« Notre cœur ne brûlait-il pas au dedans de nous, lorsqu’il […] nous expliquait les Écritures(1) ? »
Félix H Cortez
Suite à la mort de Jésus sur la croix, les disciples furent saisis d’un profond découragement. C’est, à mon avis, l’une des choses les plus étonnantes qui soient consignées dans la Bible. Et à bien y penser, il y a de quoi être très surpris !
En effet, au cours de son ministère terrestre, Jésus avait prévenu ses disciples à maintes reprises de sa mort et de sa résurrection(2). Malgré ce langage clair et explicite, la croix les prit par surprise… Et à la nouvelle de la résurrection du Seigneur, ils affichèrent une incrédulité déconcertante ! Comment expliquer de telles réactions de leur part ?
Quand j’y pense, leur incrédulité me trouble, car j’ai l’impression que je pourrais réagir, moi aussi, exactement comme eux. Cependant, j’ai une bonne nouvelle : il est inutile qu’il en soit ainsi ! Sur le chemin d’Emmaüs, Jésus a montré comment nous devrions lire les Écritures.
AVOIR FOI EN LA PAROLE DE DIEU
Les disciples ne comprenaient pas, dit Jésus, parce qu’ils n’avaient pas cru (Lc 24.25). La foi en la Parole de Dieu est le premier pas vers la compréhension (He 11.3).
Certains lecteurs de la Bible s’en remettent à l’Église ou à ses dirigeants. Ils sont heureux de les laisser réfléchir à leur place et de se faire expliquer les Écritures. Certains parmi eux le font par simple commodité ; d’autres pensent que la Bible a une sorte de signification « spirituelle » ou « secrète » que seuls quelques privilégiés peuvent comprendre. C’est sur un tel concept que se fonde l’allégorie.
Par exemple, Bernard de Clairvaux, un abbé français du 12e siècle, a écrit un sermon ayant pour thème les « dents » de l’épouse citée dans Cantiques des cantiques 4.2. Selon lui, les dents de cette femme représentaient les moines d’ordre supérieur et d’ordre inférieur dans un monastère. Si son sermon est fascinant, en revanche, il n’a absolument rien à voir avec la signification originale de Cantique des cantiques 4.2 !
Un phénomène semblable se produit aujourd’hui lorsque des prédicateurs interprètent les Écritures en s’écartant de la signification originale du passage. L’allégorie nous en dit davantage sur l’ingéniosité des interprètes et sur ce qu’ils veulent bien faire dire au passage plutôt que sur son véritable sens. L’allégorie nous amène à placer notre confiance en les êtres humains et à les exalter.
Mais la Bible dit que Dieu a donné sa Parole à tout le monde, et que tous peuvent la comprendre – même les enfants (Mt 11.25,26 ; Jn 7.17 ; 2 Tm 3.14-17) !
D’autres lecteurs se confient en la raison humaine. Cependant, Dieu nous a donné la capacité de raisonner. Il veut que nous l’utilisions dans notre relation avec lui (voir Es 1.18). Pour certains, toutefois, la raison neutralise la puissance de la Parole de Dieu. Lorsqu’une affirmation biblique ne satisfait pas la logique humaine, ils la mettent de côté telle une erreur qui, d’une façon ou d’une autre, s’est glissée dans la Bible. Mais Dieu est plus grand que notre capacité de le comprendre ! Quoi qu’il en soit, nous devons lui faire confiance (Mt 22.29- 32 ; voir 1 Co 1.18-25)
D’autres encore se confient en eux- mêmes. Ils lisent un texte biblique en oubliant le contexte et l’intention originale du passage, si bien qu’ils se constituent involontairement en facteur déterminant de l’interprétation.
