; La tragédie des siècles, p. 512.

10 First Principles of the Reformation or The 95 Theses and the Three Primary Works of Dr. Martin Luther, éd. Henry Wace et A. Buchheim, John Murray, Londres, 1883, p. 127.

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