Par exemple, Jésus « [nous] a laissé un exemple, afin que [nous suivions] ses traces », lisons-nous dans 1 Pierre 2.21 (SER). Que veut dire l’apôtre ici ? Pris hors contexte, ce passage pour- rait signifier que nous devrions porter le même genre de vêtements que Jésus portait, être célibataire comme lui, et autres choses semblables, selon ce que l’interprète souhaite dire.
Cependant, le contexte de ce pas- sage est clair. Dieu nous dit que nous ne devons pas « pécher », « proférer des injures », ou « menacer » lors- qu’on nous maltraite. Lorsque nous faisons fit du contexte des Écritures, nous prétendons automatiquement que nous sommes un facteur déterminant de l’interprétation.
Enfin, d’autres abandonnent la foi. Frustrés par la diversité des interprétations, ils en viennent à croire que personne n’a la vérité. Mais selon les Écritures, Dieu nous a donné le Saint-Esprit pour nous guider « dans toute la vérité » (Jn 16.13).
Notre Père désire que nous mettions notre foi en lui, pas en l’Église, ni en ses dirigeants, ni dans la raison humaine, ni même en nous-mêmes, parce que nous sommes tous faillibles.
LIRE TOUTES LES ÉCRITURES
Pourquoi la mort de Jésus sur la croix prit-elle les disciples par surprise ? Entre autres raisons, parce qu’ils n’avaient pas lu « toutes » les Écritures. Ils s’étaient plutôt focalisés sur les sections de la Bible qu’ils affectionnaient. Les disciples aimaient le titre « Fils de l’homme » parce qu’il identifiait Jésus avec le personnage céleste de Daniel 7.13,14, lequel recevrait la domination et un royaume qui ne serait jamais détruit.
Mais les Écritures disaient aussi que le Messie mourrait pour nos péchés (Es 53) et serait retranché (Dn 9.26). Les disciples ne comprenaient pas ces passages, ni les avertissements de Jésus, parce qu’ils allaient à l’encontre de ce qu’ils avaient toujours cru, et à l’encontre de leurs propres désirs. Ils n’avaient pas d’« oreilles pour entendre ».
En revanche, « commençant par Moïse et par tous les prophètes, [Jésus] leur expliqua dans toutes les Écritures ce qui le concernait » (Lc 24.26). C’est ce que nous devons faire ! Lire « toutes les Écritures », c’est demander à Dieu de nous donner « des oreilles pour entendre » la totalité des Écritures – même les passages que nous préférerions ne pas être vrais ou que nous n’aimons pas.
METTRE EN PRATIQUE LES ÉCRITURES
L’obéissance est la dernière étape pour comprendre les Écritures. Ceux qui veulent faire la volonté de Dieu connaîtront la vérité (Jn 7.17). C’est ce qui se produisit avec les disciples sur le chemin d’Emmaüs. Lorsqu’ils pressèrent Jésus de rester avec eux – ce qui suggérait qu’ils avaient accepté son message et voulaient en savoir davantage – « leurs yeux s’ouvrirent, et ils le reconnurent » (Lc 24.31).
Le contraire est également vrai. À la fin des temps, ceux qui « n’ont pas reçu l’amour de la vérité » seront trompés (2 Th 2.9-12 ; 2 Tm 4.3,4).
La compréhension n’est pas un lieu fixe auquel on arrive, mais un cheminement que l’on entreprend. L’intimité avec Dieu résulte d’une vie où l’on prend des risques pour suivre ses conseils, et de la certitude que sa Parole est véritable et que ses promesses sont certaines. Dès que les disciples auront fait cette expérience, à l’instar des disciples sur le chemin d’Emmaüs, ils ne pourront rester silencieux.
(1 )Lc 24.32.
(2) Première prédiction : Marc 8.31 et les versets parallèles. Seconde prédiction : Marc 9.31 et les versets parallèles. La troisième se trouve dans le dernier voyage à Jérusalem : Marc 10.32-34 et les versets parallèles. Voir aussi Jean 12.23,27 ; 13.1 ; 16.4,21,32 ; 17.1.